Immigration : L'Europe serre la vis et risque de dévisser
Réunis à Bruxelles, les dirigeants européens ont exigé jeudi 17 dernier une loi "en urgence" pour accélérer les retours des migrants en situation irrégulière. Avec seulement 18,9 % des expulsions effectives en 2023, les 27 peinent à maintenir la cohérence de leurs politiques migratoires. Sujet sensible.
"Une loi pour faciliter le retour des migrants" : idée brillante ou désespérée ? L'échec cuisant de la tentative de 2018 plane encore sur les débats, mais cette fois, la droite européenne prend les rênes. Le climat politique a changé, et avec lui la tolérance des États face à une Union européenne qu’ils jugent inefficace. Dans ce contexte, les États pressent la Commission, dirigée par Ursula von der Leyen, d'agir vite. Cette dernière avait déjà promis une nouvelle législation pour décembre. D'un autre côté, le pacte migratoire adopté en avril, qui semblait un pas vers plus de solidarité, est à peine mentionné. Les discussions sont gangrénées par les divisions.
Le grand soutien à la Pologne révèle un autre angle d’attaque : la "manipulation" des migrants par la Biélorussie, perçue comme une menace directe pour les valeurs européennes. "Des situations exceptionnelles appellent des mesures adéquates", ont martelé certains dirigeants européens, sous-entendant que le droit d’asile pourrait être suspendu. Ce coup de frein drastique sur l’asile contraste avec les déclarations de défense des droits, notamment énoncées par von der Leyen et Macron. Selon Le Monde, cette pression pour suspendre partiellement le droit d’asile à la frontière polonaise pourrait bien créer un dangereux précédent.
Enfin, la recherche de "solutions innovantes" comme les "hubs de retour" suscite des débats houleux. L’accord controversé de l’Italie avec l’Albanie pour envoyer des migrants dans des centres d’accueil en est l’illustration. D’un côté, les petits États y voient une solution temporaire ; de l’autre, des puissances comme l’Allemagne ou la Belgique la jugent inefficace et coûteuse. Comme le rapportent Les Echos, Premier ministre belge, a d’ailleurs pointé que ces centres n'ont jamais montré leur efficacité. Bref, l'Europe se cherche encore, tiraillée entre sécurité et humanité.
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