Régionales : accords et désaccords à gauche, retrait au forceps en Paca
Duel RN/LR en Paca après le retrait sous pression du candidat écolo, accords et désaccords à gauche, appel de LR aux candidats LREM à se désister: les tractations en vue du second tour des régionales ont été intenses lundi, sur fond d'inquiétudes pour la participation après un premier tour déserté par deux électeurs sur trois.
Les discussions doivent s'étaler jusqu'à mardi à 18H00 pour négocier alliances, fusions ou retraits de listes en vue du second tour dimanche.
Dans la plupart des régions, les jeux sont faits. Ainsi en Paca, il y aura un duel entre le RN Thierry Mariani (36,38% au premier tour), et le sortant LR Renaud Muselier (31,91%). Après avoir affirmé qu'il se maintiendrait, l'écologiste Jean-Laurent Félizia (EELV/PS/PCF) qui avait recueilli 16,89%, a fini par renoncer sous une forte pression d'EELV et du PS.
"Je n'avais pas le droit de jouer avec le feu", a expliqué M. Félizia, en appelant à "battre Thierry Mariani et sa triste cohorte"
En Ile-de-France, l'écologiste Julien Bayou, arrivé deuxième, a annoncé l'union de sa liste avec celles d'Audrey Pulvar soutenue par le PS et de Clémentine Autain (LFI/PCF) pour tenter de battre la sortante Valérie Pécresse (ex-LR), largement en tête avec 35,94%.
Un accord a également été scellé en Centre-Val de Loire: le président sortant François Bonneau (PS), arrivé en tête (24,81%), a annoncé la fusion de sa liste PS-PCF avec celle EELV-LFI portée par Charles Fournier (10,85%). On se dirige donc vers une quadrangulaire avec le RN Aleksandar Nikolic (22,24%), la liste LR-UDI de Nicolas Forissier (18,82%) et celle du candidat de la majorité présidentielle, Marc Fesneau (16,65%), ces deux derniers ayant échoué à trouver un accord.
En Bourgogne-Franche-Comté, la présidente socialiste sortante Marie-Guite Dufay (26,52%) et l'écologiste Stéphanie Modde (10,34%) ont annoncé une fusion. LREM (11%) se maintient, ouvrant la voie là-aussi à une quadrangulaire qui mettra également en scène le RN Julien Odoul (23,19%) et le Républicain Gilles Platret (21,04%).
- Prime aux sortants -
En Nouvelle-Aquitaine, il n'y aura en revanche pas fusion entre la liste EELV (12,07%) et celle du président socialiste Alain Rousset (28,65%, en tête).
Idem en Occitanie voisine, où aucun accord n'a été trouvé entre la présidente sortante Carole Delga (PS), largement en tête avec près de 40% des voix, et l'écologiste Antoine Maurice. Pas d'union des gauches non plus en Normandie face au sortant et favori Hervé Morin (Les Centristes).
En Bretagne, la liste du sortant Loïg Chesnais-Girard (PS), est arrivée en tête dimanche avec 20,95% et le jeu reste très ouvert. La liste EELV, en 4e position avec 14,84%, a annoncé qu'elle se présenterait seule.
Le premier tour a connu une abstention historique, au-delà des 65%, conduisant le Premier ministre Jean Castex à lancer lundi "un appel solennel" à se rendre aux urnes dimanche.
Avec un tel niveau de désaveu, "il n'est pas évident" que le résultat "corresponde à une réalité du pays. C'est la part la plus légitimiste de l'électorat français, très souvent un électorat plus âgé que la moyenne", qui s'est déplacée, juge Stéphane Zumsteeg (Ipsos).
Le scrutin a de fait été marqué par une prime aux sortants - à la manœuvre pendant la crise sanitaire - qui permet à la droite d'espérer conserver ses sept régions et à la gauche ses cinq en France métropolitaine.
"Nous sommes, et de très loin, le premier parti de France", s'est félicité lundi le président de LR Christian Jacob, en fustigeant un "échec cuisant et cinglant" pour le RN et pour Emmanuel Macron "qui montre son incapacité à s'implanter dans les territoires".
- "Sursaut" -
Malgré la mobilisation de cinq ministres, la macronie a été éliminée dès le premier tour dans les Hauts-de-France, où Xavier Bertrand (ex-LR) est en très bonne posture pour conserver la région (41,39% des voix, contre 24,37% au RN Sébastien Chenu), un succès dont il compte faire une rampe de lancement pour 2022.
Même scénario pour le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR), à 43,79%.
La droite peut se réjouir de voir sortir en tête Jean Rottner (31,15%) dans le Grand Est, Christelle Morançais (34,29%) dans les Pays de la Loire et Hervé Morin (36,86%) en Normandie.
Pour le RN de Marine Le Pen, que les sondages annonçaient en tête dans plusieurs régions, la désillusion est sévère, il a perdu neuf points par rapport à 2015. Reconnaissant que ses électeurs ne s'étaient "pas déplacés", la candidate à l'Elysée les a appelés "au sursaut".
Enfin, en Corse, le président sortant, l'autonomiste Gilles Simeoni (29,19%), devra faire le plein des voix nationalistes pour battre la droite menée par le maire d'Ajaccio Laurent Marcangeli (24,86%).
Pour les départementales, un scrutin resté à l'ombre des régionales, la stabilité était attendue, avec une large majorité pour la droite, selon l'Assemblée des départements de France.
L'outre-mer a été marquée aussi par une très faible participation, sauf Mayotte (64%). En Guadeloupe, Ary Chalus (LREM), a raté de peu une réélection dès le 1er tour. La gauche part favorite en Guyane, Martinique, et la droite à la Réunion et à Mayotte.
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