A quelques semaines des JO de Paris, la Russie accueille les Jeux des BRICS avec 5 000 athlètes issus de 97 pays
En attendant les Jeux olympiques (JO) de Paris, dont les préparatifs plus que poussifs entament leur dernière ligne droite, les athlètes de 97 pays se rendront à Kazan en Russie pour participer aux Jeux des Brics, organisés par Moscou, qui préside actuellement cette alliance politique.
Prévu du 12 au 23 juin, cet événement accueillera, selon le vice-Premier ministre russe, Dmitri Chernyshenko, plus de 4 000 participants étrangers, issus de 97 pays, parmi 5 000 athlètes au total. Ces jeux, organisés “sur ordre” du président russe, Vladimir Poutine, suscitent la colère du Comité international olympique (CIO) et de son président, Thomas Bach.
Devant l’exclusion des Russes et Biélorusses des compétitions sportives internationales suite à l’invasion de l’Ukraine, Moscou n’a pas attendu la décision du CIO concernant leur participation aux JO de Paris pour réagir. Pendant l’été 2023, le chef du Kremlin exprimait son souhait d’organiser ses propres jeux avec le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, c’est-à-dire les membres des BRICS, qui avait déjà annoncé son intention de s’élargir.
Le CIO dénonce une “politisation du sport”
Une fois la tenue des Jeux des BRICS confirmée, le CIO n’a pas caché sa colère. Son président, Thomas Bach, réagissait en novembre 2023, recommandant aux fédérations internationales de boycotter les contre-Jeux Olympiques que la Russie comptait organiser. Il a dénoncé une “politisation du sport”, à l’image même de ce dont fait preuve étrangement le CIO en recommandant en 2022 l’exclusion des Russes des JO. “Aucun d'entre nous ne doit participer de quelque manière que ce soit à de tels événements prétendument sportifs à visée politique”, a-t-il déclaré, invitant “chacun” à s’y opposer.
A ses yeux, ces Jeux “russes” menacent “l’autonomie du sport" tout comme celle des fédérations sportives internationales. “Certains veulent décider quels athlètes peuvent concourir, et dans quelles compétitions. D'autres veulent décider où leurs compétitions peuvent avoir lieu. D'autres souhaitent encore organiser leurs propres événements sportifs politiques. Ce dernier cas en particulier signifierait une prise de contrôle gouvernementale des sports internationaux”, faisait-il remarquer, craignant une “obsolescence” du Mouvement olympique.
Comme à Rio en 2016 et à Tokyo en 2021, le drapeau russe ne flottera pas à Paris. La dernière compétition olympique organisée par la Russie remonte à 2014 avec les JO d’hiver à Sotchi. Après des mois de tractations, il a été décidé que seuls les athlètes russes qui ne soutenaient pas la guerre contre l'Ukraine pourraient concourir seulement sous bannière neutre.
Libre désormais aux fédérations nationales russes de chaque sport de décider de l’intégration ou non de chaque athlète. La raison, officielle, serait liée aux transgressions répétées des règles antidopage, à l’origine de lourdes tensions entre Moscou et le CIO depuis une décennie.
Le Kremlin multiplie les Jeux
La rupture sera prononcée et la Russie, qui associe le Comité olympique à l’Occident, répliquera par trois initiatives. Bien avant ces Jeux des BRICS, ce sont les Jeux du Futur qui se sont déroulés en février à Kazan. Il s’agissait de la première compétition internationale de “phygital games”, des activités sportives mêlant le physique et le digital, ayant vu la participation de 1 400 athlètes environ.
Quelques semaines avant le coup d’envoi des JO de Paris, les athlètes de 97 pays se rendent à Kazan (Est de Moscou), qui accueille cette fois-ci les Jeux des Brics. La compétition semble prisée puisque, à en croire le vice-Premier ministre russe, Dmitri Chernyshenko, plus de 4 000 participants étrangers sont attendus du 12 au 23 juin.
"La Fédération de Russie présidera les BRICS en 2024, et cela revêt une importance prioritaire pour notre pays dans les conditions actuelles. Les Jeux des BRICS, organisés sur ordre du président Vladimir Poutine, sont un élément important du plan de la présidence des BRICS de notre pays. 97 pays ont déjà confirmé leur participation", a-t-il déclaré.
"Le ministère russe des Sports a élaboré, sur ordre du comité d'organisation, le programme sportif final en fonction des candidatures reçues. Il comprend 27 sports", a renchéri le Vice-ministre des Sports, Alexei Morozov.
A la fin des Jeux paralympiques de Paris en septembre, un autre événement sportif se tiendra encore en Russie, les Jeux de l’Amitié. Ils sont prévus le même mois à Moscou et à Ekaterinbourg. L’événement n’est pas nouveau et remonte déjà à 1984, lorsque l’Union soviétique avait boycotté les JO de Los Angeles. Il est question de la participation de 70 pays et d’un budget de 8 milliards de roubles. Ces Jeux semblent s’inscrire sur la durée puisqu’une édition hivernale est prévue en 2026 à Sotchi puis une autre mouture en 2028 dans un pays allié de Moscou.
Le CIO, qui n'a pas la capacité juridique à interdire ces Jeux, persiste alors à dénoncer “la politisation du sport” ainsi que “l’offensive diplomatique très soutenue” de la Russie contre lui et son président. Les JO de Paris serviront pourtant, selon le président Emmanuel Macron, à “demander à Moscou un cessez-le-feu en Ukraine”, en vertu de la trêve olympique adoptée fin novembre dernier par l’Assemblée générale de l’ONU.
La représentante russe avait justement reproché au CIO de prendre une “décision politisée, discriminatoire et hypocrite”, en privant les sportifs russes de leurs couleurs officielles.
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