Pourquoi l'extrême droite défile le 1er mai, mais plus le Front national

Jusqu'en 2015, le 1er mai a été l'occasion pour le Front national d'une démonstration de force avec l'hommage à Jeanne d'Arc. Une tradition instituée par Jean-Marie Le Pen pour peser sur l'élection présidentielle, mais dont sa fille cherche désormais à se détacher.

Jean-Marie Le Pen a participé ce lundi 1er mai à son traditionnel défilé en hommage à Jeanne d'Arc, institué alors qu'il était président du Front national et remis ensuite en cause par sa fille. Ses sympathisants ont été appelés à se rassembler place des Pyramides sous la célèbre statue équestre de la Pucelle d'Orléans.

C'est donc Jean-Marie Le Pen qui a fait du 1er mai la date du grand rendez-vous du parti. Car ce rassemblement n'avait au début rien à voir avec la Fête du travail. A l'origine, il s'agit bien d'une fête consacrée à Jeanne d'Arc. Cette figure de l'Histoire de France est en effet célébrée par l'extrême droite depuis des décennies, notamment par l'Action française.

Mais cet évènement avait lieu le 8 mai, avant même la Seconde Guerre mondiale et donc que ce jour devienne férié. C'est en effet le 8 mai 1429 que la ville d'Orléans a été libérée et que Jeanne d'Arc était donc traditionnellement célébrée. Dans un premier temps, le Front national défilait le premier dimanche suivant le 8 mai. Mais Jean-Marie Le Pen a changé cette habitude en 1988.

Officiellement, il s'agissait de "briser le monopole syndicalo-gauchiste" du 1er mai, fête des travailleurs traditionnellement célébrée par les syndicats opposés au FN. Mais ce changement de date avait également une visée électorale. Ce n'est pas un hasard si l'habitude a été modifiée lors d'une année d'élection présidentielle. Cette nouvelle date permettait en effet au Front national de réaliser une démonstration de force entre les deux tours. Une stratégie qui avait notamment montré son intérêt en 2002 lorsque le FN était arrivé au second tour pour la première fois de son histoire.

Marine Le Pen a cependant voulu prendre une certaine distance avec cette tradition héritée des groupes d'extrême droite alors qu'elle tente de faire voler en éclat cette étiquette. Si la date du 1er mai reste célébrée par le parti, la forme a évolué. En 2016, l'hommage à Jeanne d'Arc a été remplacé par un "grand banquet national", au grand dam de Jean-Marie Le Pen qui a décidé de poursuivre la tradition de son côté. Mais il n'a réuni ce lundi que quelques centaines de sympathisants.

Une gerbe a été déposée ce matin au pied d'une autre statue de Jeanne d'Arc, dans le 13e arrondissement de Paris, par Steeve Briois, président par intérim du FN, accompagné des principaux dirigeants du FN mais sans Marine Le Pen, "en congé" des instances du FN et qui a tenu ce lundi son dernier grand meeting à Villepinte (Seine-Saint-Denis).