Sixième mois de guerre à Gaza, le défi de l'aide humanitaire
MONDE - La guerre à Gaza entre dans son sixième mois. Le bilan des victimes dans l’enclave palestinienne dépasse les 30 000 morts et les espoirs d’aboutir à une trêve au moment du ramadan (à partir du 10 mars) s’amincissent. Tel-Aviv fait toujours part de sa détermination à mener une opération terrestre à Rafah pour parvenir à la “victoire totale”, malgré les appels chinois, italien et britannique à un cessez-le-feu. Face à une situation humanitaire catastrophique et le risque de famine qui guette la population, la communauté internationale se mobilise pour acheminer plus d’aide vers Gaza.
Les combats au sol entre le Hamas et Israël se poursuivent dans le territoire palestinien. Plusieurs bombardements ont visé ces derniers jours les villes de Rafah et de Khan Younès, situées au sud de Gaza. Le ministère de la Santé gazaoui a annoncé jeudi 7 mars un nouveau bilan, portant à 30 800 le nombre de personnes tuées depuis le début de la guerre, et à 72 298 le nombre de blessés.
Pressions internationales pour davantage d’aide humanitaire
L’armée israélienne a de son côté annoncé la mort d’un de ses soldats lors de combats au sud de l’enclave, portant le total de ses pertes à 247 depuis le début des opérations terrestres à Gaza, et 373 depuis le 7 octobre.
Selon l'ONU, ces combats ont contraint,1,7 million de Palestiniens à fuir leurs foyers pour trouver refuge dans la ville de Rafah, frontalière avec l'Égypte, surpeuplée et toujours menacée par une opération terrestre israélienne.
"Quiconque nous dit de ne pas agir à Rafah nous dit de perdre la guerre et cela ne se produira pas”, promettait le Premier ministre Benjamin Netanyahou jeudi à ses soldats. "Il y a une pression internationale et elle augmente, mais particulièrement lorsque la pression internationale s'accroît, nous devons serrer les rangs, nous devons rester soudés contre les tentatives de mettre fin à la guerre", a-t-il déclaré en marge d'une cérémonie de remise de diplômes dans une école militaire.
Cette pression internationale se manifeste, entre autres, par les appels à un cessez-le-feu et surtout, l’acheminement de l’aide humanitaire. Le ministre chinois des Affaires étrangères a qualifié jeudi la catastrophe humanitaire à Gaza de “honte pour la civilisation”. Pour Wang Yi, qui rappelle l’appel de Pékin à un cessez-le-feu immédiat, rien ne justifie "le fait qu'aujourd'hui, au XXIe siècle, cette catastrophe humanitaire ne puisse être arrêtée”. “Une tragédie humaine”, ajoute-t-il, exhortant la “communauté internationale à agir de toute urgence", et commencer par instensifier l’aide humanitaire, une “responsabilité morale”.
La Suède a annoncé la même journée avoir organisé une réunion avec le ministère israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, en présence de hauts dirigeants de plusieurs États membres de l'Union européenne et d'autres pays. L’objectif était de “faire part de la nécessité urgente d'améliorer l'accès humanitaire à Gaza", précise le Premier ministre suédois Ulf Kristersson.
La veille, le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, qui a reçu Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, a exprimé son inquiétude de ne "toujours pas voir d’amélioration sur le terrain" à Gaza. "Cela doit changer", a-t-il affirmé, se disant "très préoccupé par la perspective d’une offensive militaire à Rafah".
Le Hamas quitte la table des négociations
L'Italie a annoncé lundi dernier le lancement de l’initiative "Food for Gaza", dont l'objectif est de coordonner l'aide alimentaire avec les agences spécialisées de l'ONU et la Croix-Rouge. Les États-Unis et la Jordanie ont effectué un largage aérien dans l’enclave palestinienne, le troisième en une semaine. Un navire, transportant 3 000 tonnes de nourriture, de médicaments et d'autres aides fournies par le Croissant-Rouge turc, se dirige vers l'Égypte.
La possibilité d’acheminer plus de nourriture et de biens par la mer vers Gaza est de plus en plus envisagée, notamment après la mort de plus de 100 Palestiniens la semaine dernière dans une distribution d’aide humanitaire. Le président Joe Biden a ordonné à l’armée américaine de mettre sur pied un port à Gaza, pour acheminer davantage d’aide par la mer. Telle est également la volonté du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, qui a affirmé faire pression sur Tel-Aviv pour permettre l’exploitation du port d'Ashdod, situé au nord du territoire gazaoui.
Une aide de plus en plus attendue à quelques jours du début du mois de ramadan, les espoirs d’aboutir à une trêve s’amenuisant. Le Hamas a quitté jeudi Le Caire où se tenaient des négociations. Les positions d'Israël "ne répondent pas aux exigences minimales", explique un haut responsable du mouvement palestinien.
Le plan prévoyait sur une trêve de six semaines, la libération d'otages retenus à Gaza en échange de Palestiniens détenus par Israël, ainsi que l'entrée d'une aide accrue dans l’enclave. Le Hamas exige un cessez-le-feu définitif et le retrait des troupes israéliennes, avant tout accord. Une exigence rejetée par Tel-Aviv, qui affirme que son offensive se poursuivra jusqu'à la “victoire totale”, c’est-à-dire le démantèlement du Hamas.
L’ambassadeur américain en Israël, Jack Lew, se montre tout de même optimiste. "Il n'y a pas encore d'accord. Tout le monde regarde vers le ramadan qui approche. Je ne peux pas vous dire que les négociations seront couronnées de succès mais on ne peut pas encore dire qu'elles sont rompues", a-t-il déclaré.
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