Brexit : l'Europe suspendue au vote des Britanniques

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 juin 2016 - 20:22
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Les drapeaux du Royaume-Uni et de l'Union européenne
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Le Royaume-Uni pourrait devenir le premier pays à choisir de quitter l'UE en 60 ans de construction européenne.
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Les Britanniques décident jeudi s'ils souhaitent ou non rester dans l'Union européenne ou devenir la première nation à la quitter. Jusqu'au dernier moment, les sondages ne permettaient pas de deviner une tendance. Les résultats de ce vote historique et très tendu devraient être connus vendredi au petit matin.

Des millions de Britanniques votaient ce jeudi 23 sur leur appartenance à l'Union européenne lors d'un référendum historique qui doit décider de leur avenir et de celui du reste de l'Europe, où ce scrutin aux enjeux énormes était suivi avec fébrilité.

Le résultat se joue sur le fil, mais un sondage publié jeudi en plein vote a partiellement rassuré les marchés financiers en donnant vainqueur le camp du "Remain" (rester), et la livre sterling est passée au plus haut depuis six mois face au dollar.

A l'issue d'une campagne passionnée, axée sur l' immigration et l'économie, les électeurs se pressaient dans tout le pays pour déposer leur bulletin de vote malgré la pluie balayant certaines régions, dont Londres.

Les bureaux ont ouvert à 07h et devaient fermer à 22H00 (23 heures, heure de Paris) pour les 46,5 millions d'inscrits. Le résultat devrait être annoncé vendredi 24 au petit matin. Le Royaume-Uni pourrait alors devenir le premier pays à choisir de quitter l'UE en 60 ans de construction européenne.

Un sondage Ipsos Mori-Evening Standard publié en fin de matinée, mais réalisé avant le vote, donnait une avance de quatre points au camp du maintien, à 52% contre 48%, avec toutefois 12% d'indécis.

Sa publication a immédiatement dopé la livre face au dollar et à l'euro, tandis que la Bourse de Paris et Wall Street évoluaient en hausse. Mais la prudence restait de mise, deux sondages parus la veille ayant donné une légère avance à une sortie du club des 28.

Dans les bureaux de vote, les électeurs étaient partagés et leurs témoignages traduisaient les inquiétudes quant aux conséquences d'un Brexit ou, à l'inverse, l'enthousiasme à l'idée de tenter l'aventure hors du giron européen. "Ce serait un désastre pour l'économie si nous partions", estimait Peter Davies, 55 ans, employé dans le secteur informatique, devant un bureau de vote de Havering, dans l'est de Londres.

Joan, la cinquantaine, regrettait elle l'époque où l'Europe ne comptait que quelques pays membres, et croisait les doigts pour un Brexit : "Nous serons les premiers à quitter (l'UE) et d'autres pays européens partiront après. Je crois que les électeurs français le veulent secrètement", a-t-elle déclaré.

Dans l'europhile Ecosse, certains soulignaient qu'un Brexit pourrait justifier l'organisation d'un nouveau référendum d'indépendance, après celui de septembre 2014, comme le souhaitent les nationalistes du parti SNP. "Les Ecossais auraient le droit de quitter le Royaume-Uni pour demander à rester membres de l’Union européenne", estimait John Gilmour, infirmier de 55 ans à Glasgow.

Le Premier ministre conservateur David Cameron, qui a mis en jeu sa crédibilité en menant campagne pour le maintien dans l'UE, a voté dans la matinée à Londres, sans faire de déclaration. Il a appelé un peu plus tard, sur Twitter, ses compatriotes à opter pour le maintien, gage selon lui d'un "futur meilleur".

Le leader du parti d'opposition travailliste Jeremy Corbyn, pro-UE lui aussi, a également voté à Londres. Interrogé sur les chances de victoire de son camp, il a répondu sur le ton de l'humour: "Vous pouvez toujours demander aux bookmakers", qui pariaient résolument sur une victoire du "Remain".

Autre lieu, autre son de cloche: Nigel Farage, le chef de l'Ukip, le parti europhobe et anti-immigration, a voté dans le Kent (sud-est de l'Angleterre) en estimant que le camp du "Leave" avait une "grande chance" de l'emporter. Selon les analystes, le niveau de la participation aura un impact décisif: plus elle sera importante, plus le "Remain" (Rester) aura ses chances.

Les électeurs doivent répondre à la question: "Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l'Union européenne ou quitter l'Union européenne?".

La presse britannique soulignait le caractère historique du vote: "Le jour de l'indépendance", a titré le tabloïd The Sun (pro-Brexit), quand le quotidien The Times (pro- UE) parlait de "Jour du jugement dernier".

L'enjeu est de taille et tous les dirigeants européens sont intervenus pour retenir les Britanniques, conscients que leur départ ferait peser une menace de désintégration du club des pays membres de l'UE.

Le président français François Hollande a souhaité "que demain (vendredi )matin, nous apprenions qu'ils sont restés dans l'Union européenne, parce que c'est leur place". La chancelière allemande Angela Merkel avait fait le même souhait la veille.

Outre les conséquences économiques immédiates pour le pays et au delà, un Brexit serait dommageable à plus long terme, ont prévenu toutes les grandes institutions financières internationales, du FMI à l'OCDE.

Il ouvrirait aussi une période de turbulences politiques, avec un probable départ de David Cameron. Ce dernier, qui joue sa place dans l'Histoire, n'a eu de cesse de plaider pour le maintien dans l'UE. Côté Brexit, l'ex-maire de Londres, Boris Johnson, a pris la tête des conservateurs eurosceptiques et prédit des lendemains radieux aux Britanniques s'ils retrouvent leur "indépendance".

Voulant mettre un frein aux divisions qui rongent son Parti conservateur sur l'UE, M. Cameron avait annoncé en janvier 2013 qu'il tiendrait ce référendum. Mais il a ouvert la boîte de Pandore et déchaîné les passions, attisées par les redoutables tabloïds britanniques, toujours prompts à vilipender l'UE.

Dans cette atmosphère toxique, le meurtre de la députée pro-UE Jo Cox une semaine avant le scrutin, par un homme invoquant la "liberté pour le Royaume-Uni", a sidéré le pays, sans que l'impact de ce drame sur le vote ne puisse être mesuré.

 

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