Au Mexique, le pape François s'apprête à plaider pour les immigrés
Le pape doit plaider ce mercredi 17 février pour la sécurité et l'accueil des immigrés sur le continent américain, dans une visite très symbolique à Ciudad Juarez, le long du grillage qui sépare le Mexique du Texas où il célèbrera une messe transfrontalière inédite. Au dernier jour de sa tournée triomphale au Mexique où plusieurs millions de fidèles l'ont accompagné le long des routes et dans les stades, Jorge Bergoglio a tenu à venir se recueillir devant le grillage qui sépare Ciudad Juarez d'El Paso, le long de la frontière du Rio Grande. Il célèbrera une messe qui sera suivie des deux côtés de ce grillage, l'estrade où le pape officiera étant à quelques dizaines de mètres seulement. Des Américains, des Mexicains, des immigrés "latinos" qui vivent des deux côtés de la frontière pourront participer à cette célébration.
François a plaidé sans cesse depuis le début de son pontificat pour que les immigrants qui fuient leurs pays en raison de la misère, de la guerre, des persécutions religieuses ou politiques reçoivent un accueil et une seconde chance dans les pays d'accueil. C'est un leitmotiv de son pontificat. Il n'affirme pas pour autant que l'immigration est sans problème, appelant à remédier dans les pays d'origine à ses causes et demandant aux immigrés de s'intégrer dans le respect des lois du pays d'accueil.
Lors de la messe, le pape doit prier pour les victimes des différentes formes de violences au Mexique. Un groupe de familles des 43 étudiants disparus, probablement tués par un cartel, sera notamment présent et pourrait saluer le pape. Dans la région de Ciudad Juarez, même si la criminalité a diminué, les meurtres de migrants ou leur enrôlement forcé dans des groupes criminels n'ont pas cessé, de même que les féminicides.
Aucune rencontre avec des victimes du père mexicain Marcial Maciel, fondateur pédophile et corrompu des toujours influents Légionnaires du Christ n'est en principe programmée. Le pape François n'a pas dit un mot durant son voyage sur ce thème, son porte-parole, le père Lombardi, soulignant mardi 16 que cette Congrégation a entrepris des réformes en vue d'"une complète rénovation".
La visite du pape à Ciudad Juarez sera très suivie aux Etats-Unis, où les prises de position du pape sur l'immigration seront examinées à la loupe pour leurs répercussions sur les primaires américaines. Plusieurs candidats du camp républicain ont des positions très critiques sur l'immigration du sud du continent. Le milliardaire Donald Trump a promis que, s'il était élu, il ferait construire un mur de la long de la frontière avec le Mexique.
La journée à Ciudad Juarez sera marquée par deux autres étapes symboliques. Le pape se rendra dans une prison qui accueille 3.000 détenus, dont une partie de femmes, et qui fut jadis l'une des plus dangereuses d'Amérique du sud. Dans la chapelle de la prison, il priera avec quelque 700 détenus. François visite très souvent des prisons lors de ses voyages, pour rappeler la parole du Christ rapporté dans l'Evangile: "j'étais en prison et tu m'as visité". Cette visite survient quelques jours après la tuerie (49 morts) survenue entre détenus de bandes rivales dans la prison de Monterrey (nord-est).
Au Palais des sports de la ville, il rencontrera 3.000 représentants du monde du travail, représentants des employeurs et des employés. Les "mouvements populaires" devraient être représentés. Ces mouvements de base sont en phase avec le pape qui a fait plusieurs discours remarqués sur la nécessité pour les pauvres de s'organiser pour défendre leurs droits.
Interrogé par l'AFP, le nonce (ambassadeur) au Mexique, Mgr Christophe Pierre, a souligné que "le pape n'est pas venu au Mexique pour résoudre ses problèmes. Il les a mentionnés, mais il n'est pas venu faire un bilan. Il veut donner l'espérance et la force à tous les niveaux - politiques, ecclésiaux - pour les résoudre en partant d'une longue tradition riche, d'une foi vivante. Il défend les valeurs des Mexicains: la famille, la foi, le sens communautaire, etc". "On vit bien au Mexique. Il n'y a pas que les narcotrafiquants, les méchants", a souligné le nonce, critiquant implicitement une simplification de certains médias qui ne parlent que de la violence dans ce pays.
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