Syrie : la communauté internationale s'inquiète de l'escalade entre Israël et Iran

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Par Laurent LOZANO - Jérusalem (AFP)
Publié le 10 mai 2018 - 14:19
Mis à jour le 11 mai 2018 - 10:52
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Des tanks israéliens postés dans la partie du Golan occupé par Israël, près de la frontière avec la Syrie, le 9 mai 2018.
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© JALAA MAREY, JALAA MAREY / AFP
Israël a mené dans la nuit de mercredi à jeudi des dizaines de raids aériens meurtriers contre des cibles présentées comme iraniennes en Syrie, affirmant agir en représailles à des tirs de roquettes, une escalade qui a alarmé la communauté internationale.
© JALAA MAREY, JALAA MAREY / AFP

L'escalade militaire inédite entre Israël et l'Iran sur le théâtre syrien a alarmé la communauté internationale face au danger d'une guerre ouverte même si les deux pays ennemis disent vouloir éviter un embrasement dans la région.

Avant l'aube jeudi, Israël a mené des dizaines de raids aériens meurtriers contre des cibles présentées comme iraniennes en Syrie voisine, affirmant riposter à des tirs de roquettes iraniennes contre la partie du plateau du Golan sous son contrôle.

Si leur paternité était confirmée, ces tirs de roquettes seraient une première attaque directe de la part de l'Iran contre des positions israéliennes dans la confrontation à distance depuis des décennies entre les deux pays. La riposte israélienne est quant à elle d'une ampleur exceptionnelle en Syrie depuis le début de la guerre civile dans ce pays en 2011.

Pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l'Iran a franchi une "ligne rouge". "Notre réaction a été en conséquence. (L'armée) a mené une attaque de grande envergure contre des objectifs iraniens en Syrie", a-t-il dit sur Twitter.

L'armée israélienne a elle assuré ne pas chercher l'embrasement, tout en se disant prête à tous les scénarios.

Le président iranien Hassan Rohani a affirmé que son pays ne voulait pas de "nouvelles tensions" au Moyen-Orient, soulignant que "l'Iran a toujours cherché à faire baisser les tensions".

Le président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement iranien, Allaeddine Boroujerdi, en déplacement à Lisbonne, a lui estimé que "le principal objectif de ces attaques, soutenues par les Etats-Unis, est de dévier l'attention de l'opinion publique du comportement du président américain, de sa décision de sortir de l'accord" sur le nucléaire iranien.

Néanmoins des experts ont estimé qu'un pas avait été franchi dans l'hostilité israélo-iranienne en Syrie où Téhéran aide militairement le régime de Bachar al-Assad. Selon eux toutefois, la Russie, allié de M. Assad mais aussi interlocuteur de l'Iran et d'Israël, a un rôle déterminant à jouer même s'ils font valoir combien la situation est volatile.

Dans un contexte d'incertitudes et de tensions régionales avivées par la décision du président Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, le patron de l'ONU Antonio Guterres a demandé "un arrêt immédiat de tous les actes hostiles afin d'éviter une nouvelle conflagration".

- Escalade "extrêmement inquiétante" -

L'Union européenne a elle appelé à la retenue face à une escalade "extrêmement inquiétante". Londres, Paris et Moscou aussi.

"L'escalade des dernières heures nous montre qu'il y va vraisemblablement de la guerre ou de la paix", a prévenu Mme Merkel, dont le pays a dénoncé les "attaques iraniennes" et soutenu le droit d'Israël à se défendre.

Dans le repositionnement régional en cours dans la région vis-à-vis de l'Iran chiite, même Bahreïn, proche allié de l'Arabie saoudite sunnite sans relation diplomatique avec Israël, a affirmé que ce dernier avait "le droit de se défendre".

Selon les Israéliens, al-Qods, la brigade iranienne pour les opérations extérieures, a tiré peu après minuit (21H00 GMT mercredi) une vingtaine de roquettes de type Fajr et Grad vers les premières positions sur la partie du Golan occupée par Israël.

Quatre projectiles ont été interceptés et les autres sont tombés "en dehors d'Israël", a affirmé l'armée. Il n'y a pas eu de victimes.

Selon un porte-parole de l'armée, Jonathan Conricus, les frappes sont "certainement l'opération israélienne la plus importante contre des cibles iraniennes".

L'aviation israélienne a frappé le lance-roquettes d'où étaient partis les projectiles, dans la périphérie de Damas, ainsi qu'environ 70 cibles militaires iraniennes, sites de renseignement, de logistique, de stockage, postes d'observation en Syrie, a-t-il dit.

- "Etat d'alerte élevé" -

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les missiles israéliens ont touché des bases au sud-ouest de Homs (centre), ainsi qu'à Mouadamiyat al-Cham à l'ouest de Damas, "où se trouvent des combattants iraniens ainsi que du Hezbollah libanais et de la 4e brigade" de l'armée syrienne.

Les frappes ont tué 23 combattants prorégime, dont 18 étrangers, a précisé l'ONG.

Moscou a affirmé que l'armée israélienne avait tiré environ 70 missiles, dont une soixantaine à partir de 28 avions F-15 et F-16.

Tous les appareils israéliens sont rentrés indemnes à leur base après avoir atteint les objectifs retenus, a dit le porte-parole israélien.

Israël reste en "état d'alerte élevé", mais entend que les civils du Golan continuent à travailler et à vivre normalement, les seules instructions consistant à ne pas organiser d'importants rassemblements et à rester attentifs aux consignes de l'armée.

Israël se tenait prêt à une réaction à au moins trois séries de frappes meurtrières depuis début avril contre des positions iraniennes en Syrie.L'Etat hébreu, qui reste officiellement en état de guerre avec la Syrie, affirme s'employer à rester à l'écart de la guerre chez son voisin. Mais ne cesse de proclamer qu'il ne permettra pas à Téhéran de se servir de la Syrie comme tête de pont contre lui.

Ces derniers mois, il a mené des dizaines de raids contre des positions syriennes, le Hezbollah, un autre ennemi, et, de plus en plus, les forces iraniennes.

Les tensions ont été avivées par la querelle sur le nucléaire iranien. Israël se considère comme la cible désignée d'un Iran qui serait doté de l'arme atomique, et son Premier ministre Benjamin Netanyahu a mené une vigoureuse campagne contre l'accord de 2015.

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