Résultats régionales : les rapports de forces à l'issue du premier tour
FN en tête, gauche en force et droite en ballottage défavorable: les urnes ont livré leur verdict du premier tour des élections régionales de dimanche 6. Voici, région par région, les rapports de force entre les différents blocs du tripartisme issus des résultats définitifs communiqués par le ministère de l'Intérieur.
Des rapports purement arithmétiques qui, s'ils sont indicatifs, sont toutefois à prendre avec précaution car les scores au second tour dépendront pour beaucoup des reports de voix et de la participation.
> Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne
Florian Philippot, à la tête de la liste FN en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, est arrivé en tête des suffrages avec 36,06%. Le bras droit de Marine Le Pen devance largement la droite de Philippe Richert (25,83%) et les socialistes de Jean-Pierre Masseret (16,11%). Ce dernier a annoncé, contre l'avis de son parti, qu'il refusait de se retirer au second tour pour faire barrage au FN, et ce malgré un réservoir de voix insuffisant pour espérer l'emporter (EELV est à 6,7% et le FG à 3,07%, soit un total pour le bloc de gauche de 35,6%). De plus, si la droite semble n'avoir que peu de réserves, le FN pourrait bénéficier du report d'une partie des électeurs de Debout la France (4,78%) et d'une liste régionaliste (4,74%).
Résultat: avantage FN
> Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes
L'Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes est l'une des régions où la gauche est en position de force. Avec 30,39% des voix, le tête de liste PS-PRG Alain Rousset vire en tête devant la liste de droite de Virginie Calmels (27,19%) et le frontiste Jacques Colombier (23,23%). Les scores d'EELV (5,6%), du Front de gauche (4,85%) et de deux listes divers gauche (3.06%) permettent au bloc de gauche de se hisser à plus de 40% des suffrages, loin devant l'extrême droite et la droite, dont le seul réservoir semble être celui de Debout la France (3,35%).
Résultat: avantage gauche
> Auvergne-Rhône-Alpes
Laurent Wauquiez, à la tête de la liste d'union de la droite en Auvergne-Rhône-Alpes, est arrivé largement en tête au soir du premier tour avec 31,73% des suffrages, devant la liste FN de Christophe Boudot (25,52%) et celle PS-PRG de Jean-Jacques Queyranne (23,93%). Pour autant, ces près de huit points d'avance sur le président sortant socialiste ne permettent pas au numéro-2-bis LR d'être sûr de sa victoire au second tour. Ainsi, il ne dispose que de peu de réserves (une seule liste divers droite à 1,56%), pour un total arithmétique de 33,29%. Le bloc de gauche le devancerait même avec 36,22% en additionnant au score PS-PRG ceux de l'alliance EELV-Parti de gauche (6,90%) et des communistes (5,39%), tandis que le FN n'aurait là encore aucun réservoir. Pour ajouter encore à l'incertitude, le report des voix de Debout la France (2,85%) sur Laurent Wauquiez hisserait la droite et la gauche presque à égalité avec, respectivement, 36,14% et 36,22%.
Résultat: très incertain
> Bourgogne-Franche-Comté
C'est peut-être la région où la tripartition est la plus totale. Si le FN est arrivé en tête au premier tour (31,48%), devant la droite (24,00%) et le PS-PRG (22,99%), le rapport de forces en vue du second tour de scrutin y est presque parfaitement équilibré. Avec l'addition des voix du Front de gauche (4,62%), des écologistes (3,91%) et des "écolos indépendants" (2,14%), le bloc de gauche totalise ainsi 33,66%. La droite, avec le réservoir du MoDem (3,26%) et de Debout la France (5,17%) se hisserait pour sa part à 32,43%. Tous deux seraient ainsi tout juste devant le FN et ses 31,48%.
Résultat: très incertain
> Bretagne
Jean-Yves Le Drian, candidat PS-PRG en Bretagne, est dans un fauteuil. Avec 34,92% des voix au premier tour, il devance de plus de 11 points la droite de Marc Le Fur (23,46%) et de près de 17 le frontiste Gilles Pennelle. Le bloc de gauche totalise dans cette région 45,36% avec les 6,70% d'EELV et les 3,74% du FG. D'autant que le maire de Carhaix Christian Troadec, tête de liste régionaliste (6,71%) et réputé proche de la gauche, a dit qu'il ne donnerait pas de consigne de vote à ses électeurs.
