Malgré une inflation française à la hausse en août et parmi les plus élevées d'Europe, Bruno Lemaire défend ses mesures
POUVOIR D'ACHAT - L’inflation repart à la hausse en France. En recul depuis mars, les prix à la consommation ont augmenté en août de 1% sur un mois (contre 0,1% en juillet) et de 4,8% sur un an (contre 4,3% en juillet), selon les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). La hausse des prix à la consommation est encore plus élevée si l’on se réfère à la norme européenne, avec 1,1% sur un mois et 5,7% sur un an. L’inflation française est désormais l’une des plus élevées de la zone euro avec celle du voisin allemand.
Après avoir baissé pendant trois mois consécutifs entre avril (5,9%) et juillet (4,3%), l’inflation est repartie à la hausse durant le mois écoulé. "Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois, les prix à la consommation augmenteraient de 4,8% en août 2023", écrit l’Insee. Cette hausse serait due au rebond des prix de l’énergie, provoqué par la hausse des prix des produits pétroliers et l’augmentation des tarifs d’électricité le 1er août dernier, après la levée partielle du bouclier tarifaire. Les résultats provisoires de l’Insee misent aussi sur une hausse des prix manufacturés - tirés vers le haut par la fin des soldes d’été - et ceux des produits frais.
Le Maire veut "accélérer la lutte contre l’inflation"
Parmi les indices des prix à la consommation, celui de l’inflation alimentaire est le plus élevé. Celle-ci a augmenté de 11,1% sur un an en août, à un rythme toujours aussi sensible bien qu’il soit inférieur à celui de juillet (12,7%).
Bruno Le Maire a réagi aux derniers chiffres de l’Insee. Dimanche 3 septembre, le ministre de l’Économie dit avoir "tenu parole" et respecté son "engagement" à faire baisser les prix alimentaires. "Les prix d'un certain nombre de produits ont baissé. Y en a pas beaucoup, c'est vrai. Mais cela a commencé pour les pâtes, pour les huiles et les produits de volailles...", se défend-il. Il a nuancé ce nouveau rebond de l’inflation, affirmant que les tarifs "n’augmenteront plus dans les mêmes proportions" qu’en 2022.
Invité sur le plateau de BFMTV, il a annoncé une "accélération de la lutte contre l’inflation" pour "stopper définitivement la spirale inflationniste". Une série de mesures a été annoncée ces derniers jours dans ce sens. Il a fait savoir jeudi 31 août que le prix de 5.000 références en magasins baisserait ou, du moins, "n'augmenterait pas", grâce aux distributeurs "qui ont joué le jeu". Les négociations entre ces derniers et les industriels pour l’année 2024, qui débutent habituellement en décembre, ont également été anticipées pour se conclure "au début de l'année" prochaine.
Le dernier épisode des négociations qui s’est déroulé durant un "mars rouge" n’a pas obtenu les résultats escomptés, à savoir une baisse significative des prix en rayons. Le gouvernement, qui a promis "un septembre vert", a ainsi appelé les différentes parties à se remettre autour de la table pour revoir les tarifs. Ce dimanche, le ministre de l’Économie s’est montré très optimiste, affirmant : "Nos compatriotes doivent constater la semaine prochaine que ça arrête de flamber sur leurs tickets de caisse" et ce, "grâce au blocage des prix sur 5.000 références" que les Français constateront "tout de suite".
L’inflation française parmi les plus élevées en Europe
Si le gouvernement doit "accélérer la lutte contre l'inflation", c’est en raison d’un ralentissement "encore trop faible et trop pénalisant". L’intervention de Le Maire sur BFMTV intervient peu après la publication, par l’agence européenne chargée des statistiques (Eurostat) des chiffres liés à l’inflation dans la zone euro. Les données confirment que le recul de l’inflation en France est le moins rapide en comparaison de celui de ses plus proches voisins.
Par rapport à août 2022, les prix à la consommation en France n’ont reculé que de 0,9% (passant de 6,6% à 5,7%) tandis que ceux de l’Espagne (10,5% en 2022) et de l’Italie (9,1% en 2022) ont respectivement reculé de 8 points (à 2,4%) et 3,6 points (à 5,5%). L’inflation alimentaire française est également plus élevée selon Eurostat, atteignant le mois écoulé 13,2% contre 12,4% dans le reste de l'Europe.
Longtemps présentée comme la plus faible dans le continent, l'inflation française est cette fois-ci l’une des plus élevées après celles de l’Allemagne ou de l’Autriche. La France, en dixième position dans l’Union européenne durant le mois de juillet, est désormais le sixième pays le plus touché avec un taux de 5,7% sur un an, derrière la Slovaquie (+9,6%), la Croatie (+8,5%), l’Autriche (+7,6%), l’Allemagne et la Lituanie (+6,4%) ainsi que la Slovénie (+6,1%). Le taux d’inflation dans la zone euro est resté stable à 5,3%, précise EuroStat.
Si Bruno Le Maire se montre très confiant sur le plateau de BFMTV, les distributeurs persistent: "Il n'y aura pas de septembre vert". Cette fois-ci, c’est le président du Groupement Les Mousquetaires (Intermarché), Thierry Cotillard, qui l’a affirmé dimanche 3 septembre. Le ministre de l’Économie souhaite une baisse des prix mais les grandes marques de distribution, explique M. Cotillard, demandent une révision de la loi afin de permettre des renégociations plus nombreuses et plus régulières avec les industriels, constamment accusés de ne pas sacrifier leurs marges.
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