Les autorités espagnoles ont immobilisé ce mardi 15 mars à Barcelone, le yacht Valerie de l’oligarque russe Sergey Chemezov. Cette première intervention a eu lieu suite aux sanctions de l’Union européenne ordonnées contre la Russie pour l’invasion de l’Ukraine. Elle marque le début d’une série d’actions contre les magnats proches du Kremlin, car dès le lendemain d’autres embarcations russes ont subi le même sort dans les ports de la péninsule ibérique.
La semaine dernière, avant de voir les sanctions tombées sur les embarcations russes, Roman Abramovitch, propriétaire du luxueux navire de 460 pieds le Solaris, a quitté le port de Barcelone. Blâmé au Royaume-Uni et dans l’Union européenne, il semblerait que le propriétaire du club de football londonien Chelsea ait senti le vent tourner contre lui et ses compatriotes. En effet, quelques jours plus tard, le lundi 13 mars, la Direction générale de la marine marchande commence à appliquer les sanctions européennes et ordonne l'immobilisation du yacht Valerie. Ce luxueux bateau de 85 mètres de long amarré dans le port de la capitale catalane, estimé à 130 millions d'euros, appartient au magnat Sergey Chemezov, numéro un de Rostec, géant russe de l'armement public.
Les mesures prises par l'Espagne à l'encontre des yachts russes comptent désormais trois navires retenus.
Au lendemain de l’intervention sur le Valerie, c’est au tour du yacht Lady Anastasia d’être mobilisé au port Adriano de Majorque. Ce prestigieux navire de 48 mètres de long et de neuf mètres de large arbore le drapeau de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, un petit État des Caraïbes. Il est sous le contrôle d'Alexander Mijeev, également PDG du fabricant d'armes Rostec. La rétention du navire a été communiquée à l'Agence fiscale et aux institutions dédiées à la prévention du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme, ainsi qu'aux forces de sécurité de l'État afin qu'elles puissent effectuer les vérifications de propriété nécessaires.
Ce jeudi 17 mars, le gouvernement a provisoirement retenu un troisième yacht russe dans le port espagnol de Tarragone jusqu'à ce qu'il soit possible de vérifier s'il appartient à un oligarque sanctionné dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine. Après le Valerie à Barcelone et le Lady Anastasia à Majorque, il s’agit cette fois du Crescent. Le ministère des Transports, de la Mobilité et de l'Urbanisme a accepté d'immobiliser le yacht pendant qu'il vérifie s'il est la propriété, la possession ou le contrôle de l'une des personnes sanctionnées dans le cadre des mesures convenues au Conseil européen. Il sera éventuellement immobilisé si les contrôles le prouvent.
Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a expliqué dans une interview à la chaine Sexta que ce type d'opération est complexe, car ces grands propriétaires d'origine russe ont l'habitude d'utiliser des sociétés-écrans qui rendent difficiles la localisation et la saisie de leurs biens.
Les yachts cibles d’attaques anti-russes
En plus de l’immobilisation dans les ports espagnols, les yachts russes doivent également être mis à l’abri d’éventuelles menaces. Le Daily Mirror et la garde civile espagnole ont dévoilé ce jeudi que le Solaris de Roman Abramovitch a été attaqué le 3 mars par un militant contre l’invasion en Ukraine. L’activiste lituanien aurait tenté de prendre le contrôle d'un bateau qu'il avait loué pour le diriger vers le navire de luxe de l'oligarque russe afin de l'endommager. La police a confirmé que l'incident a eu lieu dans le port de Barcelone avant le départ du Solaris ce qui peut expliquer son départ précipité. Les forces de l’ordre ont identifié les personnes impliquées mais il n’y a pas eu d’arrestation car aucune charge n'a été retenue.
Il en est de même pour le Lady Anastasia menacé par un marin ukrainien à Majorque. L’homme âgé de 55 ans, mécanicien du bateau, a été arrêté après avoir tenté d'ouvrir une voie d'eau pour couler le yacht. Ce dernier a avoué devant le juge, dans une déclaration rapportée par le journal Última Hora, qu'il a tenté de couler le bateau pour se venger de son patron, un ressortissant russe, propriétaire d'un réseau de sociétés dédiées à la vente d'armes.
Enfin, pour éviter toute attaque, le Valerie de Chemezov se trouve à l’abri des regards indiscrets dans le port de Barcelone où une bâche blanche recouvre l'une des entrées de la jetée de la Marina. Il y a quelques jours, on pouvait clairement voir la poupe du yacht aux dimensions immenses, mais aujourd’hui même son nom a été recouvert pour ne pas être identifié.
Entre sanctions et menaces, ces embarcations luxueuses ont des jours difficiles devant elles pendant que d'autres oligarques et hommes politiques russes restent dans le collimateur de la Commission européenne.