BlackRock, Vanguard... Ces léviathans de la finance qui "contrôlent le monde"

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France-Soir
Publié le 26 juin 2023 - 08:45
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BlackRock
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Photo par SPENCER PLATT / Getty Images via AFP)
Le PDG de BlackRock, Larry Fink, lors d'un forum organisé à l'occasion de l'ouverture de la Clinton Global Initiative (CGI), le 19 septembre 2022, à New York.
Photo par SPENCER PLATT / Getty Images via AFP)

FINANCE - Après une chute à 25 100 dollars le 15 juin dernier, le Bitcoin (1) a repris une courbe ascendante pour se maintenir, jusqu'à ce lundi 26 juin (8 heures), par-dessus la barre symbolique des 30 000 dollars. Une envolée motivée par l’intérêt de plusieurs établissements financiers pour la reine des crypto-monnaies, dont un en particulier, le tout-puissant BlackRock. Numéro 1 mondial de la gestion des actifs avec un portefeuille de 10 000 milliards de dollars, ce groupe américain s’intéresse désormais à la cryptomonnaie pour se diversifier davantage, à l’opposé de son concurrent direct, Vanguard. Quelle est l’ampleur des activités de ces deux géants de la finance ? Quels sont leurs produits, quels sont leurs moyens ? Sont-ils réellement les plus puissants au monde ?

BlackRock est un gestionnaire d’actifs qui réalise des investissements sur les marchés financiers pour le compte de ses clients. Créée en 1988 par Larry Fink, la société est actuellement le leader mondial de son activité, avec 10 000 milliards de dollars confiés par ses clients. Il s’agit également du premier actionnaire mondial, puisque BlackRock s’est exprimé en 2019 sur près de 159 000 résolutions (2), votant à plus de 17 000 assemblées générales (AG). Le gestionnaire d’actifs, présent dans 35 pays avec 18 400 employés, est actionnaire dans plusieurs sociétés, y compris les géants de la tech comme Google-Alphabet, Amazon, Meta, Apple, Microsoft (GAMAM). BlackRock est également actionnaire dans 18 sociétés françaises du CAC40 et détient une part de 2,1% de l’indice boursier.

"Acheter des politiciens" et "contrôler le monde"

Après une année 2022 tourmentée, BlackRock, dont le chiffre d’affaires a baissé de 14% et dont les actifs sous gestion ont chuté de 16%, s’est repris pour (re)dépasser la barre des 10 000 milliards de dollars d’actifs confiés. Un portefeuille astronomique et un pouvoir de gouvernance dans les AG qui dote BlackRock d’une réelle influence mondiale, tant sur les entreprises que sur les politiciens.

Comment ce gestionnaire d’actifs étend son activité et son influence malgré des conjonctures défavorables ? Serge Varlay en a dit davantage à OMG, média créé par James O'Keefe, fondateur de Project Veritas.

Celui qui se présente comme recruteur chez BlackRock explique comment le groupe de Larry Fink tire profit des événements, comment ses investissements sont diversifiés pour réduire les risques de perte, multiplier les profits pour, à terme, “acheter des politiciens” et “contrôler le monde”.

“Les fonds spéculatifs, BlackRock, les banques... ces types dirigent le monde (...). Toutes ces institutions financières achètent des politiciens”, a-t-il déclaré. Serge Varlay explique pourquoi BlackRock maintient un rendement positif de ses activités. “Quand vous acquérez des actions et vous les diversifiez, à un certain point, votre niveau de risque est très faible. Si vous avez investi dans 10 industries différentes, de l'alimentation à la technologie, et l'une d'entre elles chute, vous avez 9 autres pour vous soutenir”, explique-t-il. “Vous possédez un peu de tout et ceci vous donne tellement d'argent (...) que vous pouvez ensuite acheter des gens”.

Le recruteur chez BlackRock cite comme exemple le cas des sénateurs. “Ces gars-là sont bon marché. Vous avez 10 000 dollars ? Vous pouvez acheter un sénateur”, affirme-t-il.

