Paris ne se trompe pas et accorde la citoyenneté d’honneur à Paul Watson, la décision concernant son extradition au Japon "bientôt" prise
Un geste symbolique qui se veut par la même occasion un “acte diplomatique”. La ville de Paris a accordé mardi la citoyenneté d’honneur au militant anti-chasse à la baleine, Paul Watson, arrêté cela fait quatre mois au Groenland et en attente, depuis une prison à Nuuk, de la décision du Danemark de l’extrader ou pas vers le Japon. C’est Lamya Essemlali, présidente de Sea Sheperd France, qui a reçu ce certificat en présence de la famille de Paul Watson, profitant de l’occasion pour appeler le président Emmanuel Macron à accorder la nationalité au militant canadien.
Arrêté le 21 juillet dernier au Groenland alors qu’il était à bord de son navire, le John Paul DeJoria, pour intercepter un bateau-usine baleinier nippon, Paul Watson, 73 ans, a été placé en détention provisoire suite à une demande d'extradition du Japon pour des faits remontant à 2010. Tokyo lui reproche plusieurs incidents qui seraient survenus lors des campagnes de Sea Shepherd contre la chasse baleinière japonaise. Les accusations principales concernent un incident du 11 février où Watson aurait blessé un marin japonais en lui jetant une boule puante contenant de l'acide butyrique, et un autre du 15 février impliquant l'abordage du baleinier Shonan Maru 2 par Peter Bethune, un membre de Sea Shepherd.
Un “acte diplomatique”
Le militant est alors accusé d'être co-responsable de cet abordage, de dommages causés au navire et de "conspiration d'abordage". Il est également mis en cause pour la destruction d'un filet anti-intrusion lors de cette action. Des accusations fermement rejetées par Watson et ses avocats, qui affirment d’ailleurs que des preuves vidéo contredisent l'incident de la boule puante.
La Haute Cour du Groenland a confirmé en août son maintien en détention, qui a été prolongé à plusieurs reprises. Le 23 octobre, sa détention a été maintenue jusqu'au 13 novembre. Ensuite, le 13 novembre, la justice groenlandaise a décidé de prolonger sa détention jusqu'au 4 décembre. Deux jours auparavant, c’est-à-dire le lundi 02 décembre, le tribunal de Nuuk prolongeait encore cette détention. “Le tribunal du Groenland a décidé aujourd'hui que Paul Watson serait maintenu en détention jusqu'au 18 décembre 2024 afin d'assurer sa présence dans le cadre du processus d'extradition”, a indiqué la police dans un communiqué.
Face à cette situation, Paul Watson avait demandé l'asile politique à la France le 4 octobre, adressant une lettre au président Emmanuel Macron depuis sa cellule. Cette démarche a été suivie par des manifestations de soutien à Paris exigeant sa libération. Pour Watson et son entourage, la demande d'extradition et son placement en détention provisoire n'ont “rien à voir avec ce qui s'est passé en 2010”. Ils dénoncent une “une affaire politique”.
Mardi, la ville de Paris exprimait son soutien au militant canadien en lui accordant la citoyenneté d’honneur. “Paul Watson, nous sommes avec vous et nous vous défendrons pour que vous soyez libre et que vous puissiez continuer aussi à nous aider dans ce combat pour les droits du vivant”, affirme la mairie.
Watson “bientôt” fixé sur la demande japonaise d’extradition
Ce certificat a été reçu par Lamya Essemlali, la présidente de Sea Sheperd France, en présence de la famille de Paul Watson. “Ce qui est en train de se jouer aujourd'hui, c'est l'histoire de la défense de l'océan”, a-t-elle déclaré. Elle a exprimé ses craintes quant aux conséquences d’une extradition vers le Japon. “Avec un pays qui veut faire de lui un exemple et qui veut le mettre à genoux, qui veut qu'il s'excuse. Il ne s'excusera jamais d'avoir sauvé des baleines”, a-t-elle ajouté.
La très critiquée maire de Paris, Anne Hidalgo, a estimé que cette citoyenneté d’honneur est “un acte diplomatique”, rendant hommage à Paul Watson. “Il aurait porté ses droits avec des formes qui sont celles de l'activisme. Mais qui ne sont pas des formes de violence. La violence, c'est de ne pas respecter le droit international, qui est celui qui protège et qui fait pour les baleines, des sanctuaires de baleines”, a-t-elle déclaré, rejetant elle aussi les accusations qui pèsent contre lui.
La présidente de Sea Shepard France a profité de cette cérémonie pour appeler Emmanuel Macron à accorder la nationalité française au militant canadien. Si Copenhague décidait d’une extradition vers le Japon dans les prochains jours, Lamya Essemlali a déjà dit son intention de recourir à la Cour suprême, voire déposer des recours devant la Cour européenne des droits de l’homme.
“Le ministère danois de la Justice traite actuellement la demande d'extradition (...) et devrait bientôt prendre une décision dans cette affaire”, avait-on annoncé le 2 décembre. Julie Stage, avocate de Paul Watson, estimait que la décision pouvait intervenir dans un délai de 14 jours, soit à partir de lundi prochain.
En Europe, on emprisonne désormais pour raisons politiques. A l’image de l’avocat Reiner Fuellmich, Paul Watson est maintenu arbitrairement en prison, sans que cela ne fasse les gros titres, ni n’offusque quiconque. Snowden, Assange, Fuellmich, Watson à qui le tour ?
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