Primaire à gauche : Benoît Hamon vers une surprise "à la Fillon" ?
"Je ne fanfaronne pas": outsider de la primaire organisée par le PS, Benoît Hamon, en meeting vendredi soir à Nancy, a pourtant le vent en poupe à deux semaines du premier tour dont il espère constituer la grande surprise.
Il était parti en campagne fin août, bien plus tôt que les autres principaux candidats, et peu à peu creuse son sillon. Dorénavant devancé de seulement quelques points par Arnaud Montebourg dans les intentions de vote, et même s'il reste loin derrière Manuel Valls, Benoît Hamon récolte les fruits d'un travail de fond, après des mois à "labourer le terrain", dixit Mathieu Hanotin, son directeur de campagne.
Ce nouveau souffle, renforcé en décembre par un passage jugé plutôt réussi à L'Emission politique de France 2, s'est par exemple matérialisé mercredi 4 quand 500 personnes ont bravé un froid glacial pour venir écouter le candidat à Bizanos, en banlieue de Pau. "Ce sont des signes qui ne trompent pas", assure Mathieu Hanotin, en se remémorant les "réunions à 50 personnes" du début de l'automne.
Jeudi 5, un sondage Harris Interactive a semblé valider la tendance: Benoît Hamon obtiendrait 22% (+ 11 points en un mois) des voix au premier tour de la primaire, le 22 janvier, au coude-à-coude avec Arnaud Montebourg (25%, -3) et à distance de Manuel Valls (43%, -2). De quoi s'imaginer un destin à la François Fillon, qui a renversé le scénario d'une primaire de la droite promise à Alain Juppé et Nicolas Sarkozy?
"Je crois cela très fragile, je me concentre donc sur ce que j'ai à dire", temporise le candidat, prudent. "Je ne fanfaronne pas", ajoute le député des Yvelines, tout en "constatant" que ses idées "rassemblent largement, elles rencontrent un écho".
En phase d'accélération de la campagne à deux semaines du premier tour de la primaire, Benoît Hamon compte garder le cap, en continuant d'expliquer inlassablement son projet, "sans dire du mal de personne", insiste son entourage. Tout en engrangeant peu à peu les ralliements et les messages d'encouragement.
Récemment, dans une confidence à L'Obs, Martine Aubry, qui avait fait entrer Benoît Hamon dans son cabinet en 1997 lorsqu'elle était ministre de l'Emploi de Lionel Jospin, a salué la "maturité" et le "parcours cohérent" de son ancien protégé.
Vendredi soir dans les bâtiments de Sciences Po Nancy, il sera accompagné de deux nouveaux soutiens de taille: l'eurodéputé et ancien syndicaliste du site d'ArcelorMittal à Florange, Edouard Martin, que l'on disait pourtant proche d'Arnaud Montebourg, et Olivier Le Bras, ancien syndicaliste de l'abattoir GAD dans le Finistère devenu conseiller régional.
"Deux leaders syndicaux de deux des plus grands conflits sociaux du quinquennat", souligne Mathieu Hanotin, "évidemment, ce n'est pas neutre". Si on assure dans le camp de Benoît Hamon ne pas être dans une logique de débauchage, on sait que le symbole est fort, et une "belle place" sera donnée aux deux hommes dans le meeting de vendredi.
Après Nancy, les réunions publiques se succèderont à un rythme effréné jusqu'au premier tour le 22 janvier. Benoît Hamon se rendra lundi soir à Mugron dans les Landes, au cœur de la circonscription d'Henri Emmanuelli, qui n'a pas encore indiqué sa préférence pour la primaire. Il sera ensuite à Montpellier mardi, et un grand meeting est prévu le 18 janvier en Ile-de-France. Outre ses déplacements, l'équipe du candidat s'active aussi sur la préparation des trois débats télévisés (12, 15, 19 janvier).
Benoît Hamon croit être "meilleur sur le message que sur l'emballage", selon Mathieu Hanotin, et il va falloir s'assurer de rendre "intelligibles et crédibles" les nombreuses propositions du candidat. A commencer par le revenu universel d'existence, sa réforme dont il a fait une marque de fabrique et qu'il faudra synthétiser en moins de deux minutes pour convaincre.
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