Pollution atmosphérique en Chine : une étude confirme la sous-estimation des données locales
La Chine est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre et de mercure, mais c’est aussi un pays officiellement très engagé dans les efforts de réduction des émissions de Co2. Pour essayer de “reverdir” son blason, il semble que la Chine ait aussi manipulé les données concernant sa pollution atmosphérique. Des chercheurs des universités de Harvard et de Boston ont comparé les données des stations de surveillance officielles chinoises avec celles des ambassades américaines dans cinq des principales villes du pays, mettant en évidence d’importantes disparités concernant les quantités relevées relatives aux particules fines PM2,5 (indicateur standard de la qualité de l'air).
Les disparités fréquentes des données ne font pas penser au hasard
Jesse Turiel de l'Université de Harvard et Robert Kaufmann de l'Université de Boston, ont publié le 21 avril dernier, un article en libre accès dans la revue scientifique Plos One, révélant que les données de pollution atmosphérique collectées en Chine pourraient avoir été modifiées, pour la période entre janvier 2015 à juin 2017.
Les chercheurs ont identifié des heures pendant lesquelles les données locales ont temporairement divergé des stations américaines de manière statistiquement significative, sur des périodes qui coïncident avec des pics de pollution. D’une manière générale, les résultats suggèrent que, lorsque la pollution de l'air est élevée, les stations locales signalent systématiquement des niveaux de PM2,5 inférieurs à ceux rapportés par les stations américaines. « Nos travaux révèlent des preuves de sous-déclaration systématique des niveaux de pollution de l'air par les autorités locales dans quatre des cinq villes chinoises testées. Cela suggère qu'entre 2015 et 2017, certains gouvernements locaux en Chine ont mal déclaré les données sur la qualité de l'air communiquées au ministère de l'environnement, en particulier les jours de forte pollution » ont déclaré les auteurs.
Pourquoi la Chine aurait-elle manipulé ses données atmosphériques?
Selon l'étude, certains responsables locaux en Chine pourraient sous-déclarer les chiffres concernant la pollution atmosphérique pour éviter des répercussions professionnelles, qui interviennent lorsque des pics sont mesurés. La pratique est apparemment généralisée, et le grand public et d'autres observateurs sont souvent sceptiques à l'égard des données locales.
Malgré un manque d’exactitude, l'étude confirme une progression de la Chine en matière environnementale
Les chercheurs soulignent que les données locales sur la pollution de l'air en Chine sont toutefois nécessaires et confirment que, malgré une sous estimation des chiffres, la qualité de l'air du pays s'est nettement améliorée ces dernières années. Depuis 2000, le nombre de décès par pollution atmosphérique en Chine a dépassé les 30 millions. Les particules fines PM2,5 sont liées au cancer du poumon, à l’asthme et aux maladies cardiaques, et leur présence dans l’air menace non seulement la population chinoise, mais aussi la santé et l’économie mondiale. Le pays a pris conscience qu'il devait s’attaquer à la pollution et a développé le concept de civilisation écologique socialiste, « pour protéger l'environnement pour les futures générations », selon les mots du président chinois Xi Jinping. En 2020 la Chine a présenté un plan de protection écologique pour les quinze prochaines années avec pour objectif d’étendre sa couverture forestière d’un tiers sur cette période.
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