La guerre à Gaza entame son quatrième mois sans aucun espoir de cessez-le-feu ou de pause humanitaire
MONDE - Le conflit à Gaza a entamé dimanche 7 janvier 2024 son quatrième mois, sans aucun signe de répit à l’horizon. “Nous devons continuer jusqu’à la victoire totale”, affirme le Premier ministre Benjamin Netanyahou. L’armée israélienne a annoncé avoir “achevé le démantèlement de la structure militaire du Hamas dans le nord” de l’enclave palestinienne. Le ministère de la Santé du mouvement fait désormais état de plus de 22 800 morts, majoritairement des civils. Deux journalistes, dont un vidéaste pigiste travaillant avec l’AFP, ont été tués dans un bombardement israélien. Les pressions internationales et les appels au cessez-le-feu s’intensifient au moment où le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, effectue une nouvelle visite au Moyen-Orient. A la Cour internationale de justice (CIJ), Tel-Aviv envisage de plaider “non-coupable” aux accusations de génocide.
Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé le samedi 6 janvier 2024 que 122 personnes ont été tuées et 256 autres blessées par l’armée israélienne en 24 heures. Le même jour, Tsahal a annoncé avoir “achevé le démantèlement de la structure militaire du Hamas dans le nord”. Selon le porte-parole de l’armée Daniel Hagari, les éléments du Hamas opérant encore dans le nord le font “sans structure et sans commandant”.
“Nous devons continuer jusqu’à la victoire totale”
“Nous nous focalisons désormais dans le centre et le sud”, où l’armée israélienne dit poursuivre ses opérations, notamment à Khan Younès, principale ville du sud, considérée comme l’un des bastions du Hamas. Mais dans cette région, "nous allons faire ça autrement", dit-il, en expliquant que des camps de réfugiés du centre de Gaza sont "bondés et plein de terroristes".
Tel Aviv reste inflexible, rejetant les appels au cessez-le-feu et les pressions internationales. “J’ai un message clair pour nos ennemis : ce qui s’est passé le 7 octobre ne se reproduira plus jamais”, affirme Benjamin Netanyahou. “C’est l’engagement de mon gouvernement et c’est la raison pour laquelle nos soldats sur le terrain donnent leurs vies. Nous devons continuer jusqu’à la victoire totale”, a-t-il ajouté, en référence à la destruction totale du mouvement palestinien. "On ne doit pas mettre un terme à la guerre avant que nous n'ayons atteint ces objectifs", précise-t-il.
Ces déclarations surviennent au moment où Antony Blinken, secrétaire d’État américain, entame une nouvelle tournée dans des pays arabes et en Israël. Après avoir visité la Turquie pour parler de l’adhésion de la Suède à l’Otan, il a appelé, depuis Amman, capitale de la Jordanie, à éviter un embrasement du conflit et un “cycle de violence sans fin”, en référence au Liban. “Nous devons nous assurer que le conflit ne se propage pas (...) L’une des véritables préoccupations est la frontière entre Israël et le Liban”, a-t-il déclaré.
Le numéro deux du bureau politique du Hamas, Saleh al-Arouri, a été tué mardi 2 janvier dans une frappe de drone attribuée à Israeël dans la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah. Samedi 6 janvier 2024, le Hezbollah a riposté par des tirs de dizaines de roquettes sur une base militaire dans le nord d’Israël. Les échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise sont quasi quotidiens depuis le 7 octobre. L’embrasement du conflit se manifeste également en Syrie et en Irak, où bases militaires américaines sont ciblées, ainsi qu’en mer Rouge, où les Houthis ont perturbé le trafic maritime mondial.
“Lieu de mort inhabitable”
Antony Blinken a également insisté sur “l’impératif” d’accroître l’aide humanitaire à la population de Gaza, “de réduire le nombre des victimes civiles, de travailler à une paix régionale durable et d’avancer vers l’établissement d’un Etat palestinien”. La situation humanitaire est “catastrophique” selon l’ONU, qui qualifie l’enclave de “lieu de mort inhabitable”. Les bombardements ont détruit des quartiers entiers et poussé 85 % de la population à la fuite.
Gaza est “tout simplement devenue inhabitable”, et ses habitants “font face à des menaces quotidiennes sous les yeux du monde”, déplore le coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths. “Nous continuons à demander une fin immédiate au conflit non pas seulement pour la population de Gaza et ses voisins menacés, mais pour les générations à venir qui n’oublieront jamais les 90 jours d’enfer et d’attaques sur les principes les plus fondamentaux de l’humanité”, a-t-il ajouté.
Dimanche 7 janvier, une frappe aérienne israélienne a tué deux journalistes palestiniens à Rafah. Il s’agit de Moustafa Thuraya, un vidéaste pigiste travaillant avec l’AFP depuis 2019, et Hamza al-Dahdouh, journaliste de la chaîne Al Jazeera, précise le ministère de la Santé. La chaîne qatarie a condamné, dans un communiqué, “le ciblage et l’assassinat” des journalistes à Gaza.
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé avoir évacué son personnel d’un hôpital du centre de Gaza, où “la situation est devenue si dangereuse que certains membres de notre équipe vivant dans le quartier n’étaient même pas en mesure de quitter leurs maisons en raison des menaces constantes des drones et des tireurs d’élite”.
De son côté, la France a, pour la première fois, largué dans la nuit du 4 au 5 janvier sept tonnes d’aide humanitaire dans l’enclave, dans le cadre d’une opération militaire franco-jordanienne. "C'est bien de faire de l’humanitaire quand on est un État, mais on attend aussi une posture diplomatique plus ferme pour condamner cette situation", a réagi Jean-François Corty, vice-président de Médecins du monde.
C’est l’Afrique du Sud qui adopte, jusque-là, une “posture plus ferme”, en engageant une procédure auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) contre l’État hébreu pour “génocide” à l'encontre des Palestiniens à Gaza. Tel-Aviv sera représenté à La Haye par un juge à la retraite de la Cour suprême israélienne, Aharon Barak.
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