Colombie : l'accord de paix avec les FARC rejeté de justesse par référendum
Le résultat est pour le moins inattendu. Les Colombiens ont rejeté, dimanche 2, l’accord de paix historique avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) lors d'un référendum organisé sur la question, alors que tous les sondages prédisaient le contraire.
La défaite est de taille pour le président colombien Juan Manuel Santos, qui avait fait de ce cessez-le-feu avec la guérilla marxiste le principal objectif de son mandat. Il a par ailleurs tenu à souligner, dans une allocution à la télévision, que malgré ce revers électoral, l'accord de paix restait en vigueur. "Je ne me rendrai pas et continuerai à rechercher la paix. (...) Lundi, je convoquerai toutes les forces politiques – et en particulier celles qui se sont manifestées aujourd’hui pour le non – afin de les écouter, d’ouvrir des espaces de dialogue et de décider du chemin à suivre".
Ce lundi 3 au matin, plus de 99% des bulletins avaient été dépouillés, le "non" l'emportait de justesse avec 50,23 % des voix soit à peine 60.000 voix d'écarts avec le "oui". Des résultats à pondérer par un taux de participation assez faible, de l'ordre de 37,28%. Ce référendum n'était par ailleurs pas obligatoire pour la ratification de l'accord de paix mais Juan Manuel Santos tenait particulièrement à cette consultation populaire pour apporter "la plus grande légitimité" au cessez-le-feu.
De son côté, le chef des FARC Rodrigo Londono, dit "Timochenko" de son nom de guerre, a annoncé depuis La Havane (Cuba) qu’il restait en faveur de la paix malgré l'échec du référendum. "Les FARC déplorent profondément que le pouvoir destructif de ceux qui sèment la haine et la rancœur ait influé sur l’opinion de la population colombienne", a-t-il expliqué, dans une déclaration à la presse.
Les opposants à la paix dénoncent pour leur part, le "laxisme" des sanctions prévues contre les auteurs des crimes les plus graves, et la participation des guérilléros démobilisés à la vie politique, craignant un "castro-chavisme" inspiré des régimes cubain et vénézuélien. Les 7.000 combattants de cette guérilla issue en 1964 d’une insurrection paysanne seront placés dans 23 zones de démobilisation et huit campements et devront remettre leurs armes aux membres d’une mission des Nations unies dépêchée en Colombie une fois la paix signée. Ces opérations seront supervisées par 300 Casques bleus déployés par l'ONU sous la direction du Français Jean Arnault.
Pour mémoire, un demi-siècle de conflit entre le gouvernement et les FARC a fait au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
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