Si le gestionnaire d’actifs a subi une perte de vitesse en 2022, la guerre en Ukraine semble, au contraire, lui permettre de se reprendre. Du moins, selon son employé. “La guerre en Ukraine est très bonne pour le business. Exemple: la Russie fait exploser des silos de grains. Le prix du blé va augmenter (...) Ceci est fantastique pour une société qui fait du trading". Serge Varlay affirme même que chez BlackRock, “nous ne voulons pas que le conflit se termine en tant que pays. Plus cela dure, plus la Russie est faible”, dit-il.

Une position qui peut avoir un lien avec un protocole d'accord signé le 10 novembre 2022 entre le gouvernement ukrainien et le gestionnaire, dont le but est d'attirer des capitaux privés. 

Un "danger" économique

Bien que BlackRock ne “veut pas faire la Une des journaux et que l’on parle d’eux”, le groupe est beaucoup plus médiatisé que son concurrent direct, Vanguard, qui gère 7 200 milliards USD (dollar américain) d’actifs. Ce fonds d’investissements, lui-même actionnaire de BlackRock, agit différemment et joue le rôle d’intermédiaire pour plus de 30 millions de clients.

Ce sont ces derniers qui détiennent des parts dans les plus grandes sociétés du monde, comme les laboratoires pharmaceutiques (Pfizer dont il est le premier actionnaire, Jonhson & Jonhson, Moderna, AstraZeneca et Sanofi) ou les compagnies tech ou autres (Microsoft, Meta, Alphabet, Netflix, ExxonMobil ...). Les investissements menés par Vanguard au profit de ses clients en font également le premier actionnaire dans des compagnies GAMAM comme Apple et Amazon.

La concurrence entre les deux entreprises se fait aussi sur le marché des ETF (Exchange Traded Funds - Fonds négocié en bourse ou Fonds coté en bourse). Il s’agit de leur produit financier phare, qui permet l’achat de la valeur des indices boursiers plutôt qu’une action (3).

Vanguard, BlackRock ou même State Street en sont les principaux émetteurs et constituent le “Big Three”. Plus de 80% de ces encours d’ETF américains sont logés chez ces trois sociétés, avec une large avance pour le groupe de Larry Fink et sa filiale iShares, qui commercialise aussi sa plateforme de gestion de risque Aladdin et qui souhaite lancer un ETF bitcoin. La combinaison de leurs actifs gérés atteint 22 000 milliards de dollars et équivaut à plus de la moitié de la valeur combinée de toutes les actions des sociétés du “S&P 500”, indice boursier basé sur 500 grandes entreprises cotées aux États-Unis.

Un monopole qui représente aux yeux de certains un “danger” économique mondial. Comme le démontrent les nombreuses résolutions sur lesquelles s’exprime BlackRock, les trois gestionnaires d’actifs peuvent influencer les entreprises dont elles détiennent des parts, dans leur politique de gestion et autres orientations et prises de décisions stratégiques (4).

La présence de ces mêmes sociétés finirait, craint-on, par réduire le choix des consommateurs et impliquerait une hausse des prix, la baisse des salaires et des emplois. Le même phénomène est redouté en bourse avec les ETF, considérés comme étant la “principale source d’instabilité financière”, puisque ces géants, avec leurs achats massifs, peuvent dicter les cours.

Une puissance qui se manifeste également à travers le lobbying de la part des deux compagnies, aux États-Unis comme en Europe, notamment sur les questions climatiques. Leurs actionnaires ont maintes fois appelé à plus de transparence dans les dépenses de propositions d'intérêt.

Notes : 

(1) Le Bitcoin (BTC) est une cryptomonnaie créée en 2008 dont le but est de créer un système décentralisé afin d'échanger de la valeur monétaire sans devoir rendre compte aux institutions financières.

(2) Décisions prise lors des Assemblées Générales en entreprise, qui peuvent porter sur le montant du dividence ou des opérations sur le capital, soumises au vote des actionnaires.

(3) Un fonds coté en bourse est un fonds de placement en valeurs mobilières qui a la même composition qu’un indice boursier. Ses parts peuvent être négociées en bourse, comme des actions.

(4) Y compris avec des interventions dans le cadre de négociation de rachat de ces entreprises. BlackRock est alors actionnaire, même de façon minimale, au sein des entreprises concernées, dont celle qui achète.

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