Enfants isolés à l’école : des établissements installent un "banc des copains"
L’école est un milieu complexe, composé de différents espaces et de nombreux acteurs. Les parents pensent souvent que leurs enfants passent la majorité de leurs journées en classe, avec leur instituteur ou institutrice. En réalité, les contextes sont beaucoup plus variés, et surtout, une grande partie du temps est passée à jouer et à socialiser dans la cour de récréation. Selon les jours et les écoles, ce temps est même parfois comparable au temps passé en classe à étudier. Toutes sortes de dynamiques sociales se reproduisent dans ce moment peu partagé avec les adultes : certains attendent que leurs camarades les intègrent à leurs jeux, d’autres sont à l’initiatives et organisent les jeux et les participants, et d’autres déambulent seuls pendant toutes les “récrés” en attendant le retour en classe. Pour éviter que certains vivent mal ces moments, et pour diffuser les bonnes pratiques de camaraderie à l'école, l’initiative du “banc des copains”, importée de l’étranger, commence à gagner popularité en France.
Éviter que les enfants subissent la solitude avec “un banc des amis”
Dès la maternelle, les enfants peuvent avoir du mal à "trouver des copains” pour jouer, et cette solitude peut être difficile à vivre pour certains. Remarquer qu'un élève se sent seul est un tout petit pas pour commencer à briser le tabou du bien-être mental des enfants. Il y a plus d’une dizaine d'années, aux États-Unis, suite à un déménagement, une élève a eu l’idée d’installer un banc de l’amitié dans son école. Le principe est de désigner un banc sur lequel ceux qui n’osent pas approcher les autres, ou qui se sentent seuls, peuvent s'asseoir pour que les plus extravertis ou socialement sécurisés puissent leur tendre la main. Ce dispositif a déjà été le sujet d’une étude menée auprès d’élèves du primaire, qui valide son efficacité, et recommande l’introduction d’un banc des amis comme un mécanisme efficace pour entraîner plus d’interactions sociales. Selon l'étude en question, entre 19 % et 24 % des élèves auraient eu un comportement moins solitaire une fois le banc de l’amitié mis en place.
Une occasion d’apprendre l’empathie à l'école, et d’éviter le harcèlement
Alors que la question du harcèlement scolaire a tardé à être prise en compte en France, elle inquiète désormais toute la société : 85 % des parents d’élèves sont inquiets à l’idée que leur enfant soit victime de harcèlement, et 93 % des répondants à un récent sondage de l’IFOP attendent plus des pouvoirs publics pour éviter que le phénomène ne prenne de l’ampleur. Enseigner l’empathie aux élèves est essentiel, car cette qualité permet de combattre l’isolement de certains, un problème qui continue de hanter de nombreuses écoles. L'empathie évite aussi de futurs épisodes de harcèlement au collège, où l’intimidation est plus répandue, et donne l’occasion aux élèves de devenir plus réceptifs et compatissants entre eux. Pour encourager cela, lorsque les enseignants voient des élèves s’approcher d’un camarade de classe qui s’est assis sur le banc, ils les félicitent. Selon Nicole Catheline, experte des pathologies liées à la scolarité, l'école française n’a pas été conçue pour favoriser le développement de l’enfant. “On pense que les brimades n’ont rien d’anormal, car les gamins sont méchants entre eux, que c’est la vie, qu’il faut apprendre à se défendre ou qu’on est passé par là et qu’on n’en est pas mort.” Cependant, la socialisation des enfants doit être prise au sérieux pour instaurer une véritable culture contre le harcèlement.
Les bancs des amis à l'école favorisent aussi la mixité
Différentes écoles françaises ont déjà expérimenté ce moyen de sensibilisation, et ont confirmé l'utilité de ces initiatives pour éduquer les enfants et leur apprendre à accepter, intégrer les autres et à promouvoir un environnement rassurant, respectueux et responsable. En 2020, la ville de Plaisir dans les Yvelines a équipé, par exemple, 27 écoles de « bancs de l’amitié » pour combattre la solitude des écoliers. La commune d'Hem, près de Roubaix, espère aussi promouvoir l'égalité et combattre le sexisme avec les bancs de l'amitié, en remplaçant une partie du terrain de football par des bancs de l'amitié qui ont pour but d’encourager les discussions entre filles et garçons.
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