La démocratie outragée, la démocratie brisée, la démocratie martyrisée
TRIBUNE - La démocratie outragée, la démocratie brisée, la démocratie martyrisée… (*)
Le problème de la démocratie pour la minorité possédante, a toujours été… la démocratie.
Parce que la démocratie suppose que la parole de chaque habitant compte autant que celle de l’autre dans le processus décisionnel.
Ce qui pose problème puisque la populace (parmi laquelle, les gens qui n’arrivent pas toujours à vivre dignement et … qui réclament) est plus nombreuse que la minorité (les gens qui vivent très bien et qui ont un magot à conserver et à faire fructifier).
- La démocratie outragée …
Les bourgeois de 1789 ne voulaient plus entretenir (par l’impôt) les propriétaires fonciers (roi et « nobles ») lesquels avaient le pouvoir. Et ne voulaient plus, en conséquence, être gouvernés par eux. Mais ils ne voulaient pas non plus payer pour la populace. Populace qui aspirait à ne plus vivre dans des conditions parfois épouvantables (1) (2).
En 1848, l’Assemblée constituante octroya le droit de vote à tout le monde (3). Avec un réalisme fondé sur la connaissance du fonctionnement de l’esprit humain… manipulable. On se rappelle à cet égard l’intervention de Tocqueville qui exhorta au suffrage universel, en disant (en substance) « donnez-leur le droit de voter, de toute façon, ils voteront comme on le leur dira ». La manipulation des électeurs n’a jamais cessé et s’est même perfectionnée avec la technologie et le développement des sciences de la « communication » (v. la « fabrication » du « produit à élire » Macron, exemple idéal typique à cet égard).
En plus de la manipulation des « cerveaux », les détenteurs du pouvoir ont fait en sorte que l’usage du bulletin de vote par tout le monde, ne puisse pas donner, à la chambre des députés, une majorité décisionnelle à la populace. Ce fut le rôle joué par le découpage électoral (en fonction de la composition de la population et de ses votes habituels) et par le mode de scrutin. Et celui de la règle à calcul qui permet sur ces bases de donner le résultat (en se trompant assez rarement) des élections avant le jour du scrutin. (2)
Et puis on rappelle que la création d’une chambre « haute » (Sénat) organisée pour être conservatrice (2), a été imaginée pour empêcher que les idées par extraordinaire trop « rouges » des députés, ne bénéficient des votes des sénateurs … et restent ainsi lettre morte.
Ce qui fait que le fonctionnement réel de la démocratie a toujours été sérieusement « encadré ». Par la bande ainsi qu’il vient d’être rappelé…
- La démocratie brisée …
Des gens astucieux ont ensuite imaginé d’enlever au peuple toute participation à la décision. Participation déjà largement artificielle ou fictive compte tenu de la mise en œuvre des moyens décrits ci-dessus.
Evidemment ces gens ont maintenu dans la constitution tous les vocables de démocratie, d’élection libres, de peuple souverain… Mais ils y ont ajouté quelques lignes transférant le pouvoir décisionnel à des organismes spéciaux. Cooptés par les dirigeants de l’Etat. Dirigeants de l’Etat eux-mêmes installés (grâce aux techniques utilisées - v. ci-dessus -), pour être plus les mandataires des détenteurs du pouvoir économico-financier, que les « représentants » du peuple. (4)
L’astuce a été de demander aux dirigeants (le président de la République) de signer et de s’arranger pour se faire autoriser à ratifier des traités (traités de Maastricht, traité constitutionnel européen, traité Lisbonne) qui organisaient un pouvoir nouveau, sans rapport avec les canons de la démocratie. (En attendant la ratification de l’accord avec l’O.M.S. allant probablement dans le même sens ; celui de l’obéissance à des ordres en matière de santé et de consommation médicale). Et d’ajouter quelques lignes dans la constitution, pour consacrer et verrouiller l’opération dans l’ordre interne. Ce qui fait que la constitution contient désormais des dispositions antinomiques. Les unes sur la démocratie (pour l’habillage), les autres sur le contraire de la démocratie (renvoyant aux nouveaux rouages du système de gouvernement)
Ce qui fait que les êtres humains (on ne peut plus parler de « citoyens » sans abus de langage) peuvent être commandés comme ils l’étaient jadis. Un peu comme au Moyen Age (si l’on veut oser une comparaison un peu osée), période pendant laquelle les propriétaires fonciers (les nobles et le roi) géraient à leur guise et selon la même préoccupation, « ce » qu’il y avait sur « leurs » terres : bêtes, hommes et choses (5) .
