Royaume-Uni : qui est Theresa May, la future Première ministre britannique ?
"Elle est idéalement placée pour mettre en oeuvre le Brexit de la meilleure manière possible pour les Britanniques et elle a promis qu'elle le ferait". Lundi 11, la secrétaire d'Etat britannique à l'Energie Andrea Leadsom a renoncé à concourir à la succession du Première ministre David Cameron, laissant sa rivale Theresa May, secrétaire d'Etat à l'Intérieur, seule candidate en lice. Cette dernière deviendra donc locataire du 10, Downing Street d'ici le 13 juillet. Mais qui est donc celle que la presse anglo-saxonne surnomme, un peu trop rapidement, la nouvelle Margaret Thatcher en raison de sa fermeté, de son côté "cassant" et de son libéralisme économique?
Née en 1956 dans le Sussex, Theresa May est, comme Angela Merkel à qui on la compare également beaucoup, fille de pasteur. Engagée en politique depuis 1986 lorsqu'elle est élue conseillère du district londonien de Merton, elle perd à deux reprises aux élections législatives. En 1997 toutefois, elle arrive enfin à décrocher son fauteuil de députée conservatrice dans la circonscription de Maidenhead, dans le Berkshire (sud de l'Angleterre). A partir de là, elle prend rapidement du galon jusqu'à être, entre 2002 et 2003, la première femme à occuper la fonction de secrétaire générale. Grande fidèle de David Cameron, elle est depuis 2010 secrétaire d'Etat à l'Intérieur, un poste où elle fait de lutte contre les bavures policières et le radicalisme religieux ses priorités. Militant pour une limitation de l'immigration et souverainiste assumée tout comme Margaret Thactcher en son temps, elle crée la surprise en défendant timidement cette année, par la loyauté envers David Cameron, le "Remain": le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne.
Toutefois, maintenant que le Brexit est voté, pas question de revenir dessus, a-t-elle prévenu. "Je ne saurais être plus claire: il n'y aura pas de tentative pour rester au sein de l'UE", a-t-elle déclaré. Le ton est donné. "Theresa est une femme drôlement difficile", commentait récemment à la télévision l'ex-ministre Kenneth Clarke, député conservateur. "Le prochain qui va s'en rendre compte, c'est Jean-Claude Juncker (le président de la Commission européenne, NDLR)", a-t-elle rebondi avec humour. L'humour n'est pourtant pas le trait de caractère qui la définit le plus. Car Theresa May, qui s'est toujours tenue éloignée des clubs et des réseaux d'influence, souffre d'un manque de charisme et de chaleur. Travailleuse acharnée, elle veut qu'on la juge sur son bilan avant tout et, beaucoup plus souple et centriste que la baronne Thatcher, promet un "pays qui fonctionne pour tout le monde" et non pour une minorité de privilégiés.
Lundi 11, peu avant que son adversaire Andrea Leadsom ne renonce, elle a promis de s'attaquer aux inégalités, à la fraude fiscale et aux patrons voyous. "Aujourd'hui, si vous naissez pauvre, vous mourrez en moyenne neuf ans avant les autres. Si vous êtes noir, vous êtes traités plus durement par le système pénal que si vous êtes blanc. Si vous êtes un garçon blanc issu de la classe ouvrière, vous avez moins de chance que tous les autres d'aller à l'université. Si vous êtes une femme, vous gagnez toujours moins qu'un homme", a-t-elle ainsi déclaré. Car contrairement à une Margaret Tacther très traditionnelle et peu portée sur le féminisme, Theresa May est libérale sur le plan des moeurs. Associée au "Mods" (modernisateurs) de son parti, elle a voté pour le mariage gay et farouchement oeuvré pour renforcé la présence des femmes chez les Tories. Ainsi, comme le révélait récemment le quotidien de centre-gauche The Guardian, "ce n'est pas le thatchérisme en soi qui a attiré Theresa May mais les possibilités ouvertes par la première femme dirigeante d'un parti politique".
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