Social et sécurité au coeur du débat inédit entre les 11 candidats
La campagne présidentielle a franchi un cap supplémentaire avec le débat télévisé entre les onze candidats mardi soir, un exercice inédit jugé parfois confus mais globalement réussi du fait de l'impertinence des "petits" candidats.
Un débat "long et formaté" mais "assez fascinant" pour Le Parisien. "Le café de la République" pour le Figaro qui se demande au contraire "que diable les +grands+ candidats allaient faire dans cette galère".
Grande première de l'histoire des élections présidentielles, cette confrontation de l'ensemble des concurrents sur BFMTV et Cnews a rassemblé 6,3 millions de téléspectateurs en moyenne, selon les chiffres de Médiamétrie, contre plus de 10 millions le 20 mars pour le débat à cinq sur TF1 et LCI.
Ces près de quatre heures de débats parfois inévitablement confus ont été jugés globalement satisfaisants, y compris par les protagonistes.
"Ça changeait des débats convenus", s'est félicité Nicolas Dupont-Aignan (DLF). "C'est frustrant parce qu'on ne parle que 15 à 17 minutes" mais "ça s'est plutôt bien passé collectivement", a jugé Benoît Hamon (PS) qui regrette cependant des sujets "absents" comme "l'écologie" et la "question sociale". Un "débat magnifique" selon Jean Lassalle, "fils de berger" des Pyrénées et avocat lyrique des banlieues et de la ruralité.
La droite est plus circonspecte, Éric Ciotti déplorant "une émission de télé-réalité" et des "candidats qui ont voulu faire des coups". "Beaucoup de confusion", a abondé Bruno Retailleau (LR), pour qui François Fillon "est apparu comme un chef d’État".
Selon un sondage Elabe pour BFMTV, réalisé via internet à l'issue du débat, Jean-Luc Mélenchon a été jugé le plus convaincant par les téléspectateurs (25%) devant Emmanuel Macron (21%).
Absents du premier débat le 20 mars sur TF1, les "petits" candidats, souvent très pugnaces, ont réussi à se faire entendre.
Parmi les moments forts de la soirée, Philippe Poutou (NPA) a attaqué Marine Le Pen sur son refus d'honorer les convocations de la justice, mais aussi François Fillon sur l'affaire des emplois présumés fictifs de son épouse, rejoint sur ce point par Nathalie Arthaud (LO).
-"Je vais vous foutre un procès"-
"Je vais vous foutre un procès", a fini par lâcher l'ancien Premier ministre envers Philippe Poutou, après avoir tenté une anaphore sur ce que doit être un "président exemplaire", exercice rappelant le "moi président" de François Hollande en 2012.
Parmi les thèmes qui ont cristallisé les débats: l'Union européenne. Partisane d'une sortie de l'euro, Marine Le Pen s'est retrouvée concurrencée sur ce thème de prédilection. Nicolas Dupont-Aignan, ciblant autant Emmanuel Macron que François Fillon, a pu développer ses propositions pour un "patriotisme de bon sens". François Asselineau a pu marteler sa volonté d'une sortie immédiate de l'UE et Jacques Cheminade la sienne de s'attaquer aux marchés financiers.
"Ce n'est pas rien d'observer combien aujourd'hui sont nombreux ceux qui ont décidé de tirer un trait sur l'Europe", a relevé Benoît Hamon.
Les regards se tournent à présent vers le siège de France Télévisions où les représentants des candidats doivent se rencontrer mercredi après-midi pour discuter des conditions du débat prévu le 20 avril, à trois jours du premier tour. Plusieurs candidats, dont Jean-Luc Mélenchon, ont exprimé des réserves sur la date et d'autres concurrents réservent leur participation.
En attendant, la campagne reprend de plus belle. Emmanuel Macron, mis "au centre du jeu" par ses adversaires, selon son porte-parole Benjamin Griveaux, passe un nouveau grand oral jeudi soir lors de "L’Émission politique" de France 2. Il se rendra ensuite un déplacement en Corse, où Marine Le Pen donnera également une réunion publique samedi.
François Fillon se produira successivement mercredi à Provins, jeudi à Strasbourg et vendredi à Clermont-Ferrand avant un grand rassemblement dimanche Porte de Versailles à Paris. A gauche, Benoît Hamon se déplace jeudi à Nancy. Jean-Luc Mélenchon tient une grande réunion publique dimanche à Marseille.
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