Surtout que les potentiels « contre-pouvoirs », au premier rang desquels, les députés, ne peuvent pas être majoritairement hostiles (v. leur recrutement) aux gouvernants. Et que leurs membres ont naturellement tendance à intégrer leurs intérêts de carrière dans leur manière d’envisager leur rapport avec les gouvernants. On peut signaler - a contrario-que les parlementaires qui ont pris leurs distances par rapport aux décisions … surprenantes des gouvernants (décisions dont l’effet ou -pour certains - l’objet a été de permettre la vente d’une nouvelle production de l’industrie pharmaceutique) l’ont payé (6) de la perte de leur mandat.
- La démocratie martyrisée …
Il est probable que des politiciens comme Macron (dans l’ordre interne) et Von der Leyen (dans les sphères décisionnelles extra nationales nouvelles) ont très bien compris que le système politique, savamment (mais faussement) présenté comme étant toujours « démocratique » avait muté.
Et ont compris (donc ils l’ont fait en estimant pouvoir jouir (7) des protections politiques et personnelles inscrites dans les institutions) qu’ils pouvaient imposer aux populations d’obéir à ce qu’ils leur imposaient ( ou ce qui leur était demandé d’imposer )… quand ils le voulaient : Par exemple, comme on l’a vu récemment, de consommer - dans des conditions parfois invraisemblables à différents points de vue - , tel produit médicamenteux ; de financer des opérations militaires contre la Russie en faveur de tiers, …
- « … Mais la démocratie libérée » (*) … (Quid de l’avenir ?)
L’histoire enseigne que le fonctionnement des sociétés a toujours été à peu près le même. Parce qu’il tient, par la force des choses, de la nature humaine. Les plus forts, qui ont l’argent, veulent conserver ce dernier et l’augmenter. Et la loi du plus fort fait qu’ils gouvernent toujours, directement ou par personnes interposées.
Mais à certaines époques, le « ras le bol » d’une certaine masse des gens sous commandement est tel (décisions des gouvernants injustes, stupides, qui angoissent, …) que les gouvernants du moment sont obligés de laisser la place. Spécialement lorsqu’ils ne peuvent plus compter sur leurs gens d’armes (policiers, gendarmes, soldats) pour arrêter, tuer ou estropier les mécontents. Notamment quand les personnels en question, se rappelant qu’ils appartiennent aux mêmes milieux sociaux que les manifestants, fraternisent avec ces derniers.
S’ouvre alors une période pendant laquelle les nouveaux gouvernants se comportent comme les représentants de la population (ils ne peuvent d’ailleurs guère faire autrement au moment du basculement) et font fonctionner ce faisant à nouveau la démocratie. Et la font vivre, au moins pour un temps, à travers certaines réformes qui régulent le fonctionnement et limitent les dérives de la loi du plus fort.
A l’heure actuelle, l’état du fonctionnement de la société pose, semble-t-il, deux questions :
1/ Quand la « marmite » explosera-t-elle (8) ?
2/ Quel catalyseur (9) apparaîtra pour provoquer le sursaut et animer la période de réformes inspirées par la résurrection (ne fut-ce qu’à titre provisoire) du concept de… démocratie ?
Marcel-M. MONIN
Maitre de conférences honoraire des universités
(*) paraphrase d’un célèbre discours prononcé le 25 août 1944 à l’Hôtel de Ville de Paris.
