Plan d'urgence pour l'emploi : syndicats et patronat à Matignon
Les principaux leaders syndicaux et patronaux ont rendez-vous ce lundi 11 à Matignon pour échanger avec Manuel Valls et tenter de glaner quelques précisions sur le plan d'urgence pour l'emploi que détaillera François Hollande le 18 janvier.
Lors de ses vœux télévisés du 31 décembre, le président a décrété "l'état d'urgence économique et social" face à un chômage qui tutoie les sommets (3,57 millions de chômeurs en métropole à fin novembre). Il a annoncé un plan d'urgence et a levé le voile sur plusieurs mesures: 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs, une nouvelle prime à l'embauche pour les PME et un "effort" pour l'apprentissage.
Des annonces restant "floues" aux yeux des partenaires sociaux, qui espèrent obtenir des éclaircissements auprès du Premier ministre. Les trois principales organisations patronales -Medef, CGPME et UPA- et les cinq syndicats de salariés représentatifs -CGT, CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC- seront reçus tour à tour entre 9h et 18h, chacun pendant 45 minutes. Laurent Berger et la délégation CFDT ouvriront le bal.
François Hollande doit détailler son plan le 18 janvier devant le Conseil économique, social et environnemental lors de ses vœux aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi. Il précisera notamment le contenu du "plan massif" de 500.000 formations supplémentaires destinées aux chômeurs, annoncé le 31 décembre.
La ministre du Travail, Myriam El Khomri, a déjà indiqué que ce plan, qui inclut les 150.000 formations déjà annoncées en octobre, ciblerait en priorité les "peu et pas qualifiés", pour les orienter vers les secteurs d'avenir, notamment le numérique et l'environnement, et vers les emplois non pourvus.
Mme El Khomri n'a toutefois pas donné de détail sur le financement, promettant seulement un "investissement financier" de l'Etat en complément des fonds des partenaires sociaux et des régions. Elle ne s'est pas avancée sur le coût du dispositif, évalué à un milliard d'euros par Les Echos.
Le "plan 500.000", qui succèdera au plan 30.000 de 2013 et aux plans 100.000 de 2014 et 2015, a reçu un accueil mitigé des partenaires sociaux. Le Medef regrette des "demi-mesures", tandis que Jean-Claude Mailly (FO) y voit un moyen de "faire baisser statistiquement le chômage" -les chômeurs changent de catégorie chez Pôle emploi lorsqu'ils entrent en formation. La CFDT et la CGPME l'accueillent plus favorablement.
Autre annonce présidentielle à éclaircir, les "nouvelles aides à l'embauche" promises aux petites et moyennes entreprises (PME), en vigueur que pour un "temps limité". Il pourrait s'agir, toujours selon Les Echos, d'une prime forfaitaire de 1.000 à 2.000 euros sur les embauches de salariés peu qualifiés, rémunérés jusqu'à 1,3 fois le Smic.
Mais dans une lettre au président de la République publiée dimanche, plusieurs organisations patronales ont réclamé une exonération totale de cotisations sociales patronales durant deux ans pour toute nouvelle embauche dans les petites entreprises. Les signataires plaident aussi pour "un contrat de travail agile" avec "plafonnement des indemnités prud'homales" et "prévoyant des motifs de rupture liés à la situation de l'entreprise ou la réalisation d'un projet".
Le gouvernement veut aussi actionner le levier de l'apprentissage, un dispositif de formation initiale en alternance en perte de vitesse depuis 2013. Après avoir mis en place un nouvel arsenal d'aides depuis 2014 et assoupli la réglementation, le ministère du Travail compte ouvrir aux apprentis certains titres professionnels du ministère du Travail, des formations plus courtes et moins théoriques que les diplômes de l’Éducation nationale.
Après sa journée de consultations, le Premier ministre se rendra dans la soirée à la Maison de la Radio à Paris pour les vœux de François Hollande à la jeunesse, où il pourrait également être question d'emploi.
Selon un récent sondage, les mesures du plan d'urgence pour l'emploi sont plutôt bien accueillies par les Français. Mais la plupart ne croient toujours pas que le chômage baissera en 2016, condition posée par François Hollande à son éventuelle candidature à un second mandat.
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