Prison ferme pour Dieudonné, condamné en Belgique pour incitation à la haine
Prison ferme pour Dieudonné. L'humoriste controversé a écopé, en son absence, de deux mois d'emprisonnement et 9.000 euros d'amende par la justice belge pour incitation à la haine lors d'un de ses spectacles en 2012. Une peine qui reste cependant susceptible d'appel.
Outre la prison et l'amende, le tribunal correctionnel de Liège a également condamné Dieudonné M'Bala M'Bala à faire publier à ses frais l'intégralité du jugement dans deux journaux belges, Le Soir et La Libre Belgique.
Un jugement longuement détaillé pendant près d'une heure par le tribunal. Selon lui, l'humoriste s'est rendu coupable d'incitation à la haine envers la communauté juive mais aussi les homosexuels et les personnes handicapées lors du spectacle donné à Herstal, près de Liège, le 14 mars 2012. Le tribunal a à plusieurs reprises dénoncé les parallèles entre les propos de Dieudonné et la politique d'extermination nazie. Selon Le Soir, il s'est dit "frappé par le fait que le prévenu fasse siennes diverses thèses nationales socialistes".
Evoquant les personnes frappées de trisomie-21, Dieudonné a notamment déclaré "normalement on ne les laisse pas vivre", ce qui, selon le tribunal, fait qu'il les juge "indignes de vivre". Et les juges de rappeler les programmes de suppression des handicapés mentaux par les nazis.
De même le tribunal lui a reproché de dresser les musulmans contre les homosexuels. Dieudonné avait en effet évoqué les fidèles réprimandés car obligés de prier hors des mosquées pleines alors que les "actes lubriques" des homosexuels, notamment pendant la Gay Pride, sont tolérés. "Les homosexuels étaient envoyés dans des camps de concentration par le régime hitlérien", précise le jugement.
Enfin les juges ont condamné Dieudonné pour l'utilisation d'un "catalogue d'insulte" envers la communauté juive. Le Talmud qualifié de "merde" ou le "terrier à rats d'Israël". "Une phraséologie évoquant sans ambiguïté de vieilles rengaines nationales socialistes", a relevé le tribunal, précisant que l'humour invoqué par la défense ne suffisait pas à justifier "une politique pro-nazie" au regard de l'article-10 de la Convention européenne des droits de l'Homme sur la liberté d'expression.
La haute juridiction européenne s'était en effet déjà prononcée le 10 novembre dernier contre Dieudonné. Celui-ci l'avait saisie après avoir été condamné à 10.000 euros d'amende en France, déjà pour des propos du même ordre tenus lors d'un spectacle. "Une prise de position haineuse et antisémite caractérisée, travestie sous l’apparence d’une production artistique, est aussi dangereuse qu’une attaque frontale et abrupte", avait alors déclaré la cour.
L'humoriste a déjà été condamné plusieurs fois à des amendes en France, ainsi qu'à de la prison avec sursis, mais jamais à une peine ferme.
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