Afghanistan : les talibans ont saisi des données biométriques militaires américaines
Des dispositifs de collecte et d'identification biométriques ont été saisis la semaine dernière lors de l'offensive des talibans, rapporte un article de The Intercept. Ces données pourraient aider à identifier les Afghans qui ont aidé les forces de la coalition.
Conçues pour traquer les terroristes, des données pourraient aider les talibans
L'armée américaine a longtemps utilisé des dispositifs HIIDE (Équipement portable de détection d'identité inter-agences) dans sa “guerre mondiale” contre le terrorisme. Elle a par exemple utilisé la biométrie pour aider à identifier Oussama Ben Laden lors du raid de 2011 sur sa cachette pakistanaise. Le Pentagone avait déployé ces dispositifs de surveillance biométrique HIIDE pour collecter des données sensibles sur 80% de la population afghane afin de lutter contre le terrorisme, mais pas seulement. Cette technologie a aussi été cédée au gouvernement afghan pour être utilisée dans les cartes d'identité, ont indiqué des sources. Des scans d'iris et des empreintes digitales, ainsi que des informations biographiques des Afghans qui ont aidé les États-Unis, se trouvent désormais dans les mains des talibans qui pourraient les utiliser dans des représailles contre la population.
Les talibans pourraient faire appel au Pakistan pour se servir des données
L’armée américaine craint que les talibans bénéficient de l’aide du Pakistan, dont les services secrets disposent de l’infrastructure technique pour utiliser ces données. Selon un vétéran des opérations spéciales de l'armée américaine, il est possible que les talibans aient besoin d'outils supplémentaires pour traiter ces données. Cet expert a exprimé ses inquiétudes quant à l'aide de l’ISI (La Direction pour le renseignement inter-services au Pakistan), un service connu pour travailler en étroite collaboration avec les talibans.
Une occasion de débattre des dangers de la généralisation de la surveillance biométrique
En juillet dernier, face à l'essor des technologies biométriques, la Défenseure des droits s'alarmait dans un rapport, des "risques considérables” qu'elles comportent. "Les avancées que permettent les technologies biométriques ne sauraient s'effectuer ni au détriment d'une partie de la population, ni au prix d'une surveillance généralisée", a averti cette autorité indépendante, dirigée par Claire Hédon. Alors que les technologies biométriques de surveillance se déploient partout dans le monde, sous prétexte de lutte antiterroriste, le retour des talibans rappelle l’importance de réfléchir à la confidentialité de ces données, et aux conséquences qu’elles peuvent avoir si elles tombent dans de mauvaises mains. Welton Chang, responsable de la technologie de Human Rights First et ancien officier du renseignement de l'armée américaine, s’inquiète du danger de ce type de données, surtout dans des contextes pareils : "À l'avenir, l'appareil militaire et diplomatique américain devrait réfléchir soigneusement à l'opportunité de déployer ces systèmes dans des situations aussi fragiles que l'Afghanistan."
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