A Bamako, les adieux réciproques de François Hollande et de l'Afrique
"De tous les chefs d'Etat français", François Hollande "aura été celui dont le rapport à l'Afrique aura été le plus sincère et le plus loyal", a loué le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, ouvrant le sommet en présence d'une trentaine de dirigeants africains.
Quatre ans plus tôt presque jour pour jour, le 11 janvier 2013, une opération militaire française ordonnée par François Hollande avait stoppé net une offensive de groupes jihadistes. Liés à Al-Qaïda, ceux-ci s'étaient emparés du nord du Mali et menaçaient de déferler sur Bamako.
Accueilli trois semaines plus tard en libérateur à Bamako, le président français s'était exclamé: "je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique". "La France restera toujours au côté du Mali jusqu’à l’aboutissement du processus de paix, jusqu’à ce que l'Etat malien puisse avoir son autorité respectée sur l'ensemble du territoire malien", a-t-il encore assuré samedi à la tribune du sommet.
Beaucoup reste à faire cependant. De larges zones du territoire malien restent incontrôlées et Bamako elle-même était en état de siège pour accueillir le sommet, vivant dans la crainte d'un nouvel attentat jihadiste d'ampleur après celui perpétré contre l'hôtel Radisson Blu le 20 novembre 2015, faisant 20 morts. François Hollande s'en est toutefois félicité: "Les terroristes ne contrôlent plus aucun territoire (au Mali), la démocratie a repris son cours, les élections ont eu lieu(...), l’économie repart et la réconciliation avec les accords d'Alger est en cours".
Conclusion lyrique de ce discours-testament: "Ensemble, la France, l'Afrique nous avons été capables de relever des défis et de faire avancer le monde (...), ensemble, l'Afrique, la France, nous avons été capables, aux Nations unies, de porter des objectifs de développement durable, l'Afrique, la France, ensemble, nous portons le message d'une réduction des inégalités à l'échelle planétaire". Le sommet l'a applaudi debout. En route pour la capitale malienne vendredi, François Hollande avait effectué une escale symbolique sur la base militaire française de Gao, la grande ville du nord du Mali, une visite "émouvante", a-t-il confié.
Aujourd'hui, a-t-il souligné, "les Africains" doivent assurer "la sécurité des Africains" et à ce propos, l'engagement pris par la France en 2013 de former 20.000 militaires africains par an a selon lui été "tenu" et "même dépassé". Leur nombre, a-t-il précisé, sera "porté à plus de 25.000" au cours des trois prochaines années. Une ombre au tableau toutefois: le ministère français de la Défense a reconnu vendredi que des soldats français de la force Barkhane déployés dans le nord du Mali avaient tué fin novembre un combattant "qui s'est avéré être un mineur" au cours d'une opération anti-terroriste.
Selon le magazine Jeune Afrique, la victime est un enfant que les militaires ont enterré en catimini. Au chapitre du développement, même ambition que sur le plan militaire: l'Agence française de développement (AFD), a précisé François Hollande va augmenter de 15% ses engagements pour mobiliser 23 milliards d'euros pour le continent dans les cinq ans à venir.
Le président français a aussi annoncé le lancement d'un Fonds d'investissement franco-africain doté de 76 millions d'euros sur 10 ans, le tout premier du genre. Le sommet devait évoquer le respect des Constitutions, certains dirigeants africains sont tentés de se maintenir au pouvoir, même après avoir exercé le nombre maximal de mandats que leur accorde la loi fondamentale.
Le chef d'Etat du Nigeria, poids lourd continental, Muhammadu Buhari, et la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, présidente en exercice de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), sont du reste venus tous deux de Gambie, où ils ont conduit une nouvelle tentative de médiation infructueuse dans la crise post-électorale que traverse le pays depuis plus d'un mois. Et comme un symbole de la volonté de démocratisation du continent, ils ont décidé de venir à Bamako, accompagnés du président gambien élu Adama Barrow. Pour l'heure, le sortant, Yahya Jammeh, refuse de lui céder le pouvoir le 19 janvier, à l'expiration de son mandat. "Le choix des électeur gambiens doit être respecté", a ainsi martelé François Hollande
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