Déjà menacé par un démantèlement aux États-Unis, Google poursuivi pour ses pratiques anticoncurrentielles au Canada, qui exige la vente de ses services
Les tracas s’accumulent pour Google et une fois de plus, ses pratiques jugées anticoncurrentielles sont incriminées. Sous la menace depuis fin novembre d’un démantèlement aux États-Unis où le ministère de la Justice entend l’obliger à céder son navigateur Chrome, la firme de Mountain View est désormais poursuivie dans le pays voisin, à savoir le Canada. Le Bureau canadien de la concurrence a conclu dans une enquête que Google a abusé de sa position dominante sur le marché de la publicité en ligne.
Si les affaires judiciaires contre Google sont nombreuses, celles liées à ses pratiques anticoncurrentielles en représentent une part significative. En Europe, Google a moult fois été accusé et a déjà été condamné à plus de 8 milliards d'euros d'amendes pour diverses infractions aux règles de la concurrence, une sanction record. Au Royaume-Uni, l'autorité de la concurrence, la CMA, accuse aussi la filiale du groupe Alphabet d’abus de position dominante sur le marché publicitaire.
Et maintenant, le Canada
Aux États-Unis, la société fait face à un procès majeur devant un tribunal fédéral de Virginie, qui a débuté en septembre 2024, centré sur ses pratiques dans le domaine de la technologie publicitaire. Dans cette affaire, le géant de la tech est accusé de contrôler le marché des bannières publicitaires sur les sites web, y compris ceux de nombreux médias, et d'utiliser sa position dominante pour étouffer la concurrence et imposer des prix monopolistiques.
En novembre, c’est un autre coup de massue qui est asséné à Google. Le gouvernement américain a demandé à ce que le géant technologique cède son navigateur Chrome. Google a dénoncé "un interventionnisme radical", craignant une potentielle sanction historique pour le moteur de recherche. Le ministère de la Justice réclame une scission des activités de la filiale du groupe Alphabet, lui interdisant également de signer des accords avec les constructeurs pour imposer l'utilisation par défaut de son moteur de recherche sur les smartphones.
Les autorités veulent aussi empêcher Google de tirer profit de son système d'exploitation pour mobiles Android pour promouvoir ses autres produits. Elles réclament même que le géant technologique cède Android faute de proposer des évolutions en ce sens.
C’est désormais au Canada de se joindre à la danse. Le Bureau de la concurrence avait ouvert une enquête en 2020, visant à confirmer que le géant des moteurs de recherche s'était bel et bien livré à des pratiques nuisant à la concurrence dans le secteur des annonces en ligne. L’investigation s’était élargie pour inclure les services de technologie publicitaire de Google, plus tôt cette année.
Jeudi dernier, le même bureau révélait ses conclusions, selon lesquelles le géant californien a bien abusé de sa position dominante sur le marché de la publicité en ligne. Google, poursuit Ottawa, a eu “un comportement visant à garantir le maintien et la consolidation de sa puissance commerciale”.
Google prêt à se défendre, ses services en danger
Il est question de contraintes imposées à ses concurrents, consistant à “à utiliser ses propres outils de technologie publicitaire”, ce qui “fausse le processus concurrentiel”, explique-t-on dans un communiqué. La firme a aussi lié ses services publicitaires, opérant simultanément comme vendeur et acheteur, tout en gérant une plateforme d’enchères dont la dynamique est faussée”.
Le bureau intente ainsi “ une action en justice contre Google pour comportement anticoncurrentiel dans le domaine des services de technologie publicitaire en ligne”, déposant une demande auprès du Tribunal de la concurrence “afin de remédier à ce comportement dans l’intérêt des Canadiens et des Canadiennes”.
Le groupe américain s’est justifié par “la concurrence intense, où les acheteurs et les vendeurs d'annonces ont l'embarras du choix”, élément qui ne serait pas “pris en compte” dans la plainte du bureau canadien. Google s'est dit ”prêt à plaider sa cause devant les tribunaux”. Le Canada lui reproche aussi des opérations de vente à perte, visant à “désavantager ses rivaux” pour imposer ses conditions à ses clients.
Tout comme les autres plaignants aux États-Unis et ailleurs, le Canada “exige que Google vende deux de ses outils de technologie publicitaire, “ordonne à Google de payer une sanction pour promouvoir la conformité à la Loi sur la concurrence et “interdit à Google de continuer à se livrer à des pratiques anticoncurrentielles”.
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