Mangez vous les uns, les autres !

Auteur(s)
Juan Carlos, pour FranceSoir
Publié le 26 juillet 2022 - 18:50
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Le Radeau de la Méduse peint par Théodore Géricault et conservé dans la salle Mollien au Louvre
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MARTIN BUREAU / AFP
Le Radeau de la Méduse, peint par Théodore Géricault et conservé dans la salle Mollien au Louvre.
MARTIN BUREAU / AFP

TRIBUNE — Âmes sensibles, abstenez-vous ! Les forêts brûlent. Le monde est en crise. Les États-Unis sont en train d’imploser. En France, les soignants suspendus sont à la rue... Mais, un fameux journal américain se demande si ce n'est pas le moment pour songer au cannibalisme !

Un temps et un lieu pour le cannibalisme

Dans un article qui s’intitule "Un goût pour le cannibalisme ?", le New York Times a jugé bon d’écrire que « le cannibalisme a un temps et un lieu. Certains livres, films et émissions récents suggèrent que ce moment est arrivé. Pouvez-vous le supporter ? » Ce célèbre journal américain fait-il l'apologie de l’anthropophagie ? Pas exactement, mais ils consacrent tout de même un grand article à un sujet qui a toujours été considéré comme tabou.

Dans l'imagerie collective, le mot cannibalisme est souvent associé au tableau "le Radeau de la Méduse", réalisé entre 1818 et 1819 par le peintre et lithographe romantique français Théodore Géricault. En effet, le tableau dépeint les survivants d'un naufrage qui, mourant de faim ou en proie à des délires éthyliques, en viennent à se manger entre eux. On peut aussi penser à la série télévisuelle très connue du nom d’« Hannibal », qui met en scène un personnage fictif : Hannibal Lecter, psychiatre, se trouvant être en réalité un meurtrier cannibale. Ici, l’anthropophagie reste donc de l’ordre de la fiction, du fantasme morbide.

Toutefois, certains scientifiques écologistes ont émis l’idée de passer de la fiction à la réalité. Ces derniers promeuvent un végétalisme extrême et considèrent que la viande humaine serait une bonne alternative à la viande animale afin de créer « un avenir élémentaire durable ». Magnus Soderlund, professeur et chercheur à l’école des sciences économiques de Stockholm, déclarait qu’il faudrait « s'habituer à manger des aliments dont on n’a pas l’habitude, tels que la chair humaine provenant des cadavres ». Cependant, il a été prouvé que cette pratique, en plus d’être abominable et moralement abjecte, avait provoqué la mort de 2 500 membres d’une tribu aborigène qui se nourrissaient du corps des défunts.

Pour revenir à l’article du New York Times, celui-ci commence par ces mots : « Une série de livres, d'émissions de télévision et de films récents qui nous retournent l'estomac suggère que nous n'avons jamais eu l'air aussi délicieux - les uns envers les autres ». Un humour très morbide de la part du journaliste, en somme, mais passons… L’article cite ensuite une série de films qui portent sur le cannibalisme, et donne la parole à une certaine Madame Summers. Cette dernière raconte que lorsque des vérificateurs ont critiqué et discuté les subtilités de la boucherie humaine, et comment l'anti-héroïne du livre de son livre cuisinait ses amants assassinés, l’autrice a tellement été dégoutée qu’elle est devenue végétalienne crue pendant deux semaines. Son livre avait d’ailleurs été refusé plus d’une vingtaine de fois avant qu’elle ne reçoive une offre d’Audible et de la maison d’édition « Unnamed Press ».

Quand l’impensable devient pensable ?

Mais, comme Mme Summers l’a appris en écrivant « A Certain Hunger », « une fascination pour le cannibalisme, comme on pouvait s’y attendre, peut-être un sujet délicat ». Oui, vous ne rêvez pas, l’écrivaine dit bien être fascinée par l’anthropophagie !

Ashley Lyle et Bart Nickerson sont pour leur part, créateurs de la série « Yellowjackets ». Cette série parle d’une équipe de jeunes joueuses de foot dont l’avion s’écrase en pleine faune canadienne. Il est fortement suggéré, dans le premier épisode, qu’elles ont pratiqué le cannibalisme pour survivre. Les réalisateurs déclarent à ce propos : « Je pense que nous sommes souvent attirés par ce qui nous répugne le plus ». M. Nickerson, 43 ans, a ajouté : « Mais je reviens toujours à cette idée de quelle partie de notre dégoût à l’égard de ces choses est la peur de l’extase ? » Madame Lyle affirme : « Je pense que nous sommes manifestement dans un moment très étrange. » Elle a énuméré la pandémie, les changements climatiques, les fusillades dans les écoles et les années de cacophonie politique comme facteurs possibles.

