QatarGate : Eva Kaili reprendra ses fonctions au Parlement européen, "elle pense être acquittée" selon son avocat
QATARGATE - Eva Kaili est de retour au Parlement européen. Quelques mois après avoir été inculpée et écrouée pour son implication dans le scandale de corruption "QatarGate", l’euro-députée grecque, déchue de son poste de vice-présidente du Parlement en décembre 2022, a été autorisée par la justice belge à retirer son bracelet électronique et a été libérée de son assignation à résidence. Son avocat a annoncé son retour au parlement pour exercer ses fonctions en attendant son procès, à l’issue duquel "elle pense être acquittée", dit-il.
Début décembre 2022, l’élue socialiste, une des 14 vice-présidents du Parlement européen a été interpellée pour des soupçons de corruption. Elle est soupçonnée d’avoir été payée par le Qatar pour défendre ses intérêts, notamment sa réputation en matière de droits humains et de traitement des travailleurs étrangers.
Trois autres personnes ont été écrouées dans cette enquête, dont son père, son compagnon Francesco Giorgi et le parlementaire Pier Antonio Panzeri. Des sacs contenant 150 000 euros ont été découverts dans l'appartement bruxellois de Kaili, tandis que son père a été surpris avec une valise contenant 750 000 euros en liquide. En outre, 600 000 euros ont été saisis au domicile de Pier-Antonio Panzeri.
Eva Kaili pense "qu’elle sera acquittée"
Les accusations de corruption ont rapidement été rejetées par le Qatar, contre lequel le Parlement a rapidement pris des mesures. Pier Antonio Panzeri et Francesco Giorgi étaient également accusés d’avoir été payés par le Maroc pour défendre ses intérêts au sein de l’Union Européenne. Tout comme Doha, Rabat a également rejeté ces accusations.
Eva Kaili niait toute corruption mais a été maintenue en prison par la chambre du conseil de Bruxelles, au même titre que Francesco Giorgi et Pier Antonio Panzeri. Ces trois accusés ont été libérés l’un après l’autre entre février et avril 2023 puis placés en liberté surveillée ou assignés à résidence en portant un bracelet électronique. Le quatrième eurodéputé écroué, Marc Tarabella, a même repris la semaine passée son siège au conseil communal d'Anthisnes en Belgique.
Le jeudi 25 mai 2023, l’ancienne journaliste et présentatrice TV a été autorisée par la justice belge à retirer son bracelet électronique et à quitter la résidence où elle a été assignée. En attendant son procès pour corruption, Eva Kaili va même reprendre ses fonctions au Parlement européen. Elle doit néanmoins rester sur le territoire belge, précise-t-on.
Selon une déclaration de son avocat Michalis Dimitrakopoulos à la chaîne de télévision grecque Skaï, “elle sera au Parlement européen la semaine prochaine pour exercer ses fonctions” de députée. Son premier objectif est de “déterminer auprès du Parlement si sa surveillance, son arrestation et son incarcération ont violé ses droits en tant que députée européenne”.
L’avocat Michalis Dimitrakopoulos a ajouté le vendredi 26 mai que Pier Antonio Panzeri était le “cerveau” de cette affaire et que les empreintes digitales d’Eva Kaili n'avaient pas été retrouvées sur l'argent saisi par la police. D’ailleurs, a-t-il ajouté, l’ex-présidente du Parlement pense “qu’elle sera acquittée si l’affaire est jugée”.
La destitution d’un député du Parlement européen de ses fonctions de président, vice-président ou de questeur n’entraîne pas le retrait de son mandat d’eurodéputé. Selon le Règlement intérieur du Parlement européen, si un eurodéputé “élu conformément aux lois électorales nationales” est reconnu coupable d’une infraction pénale, “c’est aux autorités de l’État membre qu’il revient de décider si son mandat doit lui être retiré”. Une procédure expliquée dans l’alinéa 4 l’article 4 du Chapitre 1 du Titre 1 du Règlement.
Le parti socialiste grec (PASOK) dont Eva Kaili est membre avait annoncé son “écartement” dès l’éclatement de ce scandale. Si plusieurs élus du parti avaient demandé qu'elle cède son siège au Parlement européen, les autorités grecques, qui ont gelé ses avoirs en Grèce, n’ont vraisemblablement pas notifié le retrait de son mandat au Parlement européen.
“Restaurer la crédibilité” du Parlement européen
L’annonce de sa remise en liberté et la reprise des ses fonctions a suscité autant de surprise que d’indignation, chez les internautes, les eurodéputés français, notamment ceux du Rassemblement national ou encore les partisans du “Frexit”.
Le juge d’instruction Michel Claise soupçonne que le Maroc et le Qatar d’avoir effectué des versements en liquide en échange de décisions ou prises de positions favorables des eurodéputés.
Au lendemain de l’interpellation d’Eva Kaili et la perquisition ordonnée par le parquet fédéral, la présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola, avait annoncé une “enquête interne”, des mesures contre la corruption et l’ingérence de puissances étrangères ainsi qu’une réforme de cette institution pour “restaurer” sa crédibilité et “la confiance des citoyens européens”.
Le plan de réforme a été approuvé par les présidents des groupes parlementaires en février 2023. Les mesures prévoient, entre autres, plus de transparence sur les opérations de lobbying, la lutte contre l’ingérence étrangère et l’interdiction des groupes d’amitié avec des pays tiers dans lesquels des interlocuteurs parlementaires officiels existent déjà. Un projet que Roberta Metsola doit mener à terme avant les prochaines élections du Parlement européen, qui auront lieu du 6 au 9 juin 2024.
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