Chine : une possible fuite sur un réacteur nucléaire EPR
Selon CNN, une « fuite radioactive » sur l’un des deux réacteurs de la centrale nucléaire EPR de Taishan, au sud de la Chine, a été détectée. La centrale a été développée en partenariat par EDF et le chinois CGN, et est toujours partiellement exploitée par le groupe français.
Une « menace radiologique imminente » ?
Dix ans après Fukushima, doit-on s’attendre à une nouvelle catastrophe nucléaire ? Lundi 14 juin, la chaîne de télévision CNN a signalé que le département de l'Énergie des États-Unis avait été averti d’une possible « fuite nucléaire » dans l’un des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Taishan, dans le sud de la Chine. C’est Framatome, une filiale du groupe EDF, qui aurait demandé une autorisation d’assistance technique pour résoudre « une menace radiologique imminente ».
Toujours selon Framatome, l’autorité de sûreté chinoise aurait repoussé le seuil acceptable pour la détection des radiations autour de la centrale afin d’éviter qu’elle ne soit mise à l’arrêt. La centrale EPR a donc continué à fonctionner. Si cette information, livrée au ministère de l'Énergie américain, était avérée, cela signifierait que les autorités nucléaires chinoises auraient falsifié les normes sanitaires pour poursuivre son exploitation.
Des informations données au compte-goutte
Faut-il s’inquiéter ? Pour l’heure, l’administration Biden se veut rassurante, estimant que la centrale n’avait pas encore atteint un « niveau de crise ». De son côté, Framatome s’est fendue d’un communiqué hier, dans lequel elle indique qu’elle « apporte son soutien à l’analyse de l’évolution d’un des paramètres de la centrale », et ce « sur la base des informations disponibles ». Les équipes de Framatome « travaillent avec les experts concernés pour suivre et évaluer la situation, et si nécessaire, proposer des solutions », précise encore la filiale d’EDF.
Des informations laconiques, qui n’ont pas été étayées par l’exploitant de la centrale, China General Nuclear Power Group (CGN). Dans un communiqué, il explique que « à l'heure actuelle, la surveillance continue des données environnementales montre que les indicateurs environnementaux de la centrale nucléaire de Taishan et ses environs sont normaux ». Le groupe chinois n’a toutefois pas donné suite aux demandes d’informations de l’AFP, tout comme le ministère chinois des Affaires étrangères.
En France, les informations peinent aussi à parvenir. Le gouvernement, tout comme le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et EDF n’ayant pas fait de commentaire dans un premier temps.
EDF demande « toutes les données nécessaires » au groupe chinois
Lundi matin, EDF a finalement réagi, indiquant dans un communiqué avoir été « informé de l’augmentation de la concentration de certains gaz rares dans le circuit primaire du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Taishan ». Le groupe français se veut toutefois rassurant, précisant que « la présence de certains gaz rares dans le circuit primaire est un phénomène connu, étudié et prévu dans les modes opératoires du réacteur. EDF a pris contact avec les équipes de TNPJVC et apporte son expertise. »
EDF semble néanmoins ne pas avoir en sa possession l’ensemble des informations sur la situation à la centrale nucléaire de Taishan, puisque le groupe explique avoir demandé la tenue d’une réunion extraordinaire du conseil d’administration de l’entreprise chinoise TNPJVC afin que la direction « présente toutes les données et décisions nécessaires ».
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