L'Argentine veut faire payer les étrangers pour soins médicaux et études dans le public
Le gouvernement argentin a annoncé mardi des modifications au régime migratoire, visant à mettre fin à la gratuité des soins dans la santé publique et à l'exemption des frais d'inscription en université pour les étrangers non-résidents.
Le porte-parole présidentiel Manuel Adorni a déclaré à la presse que le gouvernement allait "établir la fin des soins médicaux gratuits pour les étrangers". Dans un souci d'économies et pour éviter les "voyages sanitaires", a-t-il expliqué, en référence au tourisme médical.
Le porte-parole n'a pas précisé quelle modification serait apportée à la Loi migratoire, mais la portée de l'annonce est relative, car dans l'Argentine fédérale, la santé est compétence des provinces, et quatre d'entre elles ont déjà commencé à faire payer les soins médicaux publics aux non-résidents.
Dans l'une d'elles, la province de Salta (nord) frontalière avec Bolivie et Paraguay, cette mesure mise en place depuis mars a réduit de 95% les soins aux étrangers et permis d'économiser 60 millions de pesos (60.000 dollars), a relevé M. Adorni.
La province de Buenos Aires, gouvernée par le centre-gauche (opposition) a dénoncé la vision du gouvernement ultralibéral du président Javier Milei concernant le "droit à la santé et (le) rôle de l'Etat", et affirmé qu'elle maintiendra la santé publique gratuite pour les non-résidents.
Le porte-parole présidentiel a par ailleurs annoncé que le gouvernement facilitera le fait pour les universités nationales de "facturer des frais aux étudiants étrangers non-résidents" ce qui constituera "une source de revenus pour les établissements d'enseignement supérieur".
Selon les données ministérielles, près de 123.000 étrangers étudiaient en 2022 dans des universités en Argentine, dont 104.998 étudiants jusqu'en licence -la limite pour la gratuité pour les étrangers- soit 4,1% du total.
Des universitaires et juristes ont mis en doute l'annonce du gouvernement, le constitutionnaliste Felix Lonigro assurant qu'un vote du Parlement est nécessaire pour changer la loi d'enseignement supérieur.
Le doyen de la faculté des Sciences de l'Université de Buenos Aires Guillermo Duran a rappelé que pour étudier, les étrangers doivent déjà disposer d'une forme de titre de résidence.
L'Argentine a une tradition bien ancrée d'excellence -quoique déclinante- de ses systèmes de santé et d'éducation publiques, ainsi qu'une politique migratoire d'accueil, ayant été historiquement un pays de forte immigration.
Le porte-parole présidentiel a salué mardi cet accueil historique de migrants qui a fait du pays "une grande nation", mais estimé qu'au fil du temps "la doctrine des garanties migratoires a provoqué des désastres".
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