Ordre de déportation des russophones du Donetsk
CHRONIQUE — Vendredi dernier, un Volodymyr Zelensky ressemblant de plus en plus à Chaplin, de moins en moins à Churchill, a pris l’ordre de l’« évacuation » de la ville de Donetsk. Cet ordre émis dans le cadre d’une de ses vidéos de type amateur, où l’on voit le président mal rasé, dans sa chemise courte vert olive, désormais traditionnelle, est un oukase qui ne vient précédé d’aucune consultation, pas plus des autorités locales, que des entités internationales intervenant dans ce type de configuration belliqueuse, telles que la Croix Rouge.
Non seulement l’ordre ne s’accompagne d’aucune garantie pour les personnes déplacées, mais encore, dans le même communiqué, Zelensky enjoint les habitants de Donetsk de « s’approcher des combattants qui restent. Essayez de les convaincre que vous devez partir ». Le message subliminal n’est pas perçu par les médias occidentaux. Mais en décryptant l’imposition, cela consiste à faire passer les russophones de Donetsk par les fourches caudines des miliciens nationalistes ukrainiens pour obtenir un sauf conduit dans le cadre de la déportation organisée précisément par ces derniers. En tout état de cause, si cela venait à se confirmer, Zelensky serait en train de commettre un autre délit de lèse humanité. Les déportations de populations sont interdites par la quatrième convention de Genève, avec l’aggravant que les personnes en charge du transfert des civils seraient leurs agresseurs.
Zelensky explique que cette déportation a pour objectif « de ne pas donner l’opportunité aux russes de tuer plus de gens ». Or, Zelensky associe les habitants de Donetsk aux Russes, voire à des traîtres. Ce qui place ces populations en situation de risque extrême. Il s’agit potentiellement de 220 000 personnes, dont un quart d’enfants qui seraient concernés. Cette population est victime d’actes de lèse humanité, commis par les groupes paramilitaires ukrainiens depuis 2014. Elle devait être protégée par les accords de Minsk, lesquels n’ont jamais été respecté.
Si cette déportation se confirme, elle aura lieu en absence totale de témoins. L’OSCE, pour ce que cela a servi, s’est retirée dès le début de l’intervention russe et il n’existe aucune présence journalistique internationale sur place qui ne viennent accompagnée d’un agent de liaison du gouvernement ukrainien. Une presse totalement acquise par avance, de toute manière, au discours de Kiev.
Évacuation obligatoire est une autre manière de dire déportation. Lorsque l’on en vient à parler de déplacement de groupes ethniques dans une ex-République soviétique, il convient d’être très attentif compte tenu de ce que les déportations ont représenté de tragédies et de crimes contre l’humanité en Union Soviétique. Des Ukrainiens, l’inconscient collectif retient la collaboration ultra zélée avec les nazis — laquelle en Bessarabie en était arrivé par sa cruauté à choquer même les plus impitoyables criminels de guerre allemands. En revanche, l’opinion oublie que cette barbarie se combine avec une autre catégorie de crime contre l’humanité. L’Ukraine, plus petite république de l’Union Soviétique, était aussi la plus représentée entre les siloviki de la répression de l’ex-URSS. Dans la mesure où ce pays maintient un lien transgénérationnel inhabituellement rigide avec son passé infamant, et ce de part et d’autre, tout ce qu’il peut entreprendre, dès lors qu’il y a un déplacement forcé, devrait être sujet à effroi.
Pourquoi maintenant ? Le risque pour Zelensky serait de revenir à la situation ante-2022. En octobre 2021, la récurrence de son nom était associée aux Pandora Papers. Le magazine Forbes tirait à boulet rouge contre son gouvernement, comme un des plus corrompus d’histoire de l’Ukraine. Son image de politique réformateur de 2019, qui allait mettre un terme au pouvoir des oligarques, en prenait en coup, en découvrant qu’il avait accumulé plus de sociétés offshore qu’aucun de ses prédécesseurs, pourtant figurant entre les mandataires les plus corrompus du monde. Plusieurs structures de Zelensky étaient découvertes aux Îles Vierges Britanniques, Belize, Chypre, entre autres. Ce que les Pandora Papers révélaient fin 2021 est que l’Ukraine de Zelensky est le pays du monde avec le plus de structures offshore ouvertes pour du personnel politiquement exposé (PPE). 38 sociétés contre 19 en Russie et 9 au Brésil, pour comparer avec d’autres nations riches en matières premières, avec un niveau d’insécurité juridique critique et des opportunités de corruption en conséquence. L’Ukraine n’ayant pas même la taille d’une sous division administrative d’un de ces deux pays, passait haut la main, le niveau d’immoralité politique.
Zelensky, son épouse et plusieurs personnes de son entourage, sont titulaires d’un réseau d’entreprises de siphonnage. Cela a été démontré en 2021. Entre ses personnes se trouvent son premier conseilleur Sergey Shefir, Ivan Bakanov ex-chef du SBU, son ami Andrey Yakovlev de son ancienne société de production. Le conflit a aussi placé un voile de pudeur sur le scandale de blanchiment de 40 millions de dollars de Privat Bank, la société appartenant au parrain mafieux de Zelensky, Igor Kolomoiskyi. En 2021, Zelensky n’avait pas encore pu censurer tous les journaux dissidents, comme c’est le cas en 2022. Sa probabilité de réélection était extrêmement compromise. Cette corruption s’orchestrait dans le cadre de l’exceptionnel transfert de fond qui va de 2014 à 2021. Depuis, les fonds stratosphériques arrivés d’Occident vers ce gouvernement hautement corrompu sont sans commune mesure historique.
Rien n’est plus dangereux qu’un président corrompu, qui a tout à perdre et aurait beaucoup de comptes à rendre en cas de retour vers la normalité. Ces jours au pouvoir dépendent principalement de la longévité politique de Joe Biden, voire de sa longévité tout court. C’est pour cela qu’il convient d’être attentif au sort des populations livrées à sa vindicte et de reprendre le difficile inventaire des fonds alloués à l’Ukraine.
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