En Afrique du Sud, le projet de légalisation de la polygamie féminine suscite une levée de boucliers
Une femme sud-africaine pourra peut-être bientôt épouser autant d’hommes qu’elle le veut. La polygamie féminine, appelée polyandrie, est au centre du débat public dans ce pays africain, avec plusieurs autres mesures proposées dans un “livre vert” du gouvernement sur le mariage, qui invite le public à réfléchir sur la question, faire des commentaires et redéfinir le concept de mariage en Afrique du Sud. La polyandrie, particulièrement, cause des conflits chez plusieurs groupes religieux du pays.
Des groupes religieux s’oposent à la legalisation de la polygamie féminine
Certains partis de base religieuse, comme le parti Al Jama-ah, qui vise à soutenir les intérêts musulmans et à faire respecter la charia, s'oppose à la polyandrie, considérée comme une relation adultère. Le chef du parti Al Jama-ah, Ganief Hendricks, a déclaré que son parti soutiendrait les manifestations de rue si une proposition sur la polyandrie contenue dans le livre vert du gouvernement était incluse dans la législation. Selon lui, il est de la responsabilité du gouvernement de "défendre des valeurs morales décentes". Mais d’un autre côté, la polygamie masculine est acceptée par ce groupe musulman. Selon le porte-parole du Conseil judiciaire musulman, Muneer Abdouroaf : "En tant que communauté musulmane, nous sommes en faveur d'un projet de loi qui reconnaît la polygamie où un mari est autorisé à avoir deux femmes ou plus jusqu'à un maximum de quatre… Cependant, en ce qui concerne la polyandrie, c'est quelque chose qui est étranger à la loi islamique et nous ne sommes donc pas en faveur de ce type de disposition dans le projet de loi." Le Parti chrétien démocrate africain, un parti basé sur des principes bibliques, se montre intransigeant sur la question. Le président de l'ACDP, le révérend Kenneth Meshoe, a déclaré : “L'ACDP ne soutient pas et ne soutiendra pas la légalisation de la polyandrie. Nous pensons que ce sera un exercice irréalisable.”
Est-ce une pratique traditionnelle d'origine africaine?
Selon le livre vert, les chefs traditionnels ont souligné que les femmes ne sont pas égales aux hommes et que chaque genre a son propre rôle dans la famille et la société. Seuls les hommes sont autorisés à avoir plusieurs épouses ; en conséquence, les chefs traditionnels considèrent la polyandrie comme une pratique inacceptable car elle n'est pas d'origine africaine. Pourtant, la polyandrie existe dans d’autres pays africains. Le professeur zimbabwéen Collis Machoko explique que des hommes, qui ont des dysfonctionnements sexuels ou qui craignent le divorce, acceptent de partager leur épouse et les enfants sont élevés par toute la famille. Cette pratique est légale au Gabon et au Kenya.
Un nouveau cadre réglementaire du mariage pour protéger les pratiques polygamiques traditionnelles, les pratiques des immigrés et les droits des personnes LGTB
Pour se marier en Afrique du Sud, il faut aujourd’hui choisir entre trois actes du parlement : la loi sur le mariage de 1961, la loi sur la reconnaissance du mariage coutumier de 1998 et la loi sur l'union civile de 2006, qui accepte les mariages homosexuels. En publiant le livre vert, le ministre de l'Intérieur, le Dr Aaron Motsoaledi, espère donner un cadre pour tous les résidents de toutes orientations sexuelles, religions et convictions culturelles, en se basant sur les principes d'égalité, de non-discrimination, de dignité humaine et d'unité dans la diversité, tels qu'ils sont énoncés dans la Constitution. Cependant, le dialogue national envisagé a dégénéré, selon le ministre, “en une guerre des mots et du cynisme à propos d'une et une seule question soulevée lors du dialogue ministériel – la question de la polyandrie”. Il se dit profondément déçu de la tournure des débats et déplore que les responsables de la société civile et les médias ne se soient pas concentrés sur d’autres réalités plus urgentes à débattre, comme celle du mariage des enfants, aujourd’hui autorisé.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.