Coupe du monde de football en 2022 : carton rouge pour la kafala !
En organisant la Coupe du Monde de football en 2022, le Qatar s’est aussi engagé à réformer en profondeur son droit du travail. Une réforme qui passera nécessairement par un changement d’habitudes.
Dès l’officialisation de l’organisation de la Coupe du Monde de Football 2022 par le Qatar (2010), les oppositions et les contestations se sont multipliées sur tous les fronts. Certains dénonçaient l’aberration écologique, d’autres la stupidité sportive, quand d’autres encore condamnaient sévèrement les conditions de travail des étrangers, qui devraient construire ces infrastructures titanesques. Au cœur de ces dernières attaques, le « droit » du travail au Qatar : la Kafala.
La kafala, un esclavagisme moderne ?
Comme dans les autres monarchies du Golfe, la kafala constituait alors le code du travail, jugé rétrograde, archaïque et dangereux par de nombreux observateurs. Agrégeant des coutumes, le plus souvent non écrites, la Kafala est souvent comparée à un « esclavage moderne ». Le travailleur étranger se voit ainsi privé de son passeport, et ne peut voyager ou se déplacer qu’avec l’accord de son employeur. Et s’il veut changer d’emploi, il doit là-encore obtenir l’autorisation de son employeur.
Ces dispositions, jugées d’un autre-temps par les observateurs internationaux, se doublent pour les travailleurs étrangers, venus préparer cette Coupe du Monde, de conditions de travail plus qu’éprouvantes.
La Kafala, un code du travail en pleine transformation au Qatar
Alors que le Qatar enregistrait plusieurs décès sur ces chantiers de la Coupe du Monde, l’émirat se voyait menacé d’une enquête sur le travail forcé. Pour ne pas connaitre un tel procès (médiatiquement néfaste), le Qatar a du accepté l’installation d’un bureau de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) à Doha en 2017. Et depuis, le pays n’a pas pu s’épargner d’une profonde réforme de son code du travail.
Depuis le 30 aout, les 2.5 millions de travailleurs étrangers du pays n’ont plus besoin officiellement de l’accord de leur entreprise pour pouvoir changer de travail. Et ils peuvent se déplacer librement. L’Emirat a donc mis fin à ces fondements les plus contestés de la kafala de manière officielle, même si dans les faits, les entreprises locales ont du mal à changer leurs habitudes ancestrales. La confiscation du passeport reste monnaie courante et il faudra une ambition politique forte pour réussir à faire évoluer la réalité des travailleurs qatari.
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