"Massacre" à Gaza, "grand jour" à Jérusalem : Trump enflamme le conflit israélo-palestinien
Bain de sang contre bain de foule. Une soixantaine au moins de Palestiniens ont étés abattus pas les balles des snipers de l’armée israélienne alors qu’ils manifestaient à la frontière gazaouie, lundi 14. La foule bigarrée, composée d’hommes et de femmes de tous âges bien que principalement jeunes, hurlait sa colère à coups de pierres et de cerf-volant enflammés contre l’inauguration de la nouvelle ambassade américaine déplacée de Tel-Aviv à Jérusalem, capitale toujours contestée par les Israéliens et les Palestiniens.
A moins de 100 kilomètres à vol d’oiseau du carnage (il y a également plus de 1.200 blessés par balle dans la bande de Gaza), le contraste était saisissant. Le calme régnait ainsi à Jérusalem où était organisée une fête en grande pompe pour célébrer le déménagement de l’ambassade des États-Unis. La propre fille de Donald Trump, Ivanka, et son mari Jared Kushner -missionné par le président américain en tant que médiateur du conflit qui ensanglante le Proche-Orient depuis des décennies- étaient présents.
Un bain de sang dans la bande de Gaza, donc. Au milieu de la fumée âcre des pneus allumés pour tenter d'aveugler les snipers israéliens et leurs drones, des milliers de gazaouis se sont approchés de la frontière en signe de protestation. Certains ont fait mine de tenter de la franchir malgré la promesse de l’Etat hébreu de faire preuve, comme il le fait depuis des semaines, de la plus grande fermeté. "L’armée a assez de balles pour eux tous", avait ainsi prévenu le député israélien Avi Ditcher, ancien responsable de la sécurité intérieure, à propos des appels à franchir la barrière hermétique autour de l'enclave palestinienne.
Lire: Washington célèbre son ambassade et accuse le Hamas pour les morts à Gaza
Le massacre annoncé a bien eu lieu. Depuis des semaines, et le début de la "marche du retour", les esprits s’échauffent et le ton monte. Aux manifestations au départ pacifiques, Israël a immédiatement répondu par les armes, tombant dans le piège des provocations. Le mouvement s’est ainsi très vite radicalisé, pour le résultat de lundi: une soixantaine de morts au moins (le bilan grimpait encore ce vendredi matin), dont des enfants, et plus de 1.200 blessés, selon le bilan de l'autorité palestinienne. Si la majorité des victimes, morts ou blessés, sont des civils, l'armée israélienne avance quant à elle "trois tentatives d’attaques par des hommes armés pendant les émeutes: deux équipes qui ont ouvert le feu sur des soldats israéliens et un groupe qui a essayé de placer un engin explosif artisanal le long de la frontière".
Les condamnations par la communauté internationales ont fleuri toute la journée de lundi, des plus sévères (le président turc parlant de "génocide" et rappelant ses diplomates) aux plus mesurées (l'UE s'est contentée de demander à "toutes les parties d'agir avec la plus grande retenue"). Emmanuel Macron a pour sa part "condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants" palestiniens et rappelé "la désapprobation de la France à l'encontre de la décision américaine d'ouvrir une ambassade à Jérusalem".
Car, au-delà des privations, du blocus de Gaza et des colonisations, c'est bien la décision de Donald Trump qui a mis le feu aux poudres, couplée à la reconnaissance officielle par son pays de Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu en décembre dernier. En parallèle le "plan de paix" promis par le président des Etats-Unis pour début 2018 se fait toujours attendre. Son gendre, Jared Kushner, qui doit le concocter, a assuré lundi que "les Etats-Unis sont prêts à tout faire pour soutenir un accord de paix". A quelques kilomètres de là, les Palestiniens mourraient sous les balles.
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