Une poudre de grillons domestiques pouvant être intégrée dans nos aliments autorisée par la Commission européenne
La Commission européenne a autorisé début janvier 2023 la mise sur le marché d’une poudre de grillons domestiques partiellement dégraissés. Le produit, introduit sur le territoire européen par la société vietnamienne Cricket One, pourra se retrouver dans plusieurs nos aliments, comme le pain, les biscuits, les sauces, les pizzas, les boissons comme la bière ou encore dans la préparation de viande. En France comme en Allemagne, sa mise sur le marché suscite des réactions divergentes.
Le grillon domestique, congelé, séché ou en poudre, est déjà autorisé à la vente depuis 2022. La demande de Cricket One, qui date de l’été 2019, portait sur l’introduction de la poudre de grillons domestiques et partiellement dégraissés comme nouvel aliment. Ce n’est qu’une année plus tard que la Commission européenne a demandé à l’Autorité de sécurité des aliments d’évaluer ce produit, notamment son innocuité.
“Dans son avis scientifique, l’Autorité a conclu que dans les conditions d’utilisation et les doses proposées, la poudre d’Acheta domesticus (grillons domestiques) partiellement dégraissés ne présentait pas de danger. Par conséquent, cet avis fournit des motifs suffisants pour établir que lorsqu’elle est utilisée dans les pains et petits pains multi-céréales (...) la poudre d’Acheta domesticus (grillons domestiques) partiellement dégraissés remplit les conditions de mise sur le marché conformément à l’article 12, paragraphe 1, du règlement (UE) 2015/2283”, lit-on dans le règlement d’exécution de la commission.
“Des protéines potentiellement allergènes”
L’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments se fondait principalement sur les informations qui figuraient dans le dossier de demande de la société vietnamienne. Il s’agit, entre autres, de la description détaillée du procédé de production, les données analytiques sur les contaminants, les données analytiques sur les paramètres microbiologiques et les résultats des études sur la digestibilité des protéines.
La poudre de grillons domestiques partiellement dégraissés peut toutefois provoquer des allergies alimentaires liées aux insectes. La même autorité a signalé que l’Acheta domesticus “contient plusieurs protéines potentiellement allergènes” qui peuvent provoquer des “réactions allergiques chez les personnes allergiques aux crustacés, aux mollusques et aux acariens”. Outre une sensibilisation aux protéines de cette poudre et la poursuite des recherches sur son allergénicité, l’autorité a seulement insisté sur “un étiquetage approprié”.
L’autorisation de Cricket One est valable pour une durée de cinq ans. Pour le moment, la société vietnamienne est la seule à fournir le marché européen en poudre de grillons légèrement dégraissés, “à moins qu’un autre demandeur n’obtienne ultérieurement une autorisation”.
“1 900 insectes peuvent être utilisés comme aliments”
C’est en Allemagne que la décision de la Commission européenne a surtout fait la une des journaux. La mise sur le marché de cette poudre a été favorablement accueillie par les politiques classés à gauche et des médias mainstream. Le quotidien allemand “Tageszeitung”, proche du parti Vert, a dédié à ce produit sa une, qui est “dans l’air du temps”. “La proportion est encore faible” puisque qu'il s’agit d’un secteur de niche, “mais toutes les révolutions commencent petit”, commente le journal.
Dans sa chronique sur Sud Radio, le journaliste et chroniqueur André Bercoff a rappelé mercredi 25 janvier que le ver de farine séché et le criquet migrateur sont “déjà permis et recommandés“. “Oui oui, le criquet migrateur va atterrir dans vos assiettes”, dit-il, non sans humour et ironie.
Virginie Joron, députée RN interrogée par le chroniqueur, explique que “ce n’est pas nouveau“. “Un vote à ce sujet remonte à 2015 lorsqu’une extension de la liste de produits alimentaires a été adoptée. Le RN avait voté contre mais nous n'étions qu’une minorité. Cette année, l’Autorité sur la sécurité des aliments expliquait déjà que les études manquaient pour accepter d’inclure les insectes à cette liste d’aliments”, a-t-elle expliqué, soulignant une “accélération” encouragée par l’idéologie écologiste.
“Tout ce qui est protéine animale pourrait être remplacée”, rajoute la femme politique, qui rappelle que “l’organisation mondiale de l’alimentation (FAO) a déclaré en 2021 qu’il y a 1 900 insectes pouvant être utilisés comme aliments dans le monde. La commission européenne a fait savoir que 11 insectes sont sur la liste et nous en sommes actuellement à trois (...) qu’on affame pendant un jour puis on les broie pour en faire une poudre”.
“Manger des insectes pour lutter contre le réchauffement climatique”
Virginie Joron, qui est membre de la commission INCOI sur la protection des consommateurs, explique que trois articles de la décision de la Commission “sont contradictoires”, notamment en ce qui concerne l’étiquetage et les allergies. “On autorise d’un côté, mais on demande la poursuite des recherches”. “Et puis dans les restaurants, ce ne sera pas dit si ce qu’on mange est à base d’insectes”, reprend André Bercoff.
Le règlement d’exécution a également fait réagir outre-Atlantique. Des médias américains accusent notamment les “mondialistes et les militants du changement climatique” de “faire pression pour que les gens commencent à manger des insectes pour lutter contre le réchauffement climatique, bien que cette pratique soit liée aux infections parasitaires”.
Un article du Washington Post datant de novembre 2022, intitulé “Fourmis salées. Grillons terrestres. Pourquoi vous devriez essayer les insectes comestibles”, suscitait déjà des réactions hostiles. Au Canada, la société The Aspire Food Group s'est engagée à produire 9 000 tonnes d'insectes par an pour la consommation humaine et animale après avoir achevé la construction du plus grand centre de transformation alimentaire de cricket au monde.
Sur Twitter, la démarche est aussi associée au Forum économique mondial (WEF) et sa communication sur le projet.
You will eat the bugs. You will own nothing. And you will be happy. pic.twitter.com/6Pkj5Ol4Td
— Ian Miles Cheong (@stillgray) October 20, 2022
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.