Joe Biden accorde 39 grâces et commue près de 1 500 peines, dont celle d’un Chinois condamné pour pornographie juvénile

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France-Soir
Publié le 15 décembre 2024 - 11:30
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Watson / AFP
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Une autre grâce qui ne passe pas. Dix jours après avoir suscité la critique en graciant son fils Hunter, reconnu coupable dans des affaires de détention illégale d’armes à feu et de fraude fiscale, le président américain sortant, Joe Biden, a fait usage de ses prérogatives présidentielles pour accorder 39 autres grâces et commuer la peine de près de 1 500 personnes. Si ces grâces profitent uniquement aux personnes dont les peines concernant des “actes non violents”, un ressortissant chinois, qui a plaidé coupable de possession de milliers d'images de pornographie juvénile, en a profité, dans le cadre d’un accord diplomatique entre Washington et Pékin. 

Début décembre, Joe Biden a accordé une grâce à son fils Hunter. Une volte-face puisque le président avait précédemment affirmé qu'il ne gracierait pas son fils, se posant en “défenseur” de l'État de droit face aux accusations d'abus de pouvoir de son prédécesseur, Donald Trump. Le démocrate a justifié sa décision en évoquant une "erreur judiciaire", arguant que Hunter avait été poursuivi principalement en raison de son lien familial avec lui. 

Ce dernier est impliqué dans plusieurs affaires judiciaires, notamment pour détention illégale d'armes à feu et fraude fiscale. En juin 2024, il a été reconnu coupable pour avoir menti sur son addiction lors de l'achat d'une arme, et en septembre 2024, il a plaidé coupable pour avoir omis de payer 1,4 million de dollars d'impôts entre 2016 et 2019. La grâce couvre alors tous les délits fédéraux potentiels que Hunter aurait pu commettre entre le 1er janvier 2014 et le 1er décembre 2024, ce qui pourrait également le protéger d'éventuelles poursuites liées à ses activités professionnelles, notamment avec la société ukrainienne Burisma. 

Cette décision a été critiquée par des opposants politiques qui y voient un abus de pouvoir et un favoritisme flagrant. Les républicains, en particulier Donald Trump, ont exprimé leur indignation, soulignant que cette grâce pourrait également protéger Joe Biden lui-même des accusations liées aux affaires de son fils. Un sondage mené par AP-Norc a montré mercredi que seulement deux Américains sur dix soutenaient cette décision. 

Le président sortant a-t-il voulu taire la polémique ainsi que les accusations de favoritisme ? En tout cas, il en aremis une couche jeudi 13 décembre, en accordant un nombre record de grâce et de commutations de peines. Selon la Maison Blanche, il s'agit du plus grand nombre d'actes de clémence en un jour dans toute l'histoire américaine. 

Une commutation de peine fait grincer les dents 

"Je gracie 39 personnes qui ont fait preuve d'une réhabilitation réussie", a-t-il indiqué dans un communiqué. “L'Amérique s'est construite sur la promesse de possibilités et de secondes chances", a ajouté Joe Biden. "En tant que président, j'ai l'immense privilège d'accorder ma clémence aux personnes qui ont fait preuve de remords et de réhabilitation” après avoir été condamnées pour des crimes non violents, et qui "s'étaient engagées à rendre leur communauté plus forte et plus sûre". 

Les 1 500 personnes concernées, note-t-on, purgeaient leur peine chez elles depuis au moins un an. Elles ont été placées en détention à domicile “pendant la pandémie de Covid” et elles “ont réussi à se réinsérer dans leur famille et leur communauté et ont montré qu'elles méritaient une seconde chance”, poursuit Biden. 

Le communiqué évoque quelques cas concernés, sans citer les crimes leur ayant valu une condamnation. Il est alors question d’un "ancien combattant et pilote décoré, qui consacre une grande partie de son temps à aider les membres de son église", une infirmière "qui a dirigé les interventions d'urgence lors de plusieurs catastrophes naturelles", ou encore un conseiller en addiction "qui travaille bénévolement". 

Toutefois, un cas particulier a suscité l’attention, puis la polémique. Il s’agit de Shanlin Jin, un doctorant chinois qui a été condamné pour possession de pornographie juvénile et avait purgé près de huit ans de prison. Cette commutation-là ne passe pas, en raison de la nature des crimes pour lesquels il avait été reconnu coupable. La décision serait liée à la libération de trois Américains détenus en Chine, dans le cadre d’un accord diplomatique portant sur un échange de prisonniers entre Washington et Pékin.  

Mais la libération des trois Américains, Mark Swidan, Kai Li et John Lung avait été annoncée fin novembre. Mark Swidan, un homme d'affaires texan, avait été arrêté en 2012 pour des accusations de trafic de drogue et a passé douze ans en prison. Kai Li, un homme d'affaires new-yorkais d'origine chinoise, avait été condamné pour espionnage après un procès secret. John Leung avait également été condamné à perpétuité pour des accusations similaires. 

D’autres grâces à venir 

Selon des médias US citant le ministère de la Justice, la commutation accordée au doctorant a été officialisée le 22 novembre. Mais cette clémence stipule que Shanlin Jin doit partir et “rester en dehors des limites des États-Unis”. 

Si des élus démocrates saluent les grâces et commutation accordées par Joe Biden, le cas de Shanlin Jin fait crisper les dents chez les républicains. Des représentants ont critiqué cette décision, rappelant les crimes pour lesquels le ressortissant chinois a été condamné. “Les démocrates sont vraiment le parti des pédophiles”, a écrit la représentante Marjorie Taylor Greene (Géorgie) sur X.  

La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a affirmé lors d'un point-presse jeudi après-midi que le président souhaitait "prendre des mesures supplémentaires" de grâces et de commutations de peine avant son départ. Des médias rapportent que le locataire de la Maison Blanche envisagerait de gracier de manière préventive plusieurs élus et hauts responsables menacés de poursuites par le camp républicain une fois Donald Trump revenu au pouvoir. 

Shanlin Jin n’est pas le seul Chinois condamné aux États-Unis. En novembre 2022, Yanjun Xu a été condamné pour conspiration d'espionnage économique et vol de secrets commerciaux à 20 ans de prison. Un autre, Ji Chaoqun, impliqué dans des activités d'espionnage, avait été condamné à huit ans de prison en janvier 2023. 

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