Sahel : fin de partie à la française
CHRONIQUE - À l'issue de consultations, nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel", a déclaré Emmanuel Macron jeudi 10 juin, annonçant en termes ampoulés la "fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure" et la mise en œuvre "d'une alliance internationale associant les États de la région". Alliance qui n’existe encore que sur le papier…
« La France ne peut pas se substituer à la stabilité politique, au choix des Etats souverains », a justifié le président de la République, faisant allusion à l’instabilité chronique du Mali, où ont eu lieu en neuf mois deux coups d’Etat. Nous ne pouvons pas sécuriser des régions qui retombent dans l’anomie parce que des Etats décident de ne pas prendre leurs responsabilités. C’est impossible, ou alors c’est un travail sans fin ».
Ayons le triomphe modeste. France Soir a annoncé que la guerre du Sahel était perdue le 15 février 2021 : le même journal allait même jusqu'à parler de débâcle le 23 avril 2021. Certes le chef d’Etat français n’emploie pas ces termes, mais il s’agit bien de cela.
Voir aussi : Débâcle au Sahel : c’est ce qu'annonce la mort de Déby
Le double coup d’État malien, mais aussi la mort (ou l’assassinat) du chef d’État tchadien Idriss Déby le 20 avril dernier, notre principal allié dans cette aventure, offrait à Macron une fenêtre d’opportunité pour sortir du piège où son prédécesseur, François Hollande par gloriole et manœuvré par l’armée, avait enfermé la France depuis février 2013. On ne peut que l’en féliciter pour nos quelque 5000 soldats engagés dans une guerre post-coloniale « sans fin » pour reprendre les propres termes macroniens, qui est en tant que président de la République le « grand chef » des armées françaises.
Mais on se doit aussi de penser à tous les Africains de cette région qui ont misé sur la France ou/et qui ont collaboré avec l’ex puissance coloniale. Ils risquent maintenant d’être massacrés – pour ne rien dire de la progression inévitable des djihadistes et autres terroristes, de plus en plus nombreux à cause même de l’intervention de nos armées.
Fin de partie à la française… tragique et misérable.
Voir aussi : La France élimine un nouveau chef jihadiste au Mali [AFP]
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