Sifflets et persiflages

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 28 novembre 2014 - 20:08
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Alain Juppé.
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©Gonzalo Fuentes
Alain Juppé a subi les attaques de certains partisans de Nicolas Sarkozy au sein de l'UMP.
©Gonzalo Fuentes
Il ne sera connu que dans deux ans, mais la place de candidat de la droite à la présidentielle de 2017 déclenche déjà des ambitions. La guerre est désormais ouverte entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.

La semaine qui s'achève avec le vote pour la présidence de l'UMP, ce samedi 29 novembre, a été marquée par quelques oreilles qui ont fortement sifflé dans la grande famille fraternelle du principal parti d'opposition.

Tout a commencé samedi 22, lors d'un meeting de Nicolas Sarkozy à Bordeaux, auquel était évidemment présent le maire de la ville, Alain Juppé. Celui-ci, candidat déclaré à la primaire du parti pour la présidentielle de 2017, s'est fait huer par une partie de l'assemblée pour avoir parlé du "rassemblement de la droite et du centre".

Nicolas Sarkozy ne s'est pas employé outre-mesure à calmer ces sifflets, ce n'est que très mollement qu'il a déclaré "nous n'avons pas le droit de nous diviser".

Dès le lendemain, et toute la semaine, les réactions ont été nombreuses et chacun était prié de choisir son camp.

Luc Chatel, François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, Bruno Le Maire, Hervé Mariton, Nathalie Kosciusko-Morizet, notamment ont pris la défense du maire de Bordeaux. Sur son compte Twitter, Dominique Bussereau a même traité les siffleurs "d'abrutis (...) qui n'ont pas leur place à l'UMP".

Brice Hortefeux, Henri Guaino, Nadine Morano, au contraire, n'ont pas trouvé ces sifflets si graves que cela. Ils ont minimisé l'incident, et se sont plutôt rangés du côté de Nicolas Sarkozy.

Bon, "il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. Pour ma part, j’ai vu pire", a réagi Alain Juppé lundi 24 sur son blog. En demandant quand même que "la future direction de l’UMP" (en clair: Nicolas Sarkozy) "clarifie la ligne politique de notre mouvement", notamment sur l'alliance avec le centre.

Le lendemain, mardi 25, dans une interview au Figaro, Nicolas Sarkozy n'a pas fait amende honorable pour autant. "Ce n'est pas Alain Juppé qui a été sifflé, c'est ce qu'il a dit. Si j'avais dit la même chose, j'aurais été sifflé moi aussi", a-t-il affirmé, ajoutant à propos de la clarification exigée: "Oui, je suis bien sûr favorable à une alliance entre la droite et le centre. Mais un centre qui a choisi de s'opposer à la gauche sans ambiguïté et avec clarté. Pas un centre qui est avec la gauche le matin et avec la droite le soi r(…). Ne comparons pas l'UDI, qui a gouverné avec nous, et les dirigeants du MoDem, qui ont fait campagne contre nous".

On en était là quand l'ex-chef de l'Etat en a remis une petite couche, jeudi soir, lors de son dernier meeting de campagne, à Nîmes. Il a dit vouloir reconstruire l'UMP et en faire

un parti où les adhérents ont "leur mot à dire" et sont "libre de penser et dire" ce qu'ils pensent, "un parti où, quand la salle n'est pas d'accord, elle le dit" –suivez son regard…

Dans cette gué-guerre des sifflets et persiflages, le dernier mot est revenu  à Alain Juppé, qui a voulu calmer le jeu une nouvelle fois: vendredi matin il a appelé à voter "en très grand nombre" pour l'élection de ce samedi. Et, à l'annonce des résultats samedi soir, il a promis qu'il boirait "à la santé du vainqueur", au festival S.O. Good de la gastronomie qui se tient actuellement à Bordeaux. Peut-être sifflera-t-il une bonne bière…

 

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