Colombie : le pays à feu et à sang - Paro Nacional
Mercredi dernier, le peuple colombien se levait pour protester contre la réforme tributaire d'Iván Duque, lançant dans le même temps une bouteille à la mer quant à la grave situation économique et sanitaire du pays. Une semaine plus tard, alors que la crise du Covid-19 continue d'aggraver la pauvreté et les inégalités du pays, les événements se poursuivent, le pays est à feu et à sang.
D'un côté, le président a annoncé retirer la réforme fiscale pour retravailler son texte afin qu'il soit accepté par tout le monde ; le ministre des Finances et du crédit public, Alberto Carrasquilla, a démissionné. Mais dans le même temps, les forces de l'ordre répriment toujours plus violemment les manifestants, tirant à balles réelles. De l'autre côté, les civils sont forcés d'improviser des hôpitaux de rue pour soigner les blessés. L'ONG Temblores rapporte 1443 cas de violence policières et 31 morts entre le 28 avril et le 4 mai :
Estas son las cifras de los hechos que hemos registrado entre las 6 am del 28 de abril y las 8 am del 4 de mayo de 2021, en el marco de las protestas sociales en Colombia.#NoMasViolenciaPolicial #reformapolicialya #SOSColombia @ONUHumanRights @CIDH pic.twitter.com/UokKSlDt35
— Temblores ONG (@TembloresOng) May 4, 2021
Malgré le retrait de la réforme et la violence de la répression, les manifestants sont toujours plus nombreux à se révolter. Même certains membres de l'ESMAD (Escuadrón Móvil Antidisturbios - équivalents des gendarmes mobiles français) se sont joints au peuple pour marcher et protester.
Images de la situation (musique [Yo Marché - Ninio Sacro]) :
Pour crier leur désespoir, les Colombiens ont mis en ligne une pétition adressée à l'ONU, les priant d'intervenir. Dans cette même pétition, ils écrivent qu'au cours de la nuit du 5 mai, alors que les violences continuaient, le gouvernement a coupé l'accès à Internet pour empêcher le peuple de communiquer sur les réseaux sociaux.
Vous pouvez retrouver la pétition ici, qui a dépassé les 550 000 signatures à l'heure où nous écrivons ces lignes.
Alors que penser de tout cela ? Plusieurs choses : nous avons vu qu'un hacker aurait prouvé l'infiltration de l'armée dans les manifestations ; nous savons qu'Iván Duque marche dans la droite ligne d'Álvaro Uribe, tristement célèbre pour sa lutte contre les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC) ainsi que les indigènes, ses liens étroits avec les cartels de drogue et son penchant pour la gestion paramilitaire ; nous savons aussi qu'Iván Duque s'est positionné contre l'accord de paix avec les FARC ainsi que les négociations avec l'Armée de libération nationale (ELN) ; nous savons que sa politique économique, si elle a permis une croissance de 3,3% pour le pays en 2019, a aussi accentué la pauvreté de près de 10%, prouvant que les inégalités entre les riches et les pauvres se creusent encore et que le gouvernement s'éloigne de son peuple et de la réalité ; nous savons par ailleurs que les forces militantes et révolutionnaires colombiennes peuvent aussi être à l'origine de certaines violences, notamment contre les forces de l'ordre ; nous savons enfin que la Colombie est particulièrement touchée par l'actuelle pandémie et que cela peut être partiellement à l'origine de la situation.
S'il est difficile de différencier le vrai du faux quand les esprits sont guidés par la colère et par la peur, il n'en est pas moins essentiel de relever la situation dramatique que connaît actuellement la Colombie.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.