« J’ai l’impression que l’impensable est devenu pensable », dit-elle, « et le cannibalisme est carrément dans cette catégorie de l’impensable ».

Le problème dans cet article n’est pas tant le fait qu’ils parlent du cannibalisme, mais surtout qu’aucune critique et aucun argument ne vienne contredire les déclarations de ces écrivains, qui par leur discours tendent à normaliser cette pratique dans l’imaginaire collectif au travers de leurs œuvres : « Si l’impensable est devenu pensable, alors tout est possible ». Lorsqu’on lit cette déclaration, on pense à cette phrase prononcée par Ivan Karamazov dans les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis ». Il ne s’agit pas ici de Dieu en tant qu’être omnipotent et sauveur de l’humanité, mais Dieu en tant qu’autorité morale et éthique qui empêche les hommes de céder à leurs mauvais penchants, voire leurs pires travers ! Certains objecteront qu’il y a une morale athée qui pourrait remplacer la morale divine, et tout simplement des lois qui empêchent de se livrer à de tels actes. En revanche, à partir du moment où l’on sait que l’on ne sera pas sanctionnés par la loi et que personne ne nous jugera pour nos actions après notre mort, alors l’on peut s’adonner à tous les crimes possibles et imaginables. Or, la crise actuelle qui touche le monde occidental est en quelque sorte le révélateur d’une crise sociétale, civilisationnelle, mais également morale, puisqu’un des plus grands journaux américains n’hésite pas à promouvoir l’anthropophagie en y consacrant un long article.

Les réactions outrées n’ont d’ailleurs pas manqué d’apparaître sur Twitter :

« Je ne mangerai pas les insectes et je ne mangerai certainement pas mes voisins », tweete un rappeur et écrivain américain en réponse à cet article :

D'autres réactions s'ensuivent :

«  Le New York Times, qui vient de promouvoir le cannibalisme dans ses pages, publie un essai incitant Hollywood à promouvoir un programme pro-avortement dans les films et les émissions de télévision. »  - Tom Fitton (@TomFitton) le 25 juillet 2022.
« Le New York Times s'appuie sur ce surnom déjà bien mérité d'"ennemi du peuple" beaucoup trop et beaucoup trop littéralement. » - Mollie (@MZHemingway) le 23 juillet 2022.
« Ces gens nous disent que c'est mal de manger de la viande et que c'est la fin du monde, mais ils approuvent totalement le cannibalisme. » - Gabriella Hoffman (@Gabby_Hoffman) le 23 juillet 2022.
« Nous avons eu une course décente, mais c'est fini pour l'humanité. Faites venir la comète. » - David Giglio (@DavidGiglioCA) le 23 juillet 2022.

Certains pensent au contraire qu'il s'agit d'un sujet comme un autre traité par le journal :

Dans une autre mesure, que des scientifiques et des gouvernants continuent à promouvoir des thérapies géniques dont on sait aujourd’hui les nombreux effets secondaires qui font pencher la balance beaucoup plus du côté du risque que du bénéfice, démontre également un effondrement de l’éthique dans le monde politique et médical.

Une crise alimentaire à venir

Cependant, rassurez-vous, nous n’en sommes pas encore au point où il vous faudra manger votre voisin pour survivre. Même si récemment, une compagnie suédoise proposait un burger vegan saveur viande humaine fait à base de plantes.

Actuellement, plusieurs célébrités du grand écran font la promotion de la nourriture vegan, qui représenterait une bonne alternative à la nourriture traditionnelle et qui serait bien évidemment meilleure pour la planète. Kim Kardashian, par exemple, fait la promotion d’une entreprise du nom de Beyond Meat qui reproduit la viande à partir de plantes. Toutefois, dans un article paru dans le New York Times, des détracteurs affirment que ni Beyond Meat ni Impossible Foods (une autre chaîne de produits vegans) ne divulguent le montant total des émissions de gaz à effet de serre pour l'ensemble de leurs opérations, chaînes d'approvisionnement ou déchets des consommateurs. Ils ne divulguent pas non plus les effets de l'ensemble de leurs activités sur les forêts ni la quantité d'eau qu'ils utilisent. On aurait donc un énième exemple de « Greenwashing ». Dans le même style, on peut voir Nicole Kidman et Angelina Joli manger des vers et des insectes vivants dont elles semblent se délecter.

Cela peut vous sembler anodin, mais ces actrices hollywoodiennes de grande renommée sont mondialement connues et de ce fait, influencent énormément l’opinion des gens. À l’avenir, et face à la crise alimentaire qui arrive progressivement, nous serons donc peut-être amenés à consommer des insectes vivants. Qui sait ?

Lire aussi : Alternatives végétales : il sera bientôt interdit de les appeler “steak”, “saucisses”, “lait”...

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