Résultat: avantage gauche
> Centre-Val de Loire
Le candidat FN Philippe Loiseau est arrivé en tête au premier tour en région Centre-Val de Loire. Avec 30,49%, il devance la droite de Philippe Vigier (26,25%) et le PS-PRG François Bonneau (24,31%). Avec le report arithmétique des voix EELV (6,60%) et des communistes (4,59%), le bloc de gauche totalise 35,5% des suffrages. Ici aussi, la droite n'a que peu de réserves de voix mais se hisserait, avec le report des électeurs de Debout la France (4,58%), à 30,83%, faisant jeu égal avec le FN.
Résultat: avantage gauche
> Ile-de-France
Emmenée par Valérie Pécresse en Ile-de-France, la droite vire en tête avec 30,51% des voix, devant le socialiste Claude Bartolone (25,19%) et le FN de Wallerand de Saint-Just (18,41%). Pour autant, compte tenu des scores d'Emmanuel Cosse (EELV, 8,03%) et de Pierre Laurent (FG, 6,63%), le bloc de gauche est en tête arithmétiquement avec 39,85% des suffrages, devant la droite qui totalise, en additionnant les différentes listes divers droite ou divers proches de la droite, environ 32,5%. Là encore, le comportement des électeurs de Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan (6,57%), pourrait être la clé du second tour.
Résultat: avantage gauche
> Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées
C'est la seule région où la droite est arrivée en troisième position. En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, le frontiste Louis Alliot est arrivé en tête du premier tour (31,83%), devant Carole Delga (PS-PRG, 24,41%) et la droite de Dominique Reynié (18,84%). L'alliance EELV-FG y réalise son meilleur score de ce premier tour (10,26%) et une liste divers gauche recueille 5%. Le bloc de gauche totalise ainsi 39,67% des voix, devant l'extrême droite, sans réservoir, et la droite, trop distancée (22,75% en reportant les voix de Debout la France).
Résultat: avantage gauche
> Nord-Pas-de-Calais-Picardie
Marine Le Pen y semble intouchable. La patronne du FN et tête de liste de son parti en Nord-Pas-de-Calais-Picardie vire en tête avec 40,64%, le meilleur score de sa formation de ce premier tour. Suivent Xavier Bertrand, candidat de la droite unie, avec 24,97%, et le socialiste Pierre de Saintignon (18,12%). Les communistes font 5,32% et les écologistes 4,83%. Le retrait de Pierre de Saintignon rebat les cartes pour le second tour: comment sera-ce suivi par les électeurs le front anti-FN incarné désormais par Xavier Bertrand? Quoi qu'il en soit, certains observateurs annoncent d'ores et déjà que l'avance de Marine Le Pen est trop importante pour qu'elle soit rattrapée.
Résultat: avantage FN
> Normandie
Le verdict des urnes y a longtemps été incertain, dimanche soir. En Normandie, le centriste Hervé Morin, candidat de la droite unie, est arrivé en première position d'une très courte tête avec 27,91%, contre 27,71% pour le frontiste Nicolas Bay. Le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol totalise 23,52%. Avec un Front de gauche à 7,04% et des écologistes à 6,14%, le bloc de gauche y totalise 36.70%, devant la droite qui, avec le score de Debout la France, réalise un total de 32,05%.
Résultat: avantage gauche
> Pays de la Loire
La droite emmenée par Bruno Retailleau est arrivée largement en tête dans les Pays de la Loire avec 33,49% des voix au premier tour, contre 25,75% pour le PS-PRG Christophe Clergeau et 21,35% pour le frontiste Pascal Gannat. Avec les voix de Debout la France et des différentes listes divers droite ou régionalistes, la droite totalise 40,11% des voix, contre 36,9% pour le bloc de gauche, avec EELV (7,82%) et les communistes (3,33%).
Résultat: avantage droite
> Provence-Alpes-Côte d'Azur
C'est l'autre région qui semble promise au FN. Arrivée en tête du premier tour en PACA, l'extrême droite emmenée par Marion Maréchal-Le Pen totalise 40,55% des voix en PACA, loin devant la liste d'union de la droite de Christian Estrosi (26,48%) et celle PS-PRG de Christophe Castaner (16,59%). Une fois n'est pas coutume, le FN y dispose du réservoir d'une autre liste d'extrême droite (1,12%). Du fait d'un total des voix de gauche insuffisant (6,54% pour EELV et 4,05% pour les communistes, pout un total d'à peine 28%), le candidat PS a annoncé son retrait au second tour pour faire barrage au FN. Une décision qui pourrait faire pencher la balance sur le plan purement comptable, mais reste à savoir dans quelle mesure les électeurs de gauche se reporteront sur Christian Estrosi, considéré par beaucoup comme trop droitier.
Résultat: avantage FN
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