Des “dizaines de milliards de dollars” investis par Vanguard en Chine, notamment dans des sociétés militaires qui “menacent la sécurité des États-Unis"

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France-Soir
Publié le 18 octobre 2023 - 12:02
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Parmi les entreprises chinoises dans lesquelles a investi Vanguard, une soixantaine sont liées au complexe militaro-industriel, dont Avic, restreinte à l'exportation par décision du gouvernement américain.
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ECONOMIE - Des “dizaines de milliards de dollars” investis par Vanguard en Chine, notamment dans des sociétés militaires qui “menacent la sécurité des États-Unis"

Les investissements de Vanguard dans des sociétés militaires chinoises passent mal aux États-Unis. Selon le rapport d’une organisation américaine bipartite, le numéro 2 mondial de la gestion des actifs, après le tout-puissant BlackRock, a investi dans plus de 2 000 entreprises chinoises, dont une soixantaine de filiales du complexe militaro-industriel. Vanguard dit maintenir “les plus hauts niveaux de conformité avec toutes les lois applicables” mais la Coalition pour une Amérique prospère (CPA) estime que “la sécurité nationale” et “le bien-être économique des États-Unis devraient être la priorité”, dans un contexte marqué par de fortes tensions entre Washington et Pékin.

Tout comme son concurrent direct, BlackRock, Vanguard est un fonds d’investissements qui gère 7 200 milliards de dollars d’actifs pour un portefeuille de 30 millions de clients. Ces deux léviathans de la finance détiennent des parts dans les plus grandes sociétés du monde, comme les laboratoires pharmaceutiques (Pfizer dont il est le premier actionnaire, Jonhson & Jonhson, Moderna, AstraZeneca et Sanofi) ou les compagnies tech ou autres (Microsoft, Meta, Alphabet, Netflix, ExxonMobil...). Avec State Street, ces trois géants forment le “Big Three”, en détenant 80 % des encours d’ETF (Exchange Traded Funds - fonds négocié en bourse ou fonds coté en bourse) américains.

L’omniprésence de BlackRock et de Vanguard dans la majorité des plus grandes compagnies mondiales est telle que certains y voient un danger économique. Et le complexe militaro-industriel chinois, l’un des plus gros employeurs mondiaux du secteur, n’y échappe pas.

“Des dizaines de milliards de dollars” investis

Dans un rapport publié la semaine dernière, la Coalition pour une Amérique prospère (CPA), qui se définit comme une organisation bipartite représentant les intérêts des producteurs et des industriels américains, a dévoilé que Vanguard “agit comme un canal par lequel des investissements américains sont acheminés vers la Chine”. “Certaines de ces sociétés menacent clairement la sécurité nationale des États-Unis et les droits de l’homme”, lit-on.

Le CPA estime le montant des investissements à des “dizaines de milliards de dollars”, acheminés vers “plus de deux mille entreprises chinoises”. Parmi celles-ci, une soixantaine sont des filiales du complexe militaro-industriel chinois, dont certaines soumises aux restrictions à l'exportation imposées par le gouvernement des Etats-Unis, comme l’Aviation Industry Corporation of China (Avic) et l’Aero Engine Corporation of China. Vanguard détient aussi des participations dans huit entreprises chinoises sanctionnées par les États-Unis pour violation des droits de l’homme dans la région de Xinjiang, qui compte les minorités ouïghours. Des accusations “sans fondements” rejetées par Pékin.

Le géant de la finance, basé en Pennsylvanie, possède également des avoirs dans une vingtaine d’entreprises, considérées comme “utilisateurs militaires finaux” et qui se sont vues de ce fait refuser l’accès à la technologie américaine.

Comment Vanguard investit dans ces sociétés ? Grâce à ETF, un fonds indiciel négocié en bourse, qui cherche à suivre le plus fidèlement possible l'évolution d'un indice boursier. En 2016, le groupe américain a créé un indice de référence appelé FTSE Emerging markets all cap China a inclusion index (INDEXFTSE), pour susciter l’intérêt des entreprises asiatiques. Le fonds ETF de Vanguard, d'une valeur de 70 milliards de dollars, a ainsi investi dans des actions de classe A des sociétés chinoises côtées aux bourses de Shenzhen ou de Shanghai. Une action de classe A désigne une catégorie d’actifs offrant à ses détenteurs des avantages comme le droit de vote ou la priorité de dividende.

Appels à “fermer le robinet” des capitaux US vers la Chine

La CPA constate dans son rapport que le chiffre d'affaires mensuel généré par les actions A et les ETF s'élèvent à 350 milliards de dollars. Si BlackRock détient une large avance sur Vanguard en matière de détention d’encours sous gestion d’ETF américains, le numéro 2 mondial est devant son concurrent dans la détention d’actions A.

Les participations de Vanguard dans les filiales du complexe militaire chinois ont suscité de vives critiques de la part des représentants. Mike Gallagher, président républicain de la commission sur la Chine, estime que le Congrès “doit fermer le robinet des capitaux américains affluant vers Pékin”. “Les Américains ne veulent pas d’entreprises comme Vanguard et investir leurs épargnes de retraite dans des entreprises du Parti communiste chinois”, a-t-il déclaré.

La même commission a accusé en août BlackRock de “faciliter les investissements qui aident l’armée chinoise”. Si le CPA ne reproche à Vanguard aucune activité illégale, l’organisation estime que “la sécurité nationale, les valeurs fondamentales, la protection des investisseurs et le bien-être économique des États-Unis devraient toujours avoir la priorité sur les profits à court terme”.

Le fonds d’investissement s’est défendu en affirmant maintenir “les plus hauts niveaux de conformité avec toutes les lois et réglementations applicables”. "En tant que l’un des nombreux gestionnaires d’actifs internationaux, les investissements de nos clients en Chine se font principalement par le biais de produits indiciels passifs basés aux États-unis”, a ajouté Vanguard.

Depuis son arrivée aux affaires, l’administration Biden a multiplié les sanctions contre Pékin, rival économique, militaire et technologique de Washington. Une de ses premières mesures interdisait aux Américains d’investir dans les actions de sociétés chinoises de défense et de surveillance. En août, le président Joe Biden a publié un décret restreignant certains investissements dans les secteurs chinois de l’informatique quantique, des semi-conducteurs avancés et de l’intelligence artificielle.

En réaction aux multiples vagues de sanctions américaines, la Chine a imposé des restrictions sur les exportations de deux métaux (gallium et germanium), dont elle est le principal producteur mondial et qui sont indispensables pour la fabrication de semi-conducteurs.

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