Israël suspend quasi-intégralement son passe sanitaire
N’étant plus jugé pertinent en raison de la propagation du variant Omicron, qui touche autant les personnes vaccinées que non-vaccinées, les responsables israéliens ont décidé de suspendre presque entièrement le système du passe sanitaire, jusqu’à nouvel ordre. La présentation du QR Code ne sera exigée que pour accéder à des lieux fermés abritant de grands rassemblements.
Le passe désormais limité aux seuls grands rassemblements en intérieur
Depuis ce lundi, les Israéliens peuvent à nouveau se rendre au restaurant, au cinéma ou à l’hôtel sans avoir à présenter un certificat de rétablissement contre le coronavirus ou un document attestant de leur vaccination. Le « passeport vert », tel qu’il est appelé dans le pays, est désormais aboli par l'État hébreu pour toutes les activités de loisirs. Le changement de règle signifie aussi que les non-vaccinés n’ont plus à prouver qu’ils ont été testés négatifs lorsqu’ils quittent Israël.
En revanche, le passeport vert restera demandé « pour les évènements à haut risque » comme les célébrations, les mariages et les boites de nuit, rapporte Le Parisien.
Pour autant, « cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus de risque, ni qu'il y aurait un quelconque retour à la normale, la situation est toujours dangereuse », souligne Hagai Levine, professeur d'épidémiologie à la faculté de médecine du Centre médical Hadassah de l'université hébraïque de Jérusalem et président de l'association israélienne des médecins de santé publique. Il a pris part dimanche matin aux discussions de la commission de la Constitution, des Lois et de la Justice de la Knesseth, en charge de décider si le passe pourrait être allégé, relate Les Echos.
Le passe vert n’est pas totalement aboli « pour d’éventuels changements ultérieurs »
Hagai Levine explique : « Les experts qui conseillent le gouvernement ont recommandé de mettre fin au passe sanitaire car celui-ci est moins approprié face à Omicron, dont la transmission est très forte malgré le vaccin et ses rappels. Mais le gouvernement craint d'y mettre fin totalement, car c'est un système qu'il veut garder pour d'éventuels changements ultérieurs et que c'est aussi un outil de gestion de la vaccination. Or, le vaccin reste la meilleure protection notamment contre les formes graves. »
Faut-il en déduire que le passe sanitaire pourrait être rétabli ultérieurement, selon l'appréciation de la situation épidémique du pays par les autorités sanitaires ? Ça ne serait pas la première fois qu'un tel rétropédalage aurait lieu. Le Danemark, pays pionnier du passe sanitaire, l'avait supprimé le 10 septembre 2021, pour finalement y recourir de nouveau quelques mois plus tard, au motif d'une forte remontée du nombre de cas de Covid-19.
Par ailleurs, pour le professeur Hagai Levine, si le passe est suspendu, la stratégie de l’immunité collective, qui consiste à laisser le virus se propager, n’est pas celle souhaitée par le gouvernement : « Parler d'immunité collective envoie un mauvais message. Personne, absolument personne, au sein du gouvernement ne souhaite que l'infection se propage ». « Nous ne savons pas si le fait d'avoir contracté Omicron protégera contre le prochain variant, ni quels types de complications ce dernier pourrait entraîner », rappelle-t-il.
« 80 % des patients qui font une forme grave du Covid sont complètement vaccinés »
Le retrait du passe vert intervient alors que la politique sanitaire du gouvernement israélien se trouve de plus en plus sous le feu des critiques.
Début janvier, le professeur Ehud Qimron, chef du département de microbiologie et d’immunologie de l’université de Tel Aviv, avait adressé une lettre au vitriol au ministère de la Santé, que nous avions traduite. Il y accusait notamment le gouvernement d'ignorer volontairement les faits scientifiques, que ce soit sur l'immunité naturelle ou la propagation du virus, de cacher les données sur les effets secondaires des vaccins en collusion avec les laboratoires pharmaceutiques, et de persister dans le maintien d'une politique inefficace sur le plan sanitaire et désastreuse sur les plans économique, social, psychologique.
Voir aussi : "Il est temps d'admettre votre échec" : le Pr Ehud Qimron charge les autorités israéliennes
Le 15 janvier, le centre médical de Tel Aviv Sourasky (Ichilov), plus grand établissement de soins en Israël, avait directement pris à partie le ministère de la Santé depuis son compte Twitter :
Wow, Israel's largest hospital directly attacks Ministry of Health from official account!
— Dr. Eli David (@DrEliDavid) January 15, 2022
Translation of main points:
Omicron poses minimal risk
No Covid patients on ventilators
Most "Covid hospitalizations" are not because of Covid
Mass tests and quarantines are insane https://t.co/wyYe2fUrbS
D’après Israel National News, le professeur Jacob Giris, qui y dirige un service Covid, a plus tard déclaré sur Channel 13 que « 80 % des patients qui font des formes sont complètement vaccinés ».
« En ce moment, la plupart de nos cas graves sont vaccinés », a-t-il souligné. « Ils ont eu au moins trois injections. Entre 70 % et 80 % des cas graves sont vaccinés. Le vaccin n'a aucun impact sur le développement d’une forme grave. C'est pourquoi seulement 20 % à 25 % de nos patients ne sont pas vaccinés. »
Prof. Giris, director of Covid division at largest hospital in Israel :
— Dr. Eli David (@DrEliDavid) February 3, 2022
"80% of severe Covid cases are at least triple-vaccinated."
(Note that "fully vaccinated" in Israel means triple or quadruple vaccinated)https://t.co/NF47ZoINoC pic.twitter.com/cj0TYOwQT0
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