Dès son premier jour, Theresa May veut "relever le défi" du Brexit
Theresa May entamait jeudi son premier jour aux commandes du 10, Downing Street sous la pression des dirigeants européens qui réclament un Brexit rapide, tandis que la Banque d'Angleterre pourrait assouplir sa politique monétaire face au risque de détérioration des perspectives économiques.
Investie Première ministre mercredi moins de trois semaines après le vote britannique en faveur d'une sortie de l'UE, la conservatrice de 59 ans s'est engagée à "relever le défi" du Brexit tout en promettant "la justice sociale" pour les Britanniques.
Jeudi matin, le nouveau ministre des Finances, Philip Hammond, a semblé donner corps à cette promesse en assurant dans les médias britanniques qu'il n'y aurait pas de budget d'urgence pour le Brexit, et donc pas de nouvel accès d'austérité.
M. Hammond, qui a troqué le portefeuille des Affaires étrangères contre celui des Finances, a renvoyé les nouvelles annonces budgétaires à la "déclaration d'automne", une déclaration de budget rectificatif habituellement présentée fin novembre ou début décembre.
M. Hammond a ajouté qu'il allait "voir le gouverneur de la Banque d'Angleterre (jeudi) matin pour évaluer la situation".
La banque centrale rendra à la mi-journée une décision de politique monétaire très attendue, sa première depuis la victoire du Brexit au référendum. Les analystes s'attendent à ce que le gouverneur Mark Carney et les autres membres du comité de politique monétaire de l'institution décident d'assouplir la politique monétaire pour doper l'économie face aux risques liés au Brexit.
Cette perspective encourageait les Bourses européennes, qui ont ouvert en hausse jeudi matin.
Theresa May, qui a succédé à David Cameron, devait boucler jeudi son cabinet, après avoir présenté la veille ses principaux ministres.
Signe de l'immense tâche qui attend son gouvernement, Mme May a créé un ministère entièrement dédié au Brexit dont David Davis, un ancien secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, aura la charge.
Le principal meneur des pro-Brexit pendant la campagne pour le référendum, Boris Johnson, dont beaucoup pensaient sa carrière enterrée après qu'il ait renoncé à briguer le poste de Premier ministre, obtient les clés du Foreign Office.
Son entrée au gouvernement faisait jeudi la Une de la presse britannique, divisée. "Boris rebondit !", lançait le Daily Mail, quand le Daily Mirror, qui affichait en Une une célèbre photo de l'ex-maire de Londres coincé sur une tyrolienne, se désolait en ces termes: "Cher monde... Pardon".
A peine investie, Theresa May, la première femme à diriger le gouvernement britannique depuis Margaret Thatcher, a été soumise à la pression de dirigeants européens pour mettre en oeuvre le Brexit.
"J'ai hâte de travailler étroitement avec vous et d'apprendre vos intentions à ce sujet", a réagi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à peine la nomination de Mme May officielle.
Le président français François Hollande a réitéré son souhait de voir les négociations pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE être "engagées le plus rapidement possible", lors d'un entretien téléphonique avec Mme May.
La chancelière allemande Angela Merkel a également appelé Mme May, un entretien lors duquel les deux dirigeantes ont souligné la nécessité de poursuivre "des relations amicales éprouvées" entre leurs deux pays.
Un "sommet ou une rencontre" sur les suites du Brexit entre le président français, la chancelière allemande et le président du Conseil italien Matteo Renzi se tiendra fin août en Italie.
La 54e Première ministre du pays est une eurosceptique qui avait rejoint le camp du maintien dans l'UE pendant la campagne référendaire. Elle n'a pas dévoilé son calendrier lors de sa première allocution dans ses nouvelles fonctions.
Elle avait prévenu auparavant qu'elle ne comptait pas activer l'article 50 du Traité de Lisbonne-qui lance le processus de sortie de l'UE-avant la fin de l'année.
Lors de sa dernière séance de questions devant le Parlement, son prédécesseur David Cameron l'avait invitée à ne pas complètement tourner le dos aux 27 autres membres de l'Union.
Dans un éditorial intitulé "Nouveau Premier ministre, mêmes problèmes", le quotidien The Guardian résumait jeudi les défis qui attendent Mme May: "Pas d'argent, pas de franche majorité et une grosse migraine: l'Europe".
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