Zelensky confie la gestion des investissements privés en Ukraine au fonds d'investissement américain BlackRock
Le gouvernement ukrainien s’allie à la société d’investissement américaine, BlackRock, pour “relancer son économie”. Un protocole d’accord a été signé le 10 novembre dernier, a annoncé le lendemain le ministère ukrainien de l’Économie. Cet accord porte sur la réalisation d’une plateforme visant à attirer des capitaux privés.
Le protocole d’accord, signé à Washington aux États-Unis, prévoit la mise à la disposition du gouvernement ukrainien d’une plateforme d’investissement, dont la mise en place se fera selon "une feuille de route que Financial Markets Advisory, entreprise du groupe BlackRock, élaborera en consultation avec le ministère de l’Économie".
Le communiqué précise que la consultation par BlackRock portera sur “la structure de plateforme, son mandat et sa gouvernance”. La plateforme “se concentrera sur la mobilisation des investissements dans les secteurs clés de l'économie ukrainienne”, poursuit le communiqué.
“Il est très important pour nous de démontrer au monde entier que la guerre n'interdit pas les investissements en Ukraine. Après tout, les investissements sont la clé d'une future reprise économique rapide et efficace”, a déclaré la ministre ukrainienne de l'Économie, Yulia Svyrydenko. “Nous attendons beaucoup de la coopération avec la division FMA de BlackRock. Nous espérons que cette plateforme de relance deviendra un mécanisme efficace pour mobiliser les investissements dans les secteurs clés de notre économie”, a-t-elle ajouté.
Les investissements en temps de guerre
Ce protocole d’accord fait suite à la discussion entre le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et le PDG de BlackRock, Larry Fink, en septembre 2022. Ils avaient évoqué la possibilité d’une mission de conseil “pro-bono” de la part de Financial Markets Advisory au profit du gouvernement ukrainien. Mission qui porterait sur “la structuration d’un fonds de reconstruction, sur le processus d'investissement, sur la gouvernance et l'utilisation de l'argent levé pour le fonds”, lit-on.
La filiale de BlackRock est vite entrée dans le vif du sujet. À peine une semaine après la signature de cet accord, ce gestionnaire de fonds a participé à la vérification préalable d’un engagement de 500 millions de dollars de la part du magnat australien du minerai de fer Andrew Forrest, pour le lancement d’un fonds d’investissement international de 25 milliards de dollars destiné à aider l’Ukraine.
Ce fonds servira à financer “des infrastructures dans les domaines de l’énergie et des communications, notamment un réseau d’énergie verte”. “Andrew et moi avons convenu que nous ne remplacerons pas les infrastructures russes de l’ère communiste, mais que nous ferons plutôt un bond en avant vers les dernières technologies”, a déclaré Zelensky. Et d'ajouter : “Nous profiterons du fait que ce que les Russes ont détruit peut facilement être remplacé par les infrastructures vertes et numériques les plus récentes et les plus modernes.”
L’Ukraine “vendue” à Blackrock
BlackRock a créé Financial Markets Advisory (FMA) après “la crise financière en avril 2008 pour fournir un soutien dédié aux gouvernements, aux banques centrales et aux institutions financières dans le monde entier”. Il s’agit d’une “activité distincte et indépendante de l'activité de gestion d'actifs traditionnelle de BlackRock”, peut-on lire sur le site de la société américaine.
Durant les premières semaines de la guerre en Ukraine, BlackRock a enregistré une perte de 17 milliards de dollars. Selon le Financial Times, la valorisation des titres russes gérés par le géant mondial de la gestion d'actifs a été ramenée de 18,2 milliards fin janvier à 1 milliard le 28 février 2022.
La signature du protocole d’accord entre BlackRock et l’Ukraine est passée presque inaperçue. Sur Twitter, des internautes accusent Zelensky d'avoir “vendu” l'Ukraine aux États-Unis. “Voilà ce que cachait le combat pour la liberté de l'Ukraine”, écrit, par exemple, l’homme politique François Asselineau.
L’annonce de cet accord entre le gouvernement ukrainien et BlackRock intervient également au moment où les pays européens accusent les États-Unis de profiter de cette guerre, à travers la vente d’armes et les exportations de gaz à des prix élevés.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.