La poudrière du Gabon inquiète la communauté internationale, Ali Bongo accuse l'opposition
La situation restait extrêmement tendue au soir de jeudi 1er au Gabon, provoquant les inquiétudes de la communauté internationale et notamment de la France. Depuis le résultat de l'élection présidentielle mercredi 31 août -suspectée d'être entachée de fraudes- la capitale Libreville est le théâtre de violences dont les deux camps se renvoient la responsabilité. Au moins trois morts seraient à déplorer et environ un millier d'interpellations ont été effectuées.
Les heurts ont débuté à l'annonce de la victoire de du président sortant Ali Bongo Ondimba. Cela après des élections extrêmement serrées. D'après la commission électorale, Ali Bongo Ondimba, 57 ans, a été réélu président pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23%). Cet écart marginal représente une différence d'à peine 6.000 voix, sur un total de 627.805 inscrits, dans ce petit pays de 1,8 million d'habitants.
A peine les résultats divulgués, l'Assemblée nationale a été incendiée, le QG de l'opposition pris d'assaut et des émeutes ont éclaté dans la capitale. Réfugié dans un lieu tenu secret, Jean Ping a accusé les forces de sécurité gabonaises. Une vingtaine de leaders de l'opposition et de la société civile restaient séquestrés dans les locaux jeudi soir, tandis que les forces de l'ordre quadrillent Libreville, toujours à l'état de poudrière. A la télévision nationale, Ali Bongo a attribué la responsabilité des violences à des "groupuscules formés à la destruction", qualifiant ainsi l'opposition.
"Compte tenu des désordres actuels, il est vivement déconseillé de circuler à Libreville et sur l’ensemble du territoire gabonais. Il convient de se conformer strictement aux consignes de prudence et de rester à domicile", prévient le Quai d'Orsay à l'intention des Français vivant ou devant se rendre au Gabon. La rentrée des écoles françaises y a été différée d'une semaine. De nombreuses grandes entreprises françaises sont implantées dans ce petit pays pétrolier, notamment Total ou Vinci. En dernier recours pour assurer la sécurité de ses ressortissants, la France dispose d'une base militaire permanente et de 450 hommes au Gabon.
La communauté internationale, a condamné les violences et demandé à ce que le scrutin soit rendu public afin que soit étudiées les accusations de fraude. François Hollande a appelé "toutes les parties à la retenue et à l'apaisement, ce qui suppose un processus garantissant la transparence sur les résultats du scrutin". Le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lui aussi demandé une "vérification transparente" des résultats. La présidence du Gabon a répondu que les "pressions internationales" ne changeraient pas l'application de la loi gabonaise, qui prévoit la publication des résultats par région.
Le Gabon vit sous la "dynastie" des Bongo depuis plus de 35 ans. Le père de l'actuel président, Omar Bongo, était arrivé au pouvoir en 1979. Son fils lui avait succédé à sa mort en 2009.
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