Attentats en Thaïlande : ce que l'on sait, les premières pistes
Une série d’attentats a frappé la Thailande entre jeudi 11 et vendredi 12. Onze bombes ont explosé dans cinq provinces du sud du pays, faisant quatre morts. Tout a commencé le jeudi à Hua Hin, où un double explosion a tué une femme thailandaise et blessé 21 personnes dont des touristes étrangers (pas de Français a priori, mais des Allemands, des Italiens, des Néerlandais et un Autrichien). Un deuxième attentat vendredi matin a fait une nouvelle victime, dans la même station.
En parallèle de l’attaque de Hua Hin, la station de Patong, à Phuket, a connu deux explosions sans faire de mort. Une victime est à déplorer dans la ville de Surat Thani, tout comme à Trang, dans le sud du pays. Des attaques ont également eu lieu dans la province de Phang Nga.
Les responsables thailandais ont tenu dans un premier temps à minimiser les faits en parlant de "sabotage local" pour ne pas prononcer le terme "d’attentat". Si le pays connaît des troubles, avec notamment une explosion qui a tué 20 personnes en 2015, les sites touristiques échappaient jusque-là à la violence.
L’enquête se dirige pour l’instant sur plusieurs pistes, sans que l’une soit privilégiée, du fait notamment de l’absence de revendications.
Premiers suspects: les Ouïghours, cette minorité musulmane et turcophone en provenance de Chine. Bangkok ne souhaite pas l’affirmer trop ouvertement, pour ne pas froisser Pékin, mais c’est sans doute la piste privilégiée. Le 23 août s’ouvre d’ailleurs le procès de deux hommes soupçonnés d‘être les auteurs de l’attentat de 2015 dans la capitale.
Deuxième piste: la minorité musulmane du sud du pays. Cette dernière résiste en effet à la volonté thailandaise d’assimiler, par la force, cette communauté rurale, pauvre et parlant principalement le malais. En douze ans, le conflit a fait 6.000 morts, et la nature de l’attaque de ces dernières 24 heures (des bombes déposées, avec souvent deux explosions successives) est un type d’action déjà utilisée dans le conflit. Ce serait cependant la première fois qu’un lieu de tourisme serait ainsi visé.
Troisième possibilité, moins probable mais pas exclue: les "Chemises rouges", ces partisans de l’ex-première ministre Yingluck Shinawatra, dont le gouvernement a été renversé par les militaires en 2014. La famille royale possède en effet une résidence secondaire à Hui Hin, et la reine Siriki fête ce vendredi son anniversaire. Cependant, Yingluck Shinawatra a déjà dénoncé les attentats et n’a jamais appelé ses partisans à l’action terroriste.
Dernière hypothèse enfin, qui vient naturellement à l'esprit: une action de l’Etat islamique, ou d’un autre groupe djihadiste. La volonté de toucher des lieux fréquentés par des touristes étrangers est en effet la marque de fabrique des actions terroristes de ces groupes. Si la piste devait se confirmer-c’est encore loin d’être le cas à l’heure actuelle-cela pourrait signifier une volonté d’infiltration, peut-être en se reposant sur un groupe local, pour ouvrir un nouveau front terroriste.
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