Joe Biden gracie son fils Hunter pour fraude fiscale, détention illégale d'arme à feu, et pour tous “les délits fédéraux potentiels” entre 2014 et 2024
Une bien curieuse volte-face. A quelques semaines de son départ de la Maison Blanche, le président Joe Biden a gracié son fils, Hunter, reconnu coupable dans des affaires de détention illégale d’armes à feu et de fraude fiscale. Le démocrate, qui a sans cesse affirmé son intention de ne jamais interférer avec les décisions de justice concernant son fils cadet, évoque une “erreur judiciaire” pour justifier sa décision. Sa grâce couvre surtout tous les délits fédéraux potentiels “entre le 1er janvier 2014 et le 1 décembre 2024”, protégeant ainsi Hunter Biden (et son père ?) de potentielles poursuites liées à la société ukrainienne Burisma, à des laboratoires biologiques en Ukraine ou encore des activités à l’étranger, y compris en Chine.
Hunter Biden, noyé depuis plusieurs années dans moult scandales et controverses, comme l’affaire de son laptop dont les données fuitées ont confirmé de nombreux soupçons de la justice, n’a été condamné que dans deux affaires judiciaires. En juin 2024, il est reconnu coupable de détention illégale d'une arme à feu en 2018, alors qu'il était toxicomane. En septembre 2024, il a plaidé coupable de fraude fiscale pour ne pas avoir payé 1,4 million de dollars d'impôts entre 2016 et 2019.
Joe rompt son engagement et interfère dans la justice
Hunter Biden, le fils du président américain Joe Biden, a été impliqué dans deux affaires judiciaires majeures. En juin 2024, il est condamné pour détention illégale d'arme à feu sur fond de consommation de crack. En septembre 2024, il plaide coupable de fraude fiscale pour ne pas avoir payé 1,4 million de dollars d'impôts entre 2016 et 2019, évitant ainsi un second procès. La peine pour cette dernière affaire avait été mise en délibéré au 16 décembre, et Hunter Biden risquait jusqu'à 25 ans de prison pour l'ensemble de ces faits.
Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, l’ancien vice-président sous Barack Obama a toujours affirmé son intention de ne pas accorder une quelconque grâce présidentielle à son fils, se targuant d’être “différent” de Donald Trump, qui s’était montré très critique à l’égard de la justice pendant son premier mandat.
Lors de la condamnation de Hunter en juin, le président s’était alors rangé à la décision de la justice. “Je m’en tiens à la décision du jury. Je le ferai et je ne le gracierai pas”, avait-il réitéré. En septembre encore, il campait sur sa position, après la décision de la justice liée à l’affaire de fraude fiscale.
Mais, à la surprise générale, à quelques semaines de son départ de la présidence américaine, Joe Biden rompt son engagement. Il gracie son fils, ex-avocat et hommes d’affaires qui ne pourra plus être condamné. Pour justifier ce revirement, le président américain a évoqué une “erreur judiciaire”. “Aucune personne raisonnable qui examine les faits dans les affaires concernant Hunter ne peut aboutir à une autre conclusion que celle-ci : Hunter a été pointé du doigt uniquement parce qu'il s'agit de mon fils – et cela ne va pas", a-t-il écrit dans un communiqué.
"J'ai dit que je n'interférerai pas avec les prises de décision du ministère de la Justice et j'ai tenu parole même quand j'ai vu mon fils être poursuivi de manière sélective et injuste", poursuit Joe Biden. Mais “les accusations dans ses affaires ont émergé seulement après que plusieurs de mes opposants politiques au Congrès en ont été les instigateurs pour m'attaquer et s'opposer à mon élection", a-t-il ajouté.
"Je crois dans le système judiciaire mais (...) je crois aussi (qu'une forme) grossière de la politique a infecté ce processus et (que) cela a conduit à une erreur judiciaire”, a-t-il ajouté.
Graciés de toute accusation, mais pas de tout soupçon
Mais cette grâce est bien trop large et ne se limite pas uniquement à ces deux affaires de fraude fiscale et de port illégale d'armes. L’affaire du laptop de Hunter a provoqué de nombreuses controverses, son hygiène de vie, ses délits ainsi que ses activités à l’étranger ayant été dévoilées au grand public.
Il est, par exemple question de l'affaire Burisma, qui implique à la fois Joe Biden et son fils Hunter, sur fonds de potentiels conflits d'intérêts. En 2014, Hunter Biden rejoint le conseil d'administration de Burisma, une importante compagnie gazière ukrainienne, peu après une visite officielle de son père, alors vice-président des États-Unis, en Ukraine. En 2015, Joe Biden a fait pression sur Kiev pour le renvoi du procureur général ukrainien qui enquêtait sur Burisma. Les démentis des Biden quant à l’implication du père dans cette affaire n’ont jamais pu lever les doutes ni mettre fin aux soupçons de conflit d’intérêts.
La grâce accordée par le père à son fils couvre non seulement les délits fiscaux et les délits liés aux armes à feu, mais tous les délits fédéraux potentiels que Hunter Biden aurait pu commettre “entre le 1er janvier 2014 et le 1er décembre 2024”. Hunter et Joe Biden ne risquent plus de poursuite pour le mandat du fils au sein du conseil d’administration de la société Burisma ni pour la plupart de ses autres activités à l’étranger, y compris en Chine.
Hunter Biden est aussi accusé par Moscou et son ministère de la Défense d'être impliqué dans le financement de laboratoires biologiques en Ukraine, sur la base de documents saisis dans ce pays après l’invasion russe. Ceux-ci démontreraient que le fonds d'investissement Rosemont Seneca Partners, présidé par Hunter Biden, aurait parrainé un programme biologique militaire dans le pays.
Cette grâce protège surtout le président américain et son fils d’une éventuelle poursuite de la part de Donald Trump, qui s’est toujours montré critique à leur égard. Le président entrant a d’ailleurs réagi au communiqué de son rival démocrate, aussi bien en 2020 que cette année, avant le remplacement de Joe Biden par Kamala Harris compte tenu de son état de santé, particulièrement mentale.
Le républicain a réagi sur son réseau Truth Social dimanche en écrivant : “La grâce accordée par Joe à Hunter inclut-elle les otages (du 6-Janvier), emprisonnés depuis des années ? Quel abus et quelle erreur judiciaire !". Donald Trump avait promis de gracier toutes les personnes condamnées à la suite des événements du Capitole le 6 janvier 2021.
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