Nicolas Hulot veut "éveiller les consciences" pour sauver la biodiversité
Nature empoisonnée, sols bétonnés, hécatombe d'abeilles ou d'oiseaux... Nicolas Hulot présente vendredi à Marseille des pistes pour tenter de préserver une biodiversité en danger, avec un objectif: "un changement d'échelle" pour porter ces questions au niveau des enjeux climatiques.
L'ancien militant a choisi la cité phocéenne pour lancer sa stratégie nationale de mobilisation pour la biodiversité, qui doit aboutir en juillet à un plan interministériel pour protéger un patrimoine français particulièrement riche, avec plus de 16.500 espèces endémiques (à 80% en outre-mer).
Vers 09H00, il a embarqué sur le Vieux-Port pour une visite des îles du Frioul: le parc national des Calanques est un "bon exemple de l'envie d'impliquer la société sur la biodiversité", a souligné un porte-parole.
En pratique, le ministre de la Transition écologique va donner le coup d'envoi d'une "grande consultation" sur le sujet, avec un site internet dédié, selon son porte-parole. Le but: "Eveiller les consciences".
"C'est vraiment un sujet que je veux faire monter au même niveau que l'enjeu climatique", a commenté M. Hulot auprès de la presse: "On va lancer toute une initiative sur la biodiversité, et surtout lancer tout un calendrier diplomatique international qui va jalonner les trois prochaines années". "Nous allons accueillir notamment l'an prochain un G7 en France dont le sujet principal sera la biodiversité: c'est un changement d'échelle", a-t-il ajouté.
- "Honte" -
La biodiversité "très sincèrement, tout le monde s'en fiche, à part quelques-uns", s'était emporté le ministre en mars, avouant devant les députés sa "honte" de la responsabilité des hommes dans la disparition de la faune et de la flore.
"L'idée est que la France prenne sa part de responsabilité, qu'on protège les écosystèmes, qu'on arrête d'empoisonner la nature, qu'on arrête d'artificialiser les sols", a-t-il expliqué cette semaine, évoquant "un certain nombre d'outils réglementaires".
L'artificialisation des sols a fait perdre depuis 2006 à l'agriculture et aux milieux naturels une surface équivalente au département de la Seine-et-Marne, selon l'Observatoire national de la biodiversité.
Si le futur plan dessiné d'ici l'été ne contient "rien ou des choses insuffisantes, ou sans moyen, ce serait un problème", a commenté Jean-David Abel, de l'ONG France Nature Environnement.
La FNE, comme d'autres associations, réclame également des réformes du modèle agricole, notamment la réduction de l'utilisation des pesticides, néfastes pour les insectes et par répercussion pour les oiseaux qui s'en nourrissent. En mars, une étude choc du CNRS et du Muséum d'histoire naturelle avait montré un déclin "vertigineux" des oiseaux des campagnes.
- "Du discours aux actes" -
"C'est le révélateur d'une situation extrêmement grave, qui in fine met en péril non seulement la chaîne alimentaire mais sans doute aussi la présence de l'espèce humaine sur la planète", a déclaré à l'AFP Michaël Weber, président de la Fédération des parcs naturels régionaux de France.
"Il est urgentissime d'agir aujourd’hui avec des politiques volontaristes", a insisté l'élu local de Moselle, qui a lancé récemment avec d'autres responsables d'espaces protégés un appel à passer "du discours aux actes".
Mais alors que certaines mesures réclamées empiètent sur d'autres ministères, certains s'interrogent sur les marges de manoeuvre de Nicolas Hulot qui a relancé cette semaine les spéculations sur son avenir au gouvernement en annonçant qu'il ferait le point cet été sur sa capacité à mettre en place la "transformation sociétale" qu'il souhaite.
Sans attendre le plan, Nicolas Hulot s'est penché depuis un an au chevet de deux espèces emblématiques: le loup et l'ours. Il a notamment récemment annoncé la réintroduction cette année de deux nouveaux plantigrades dans les Pyrénées, décision attendue depuis des années par les ONG mais dénoncée par les éleveurs.
Alors que certains observateurs regrettent que la biodiversité ait été un peu laissée de côté face au climat, une réunion majeure de l'ONU est prévue en Chine sur le sujet en 2020.
Dans cette optique, la France espère faire entendre sa voix grâce au sommet du G7 qu'elle présidera en 2019. Et peut-être en 2020 au congrès de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), connue pour sa liste rouge des espèces menacées: Marseille est la seule ville candidate pour l'organiser.
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