Le contribuable suisse garant du rachat de Crédit Suisse par UBS
Ce dimanche 19 mars, le Conseil fédéral helvétique a annoncé le rachat de la banque Crédit Suisse par sa rivale UBS pour un montant de 3 milliards de francs. La Confédération apporte une garantie d’un montant de 9 milliards de francs à UBS à cette transaction. Dans cette énième opération de sauvetage, c’est encore la solution de la garantie publique qui est choisie par les gouvernants. Il revient au contribuable de se porter garant des éventuelles pertes que pourraient subir UBS à l’issue du rachat.
Jeudi dernier, la Banque nationale suisse a annoncé octroyer un prêt de 50 milliards de francs en faveur de Crédit Suisse, et la mise à disposition de liquidités illimitées. Ces efforts ne semblent pas avoir suffi à sauver la banque.
« Une garantie de 9 milliards de francs à UBS afin de réduire les risques »
C'est un séisme dans le monde bancaire. Le géant de la gestion de fortune Crédit Suisse va donc être absorbé par un autre établissement après 167 ans d’existence. Dans la tourmente depuis plusieurs mois, sa situation sur les marchés financiers était telle qu’elle nécessitait un « sauvetage d'urgence » d’après Colm Kelleher, le dirigeant de la banque UBS.
Le président de la Confédération Alain Berset a confirmé la nouvelle hier soir en conférence de presse à Berne. La ministre des Finances Karin Keller-Sutter a quant à elle constaté que « la liquidité du Crédit Suisse n’était plus assurée », pour ensuite expliquer que « la Confédération accorderait une garantie de 9 milliards de francs à UBS afin de réduire les risques que cet établissement encourt du fait de l’acquisition de certains actifs (…) dans la mesure où ces éventuelles pertes devaient dépasser un seuil déterminé ».
Le gouvernement helvétique sauve donc Crédit Suisse et ne le laisse pas mettre la clé sous la porte, comme Barack Obama avait laissé Lehman Brothers faire faillite en 2008. Il aurait aussi pu décider de nationaliser.
La solution de la garantie publique pour rassurer les marchés
Le Conseil fédéral a examiné trois scénarios pour sauver Crédit Suisse, parmi lesquels figuraient une nationalisation temporaire ou une aide étatique sous forme de liquidités. Le gouvernement a jugé que le rachat par un autre établissement bancaire, accompagné par l'Etat, constituait le meilleur compromis.
Apparemment, le bilan de de Crédit Suisse comporte un certain nombre d’actifs risqués qu’UBS ne veut pas prendre seul à sa charge. Mais le gouvernement suisse offre la possibilité à l’acquéreur de couvrir ses pertes sur les marchés au-delà d’un certain montant. Si cette option évite à l’Etat de devoir immédiatement débourser des fonds pour racheter les actifs en question, elle n’en transfère pas moins les risques (sans les bénéfices) sur la tête du contribuable. Sans qu’on lui demande son avis, voici que ce dernier se retrouve garant d’un portefeuille d’actifs dangereux sur lequel il n’a aucun pouvoir de gestion. Et pour un montant de 9 milliards de francs suisse.
Mais garantir les portefeuilles d’actions toxiques avec les deniers publics présente « l’avantage » de rassurer les marchés financiers, et de mettre les actionnaires à l’abri. N’est-ce pas ça le plus important, finalement ? S’il fallait encore démontrer que nous vivons dans un système financier qui repose sur une privatisation des bénéfices et une socialisation des pertes, en voilà l’exemple parfait.
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