Nuit de la solidarité à Paris : compter et écouter les sans-abri pour trouver des réponses
Dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16, plus d'un millier de Parisiens volontaires vont participer à la Nuit de la solidarité. Une opération qui a pour but de dénombrer les personnes dormant dans la rue dans la capitale.
Répartis dans les différents arrondissements de Paris, 350 équipes de trois à cinq personnes dont un professionnel du social iront à la rencontre des sans-abri, munies d'un questionnaire. Si la personne dort ou ne souhaite pas répondre, ils se contenteront de noter sa présence. Si elle accepte, ils l'interrogeront sur son parcours, ses possibilités d'hébergement, ses démarches auprès du 115 et les réponses reçues.
L'expérimentation a déjà été menée dans des villes comme New York ou Athènes. Et si l'adjointe à la maire de Paris Dominique Versini défend une mesure au but solidaire et non politique, elle devrait répondre de fait à de récentes déclarations polémiques.
Celles de Julien Denormandie qui estimait fin janvier -avant le déclenchement du plan grand froid- que seulement "une cinquantaine d'hommes isolés" dormaient dans la rue en Ile-de-France. Un chiffre basé sur les réponses négatives du 115 mais qui ne reflète pas la réalité.
Voir: Un ministre l'assure: seulement "50 personnes" dorment dans la rue en Île-de-France
Par la suite, le député LREM de Paris Sylvain Maillard avait maladroitement tenté d'expliquer ce chiffre en déclarant notamment que "certains SDF ne souhaitent pas être mis à l'abri (…), c'est leur choix".
L'idée de la Nuit de la solidarité est antérieure à ces déclarations. Mais elle doit permettre d'obtenir des chiffres plus proches de la réalité, et que tous les acteurs savent bien plus élevés. Mais elle a aussi pour but d'en savoir plus sur les relations entre sans-abri et services sociaux.
Car la question de la "confiance" des SDF envers le 115 est un réel enjeu. Certains n'arriveraient tout simplement pas à joindre un interlocuteur. D'autres n'essaieraient même plus d'appeler ou refuseraient d'aller dans les centres, ce qui fausse également des chiffres basés sur les démarches des demandants.
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La RATP, la SNCF et l'AP-HP se joindront aux opérations pour établir la photographie la plus précise possible, même si certains lieux comme les parkings ne pourront pas être visités. Les zones les plus sensibles comme le bois de Boulogne seront réservées à des équipes de professionnels.
Cette nuit de la solidarité a vocation à devenir annuelle et de "nous dire s'il faut aller plus loin que le plan grand froid", explique Dominique Versini qui défend la recherche de solutions durables plutôt que le recours à des mesures d'urgence qui souvent durent.
Celle qui a été secrétaire d'Etat des gouvernements Raffarin 1 et 2 après avoir participé à la création du Samu social et travaille désormais avec la socialiste Anne Hidalgo le martèle, il ne s'agit pas ici de faire de la politique politicienne ou de critiquer le gouvernement en place. Pour elle, la situation "n'est pas la faute de ce gouvernement", d'ailleurs "tous les gouvernements ont fait le maximum" dans la limite de ce que permettait les finances alouées et ne croit pas à l'idée de "zéro SDF".
Elle rappelle par ailleurs que l'opération de décompte a lieu durant l'hiver et probablement pendant le plan grand froid, lorsque les capacités d'hébergement sont à leur maximum. Il ne s'agit donc pas de noircir le tableau. "Au 31 mars, 2.000 personnes supplémentaires seront à la rue" rappelle-t-elle.
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