Le tremblement de terre d'Al-Haouz ravive la crise diplomatique entre la France et le Maroc
DIPLOMATIE - Lundi 11 septembre, quelques jours après le séisme, le Maroc a accepté l'offre d'assistance de quatre nations amies, à savoir l'Espagne, le Royaume-Uni, les Émirats arabes unis et le Qatar. Néanmoins, malgré avoir été l'un des premiers pays à proposer son aide, la France brille par son absence au sein de cette liste.
Les relations diplomatiques entre le Maroc et la France connaissent des tensions persistantes. Outre les désaccords concernant la question du Sahara occidental, où le Maroc se sent peu soutenu par la France, et la problématique des refus de visas pour les citoyens marocains, il y a un sentiment d'embarras suite à la décision du pays, récemment sinistré par un tremblement de terre, de ne pas solliciter d'aide pour les opérations de secours et d'urgence.
Le rejet de l'assistance proposée par l'État français
Le Maroc affirme sa volonté de garder le contrôle de sa propre gestion de crise. Le pays aspire à ne pas se retrouver simplement soumis à l'autorité d'un État ou d'une organisation non gouvernementale internationale. Y compris lorsqu'il s'agit de décider du type d'intervention à mettre en place, et des éventuelles tensions qui peuvent en découler.
Il s'agit là d'une forme de diplomatie dans le domaine humanitaire qui ne cherche pas l'assistance d'un État qui dispose de moyens en la matière, mais qui souhaite conserver une certaine indépendance. Ainsi, bien que l'État français ait offert son aide, le Maroc, en exerçant son droit souverain à prendre sa propre décision, n'a pas jugé nécessaire de solliciter l'assistance de la France.
Le roi du Maroc a motivé cette décision en insistant sur l'importance de l'assistance utile et nécessaire, excluant ainsi une surabondance d'aide qui aurait pu perturber la coordination efficace des équipes opérant sur le terrain. En revanche, le royaume marocain a choisi de recevoir l'aide humanitaire proposée par des associations françaises et des organisations marocaines établies dans diverses régions d'Europe, ce qui a également suscité un certain étonnement en France.
Refroidissement diplomatique
Le déclin des relations entre le président Macron et le roi Mohammed VI est de plus en plus prononcé. Après avoir rappelé son ambassadeur en février 2023, le Maroc n'a pas désigné de remplaçant, et plusieurs visites d'État ont été reportées.
Rappelons qu'à la fin du mois de février, le président français a été contraint d'accepter ce désaveu aussi brutal et peu diplomatique. "Les relations personnelles sont amicales et le resteront", a toutefois déclaré Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse, en faisant référence au roi du Maroc Mohammed VI. La réponse marocaine a été immédiate. Dans l'hebdomadaire Jeune Afrique, une source officielle marocaine a démenti de façon cinglante : "Les relations ne sont ni amicales ni bonnes, ni entre les deux gouvernements, ni entre le Palais-Royal et l'Élysée".
Un autre symptôme de l'éloignement entre la France et le Maroc réside dans la décision du roi Mohammed VI de reporter définitivement une réunion qui avait déjà été précédemment repoussée avec le président français Emmanuel Macron à Paris.
Les autorités marocaines ont souligné qu'une éventuelle visite du président français Emmanuel Macron dans le pays n'était "pas à l'ordre du jour", contredisant les récentes déclarations de la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, qui a affirmé que Paris avait "reçu une invitation" de Mohamed VI.
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