(1) Les révolutionnaires en question ont forgé les concepts habillant le sale coup qu’ils faisaient au grand nombre. Le concept d’« électorat fonction » (et non d’« électorat droit) ») pour priver la multitude du droit de vote en instaurant un suffrage censitaire. Le concept de souveraineté nationale (et non de souveraineté « populaire ») , concept abstrait dans lequel les individus composant le peuple (peuple « ressenti » concrètement comme la populace la fois méprisée et crainte) étaient absents (v. la note 2).
(2) Sur ces questions, v. notre « textes et documents constitutionnels depuis 1958. Analyses et commentaires ». Dalloz-Armand Colin
(3) Quant au régime censitaire, il a été rétabli, plus tard et progressivement - évidemment de fait et par la bande -, avec les campagnes électorales, dont on a laissé filer le coût. Lesquelles ne sont plus à la portée des candidats (ou des listes - on le voit pour les « élections européennes ») qui ne sont pas ceux des détenteurs du pouvoir économico-financier. Puisque les banques ne leur prêtent pas, et que les prestataires (comme les imprimeurs ou les loueurs de salles) ne peuvent attendre le remboursement par l’Etat … remboursement qui ne viendra pas. Puisque le remboursement est exclu pour les candidatures promises à faire peu de voix, aidées dans leur futur échec par les campagnes de manipulation des électeurs.
(4) des études existent qui étudient la manière dont le « pouvoir » s’acquière, les réseaux divers qui y contribuent et ceux qui en bénéficient. V. sur internet les études qui sont consacrées à certains personnages de l’Etat, de leur « trajectoire » de leurs réseaux ; et celles qui traitent également des conflits d’intérêts et de la corruption. Etudes émanant souvent de journalistes, parce que les juristes qui s’appuient sur les textes et s’y limitent, ignorent pour partie, nécessairement, ces questions bien qu’elles portent en réalité sur la réalité du fonctionnement des institutions politiques.
(5) L’idée que les êtres humains puissent être traités comme des choses, est en réalité quelque peu sous-jacente à certaines réformes récentes portant que la vie elle-même. Fabrication des êtres humains par des combinaisons de cellules prélevées sur des prestataires ; avortement (qui peut être réalisé sur des êtres humains viables, mais juste avant qu’ils ne sortent du corps de ce qui était jadis la « mère » ; suicide et euthanasie permettant que les personnes qui sont devenues des charges, puissent « débarrasser le plancher ».
(6) ex. de la députée Martine Wonner, qui avait été séduite par l’argumentaire « macroniste » et y avait cru à l’origine. Sans compter ce qu’elle a dû subir d’un point de vue professionnel.
(7) Ce qui n’est en réalité pas certain du tout. Car il suffit qu’à l’occasion de procédures mettant en cause la responsabilité, par exemple pécuniaire de certains politiciens, les juges décident un jour - comme ils l’ont fait pour les fonctionnaires- que lesdits individus ont en réalité commis des fautes « détachables » de leurs fonctions. La qualification « détachable » pouvant être aisément donnée, sans risque de manquer de raison ou de mesure, (v. à ce sujet la jurisprudence sur les fonctionnaires) à certains actes et comportements récents particulièrement … « inhabituels ou choquants », de quelques décideurs politiques.
(8) c’est l’analyse ou le pronostic de beaucoup d’observateurs ou d’auteurs d’ouvrages analysant le fonctionnement du système politique et se prononçant sur les conséquences dudit fonctionnement. Analyses que l’on trouve sur une partie des médias et des réseaux sociaux non (encore) contrôlés par les dirigeants ou par leurs amis. Ce qui semble par ailleurs pouvoir être indirectement confirmé par l’équipement donné aux forces anti-manifestations et par les mesures de protection qui sont prises en faveur de certains dignitaires … du régime.
(9) catalyseur qui est nécessaire en pareille circonstance, ainsi que l’histoire l’enseigne (v. la note 2 - avant-propos-).
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